mercredi 5 octobre 2016

Sainte-Marie d'Ottmarsheim, une réplique de la Chapelle Palatine ou un temple païen ?


C'est sans doute son plan architectural original qui donne à l'octogone d'Ottmarsheim une faveur particulière et ce depuis longtemps . Dés la Renaissance en effet certains lettrés y voient le temple du Dieu Mars et cet édifice sera au centre de nombreuses polémiques et on doit aussi le dire de fantasmes jusqu'à la Révolution où ils sera dessiné, décrit, raconté par de nombreux auteurs avant son abandon quasi complet.
Alors qu'il menace ruine c'est à Prosper Mérimée que l'on doit sa sauvegarde et aussi son immense succès au point d'illustrer quasiment tous les livres généralistes sur l'architecture romane.

La fondation du monastère est l'oeuvre du puissant comte Rodolphe d'Altenbourg qui le dédie à Sainte-Marie et à une congrégation de religieuse de l'ordre de Saint-Benoit.L'édifice est construit au début du XI eme siècle en 1030. les parties les plus anciennes sont des années 1030-1049 avec de nombreux ajouts et reconstructions jusqu'au XVI eme siècle mais qui fort heureusement ne remettront jamais en cause l'harmonie de ses proportions et de son apparence. Cette fondation princière sera au cœur des querelles entre le Saint-Empire et la Papauté depuis qu'en 1049 le pape Léon IX accordera aux moniales la protection du Saint-Siège contre redevance.

Situé au passage d'une route capitale à proximité du Rhin entre le Sundgau; les terres d'empire et la métropole de Bâle et les terres d'Alsace, le monastère sera aussi point de péage qui lui vaudront prospérité et convoitises mais aussi de nombreuses atteintes au cours des multiples conflits qui agiteront la région jusqu'au XV eme siècle.

La visite de l'église prend un sens particulier lorsque l'on traverse la vaste foret des bords du grand fleuve pour découvrir les contours symétrique de l'octogone dont la haute tour se détache des toiture du village. Le tambour de la coupole est coiffé d'un toit en pavillon qui se dégage de la ceinture octogonale du déambulatoire de la tribune.
L'harmonie de l'ensemble est frappante en dépit des adjonctions postérieures et c'est le tambour octogonal qui est le mieux conservé.


Ses faces sont percées de petite fenêtres en plein cintre avec des arceaux en petits reliefs la toiture et le clocher ont été davantage modifiés. La maçonnerie est irrégulière et laisse deviner plusieurs étapes de construction.

On pénètre dans l'église par un porche sombre pour découvrir l'octogone  sous une large coupole qui donne une forte impression de fluidité de l'espace et de répartition équilibrée des masses et des volumes associé à la sobriété du détail qui inspirent la puissance et l'harmonie. La rotonde communique avec les galeries circulaire qui l'entourent sur deux niveaux par des arcades basses . Le plan parait simple avec ses deux octogones concentriques prolongés par un modeste chœur carré . Les hautes fenêtres supérieures sont essentielles à l'harmonie et la luminosité de l'ensemble . Chacune est subdivisée dans le bas par des colonnes en trois arcades et au-dessus d'autres colonnes recoupent le tympan évidé. . Les fûts fortement galbés des colonnes supportent des chapiteaux cubiques sans décoration. L'ensemble peut clairement être attribué au XI eme siècle.




C'est l'historien de l'art Jacob Burckhard , qui le premier, à reconnu dans cette église le modèle de la chapelle Palatine d'Aix-la-Chapelle qui inspira tant de copie entre Rhin et Moselle. Mais le plan de cette église est unique en Alsace.Cette proximité de style  est frappante par le choix du plan et du voûtement mais semble avoir été simplifié elle marque une fois de plus la fascination qu’exerçait sur les bâtisseurs et les fidèles et sur les visiteurs de tous les temps les édifices de plan circulaire inspirés du premier temple voulu par Constantin sur l'emplacement du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Je ne peux m’empêcher ici de partager ce qu'en écrivait les éditions du zodiaque dans le volume consacré à l'Alsace romane;
"Le plan circulaire ou carré satisfait l'esprit , car il évite la dispersion. Il ramène les détails à l'unique point de convergence de l'ensemble".
Je rajouterait que l’édifice permet aussi tous les fidèles à la liturgie sans distinction de rang ou d'appartenance, il rapproche de l'autel et donc du chœur du mystère. Ainsi d'un certain coté la magnificence du plan loin d’éloigner, rassemble et élève dans un curieux sentiment de paix et de grandeur et ce quelque-soient ses convictions.


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