dimanche 22 mai 2016

Saint-Dizier l' Évêque; Un martyr et une pierre des fous .

Au cœur de l'actuel Territoire de Belfort à proximité de la frontière suisse la modeste église de Saint-Dizier possède encore quelques modestes traces de son passé roman en dépit de l'enlaidissement de sa façade et la reconstruction d'une église en style néo-gothique au XVIIIe siècle. Elle conserve cependant les bases de son clocher d'origine, l’ordonnance du vaisseau basilical roman un chevet pentagonal et une absidiole romane dissymétrique et de quelques chapiteaux cubiques fortement influencé par l'art alsacien





Mais son trésor le plus remarquable est les restes d'un mausolée octogonal dont on découvrit les fondations à la fin du XIXe dédiés aux Saints Dizier et Regenfrid, comprenant un sarcophage et un cénotaphe un loculus et des autels gallo-romains qui sont parmi les plus beaux exemples de la sculpture du Haut Moyen-Age dans la région.



La charte de donation de l'église à l'abbaye alsacienne de Murbach entre 735 et 737 évoque la légende du lieu qui veut qu'à l'origine existait une chapelle dédiée à Saint-Martin. Un évêque Dizier et son diacre y célébrèrent la messe en 670 et furent peu après leur départ assassinés par des brigands . Avant de mourir l’évêque aurait pu guérir un serviteur d'une blessure à la tête et manifester d’être inhumé dans ce lieu .

Le village devint très vite un lieu de culte très fréquenté et ce pendant tout le Moyen-Âge ce dont atteste la présence du cénotaphe dit "pierre des fous" en raison d'une ouverture pratiquée dans son socle où l'on faisait passer les aliénés en vue de leur guérison; et qui n'est pas sans rappeler le célèbre débredinoire de Saint-Menoux dans le Bourbonnais.

L'on peu encore admirer la force et l'habileté du sculpteur du sarcophage recouvert de feuilles enroulées et de coquillages et d'une croix entre deux arches à son extrémité.


Le cénotaphe est lui décoré d'un habile entrelacs de rinceaux sur l'une de ses faces et sur l'autre d'un décor géométrique de losanges et d'arcatures entre lesquels s'insinuent des vaguelettes et des feuillages et qui feraient presque penser à une toiture réinventée et qui témoigne de l'habileté du sculpteur du VIIIe siècle qui entreprit cette oeuvre émouvante et remarquable.



 On mentionnera que cette oeuvre autrefois située dans le chœur de l’église fut cependant " raccourcit" par un curé au XIXe qui la trouvait trop grande et empêchait le passage des fidèles...Il n'est pas inutile de souligner que nombre d'églises subirent ce genre d'outrages bien après la Révolution du fait même de leur plus "fidèles" et ignorants serviteurs .

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire