samedi 30 août 2025

Enigmes et curiosités; la pierre gravée de saint André de Mitrois

 



Avec ce billet, j'inaugure une série d'articles sur ces découvertes qui jalonnent le chemin du visiteur que je suis. Il s'agit énigmes ou de curiosités qui ne seront pas limitées aux œuvres romanes des Xe au XIIe siècle mais élargies aux siècles précédents que les universitaires qualifient de premier art médiéval. Soit pour cette terminologie, d'un art que l'on a peine à catégoriser ; ce qui me plaît aussi. J'aurais aussi pu parler des mystères de l'art roman, mais je n'ai pas voulu prêter le flanc a des critiques déjà nombreuses, moi, qui ne suis pas du sérail.

 

Qu'est-ce finalement qu'une énigme ? Pour moi, un objet ou une sculpture ou un monument dont on ne peut expliquer clairement ni la signification, ni l'origine ou alors qui a connu un parcours étonnant ou insolite. C'est le sujet de ces petites chroniques.

Dans la continuité de mon voyage sur la rive droite du Rhône c'est par l'Ardèche que je commence. Au pied de l'escalier qui mène à la chapelle Saint-André de Mitrois (voir article précédent), se trouve scellé dans le mur d'un escalier, une pierre aux élégants et intrigants motifs.  On pense à un réemploi, fréquent dans les églises romanes. Mais pour que cette pierre soit un réemploi il faudrait qu'elle soit intégrée à la maçonnerie de l'église ce qui n'est pas le cas. Elle a été placée dans les marches d'un escalier créé au XIXe siècle après le remaniement du cimetière.

La pierre se trouve scellée dans la position de cette image. Elle a vraisemblablement été cassée, car ses bords sont irréguliers. Elle appartenait peut-être à un ensemble plus grand, par exemple un sarcophage car la chapelle était à l'origine au milieu d'un cimetière aujourd'hui disparu.

La chapelle actuelle est datée du XIe et du XIIe siècle, il existait dès le VIe siècle une première construction, il est crédible de penser à la présence de sarcophages Mérovingiens ou Carolingiens sur ce site.

La pierre présente deux dessins assez différents qui semblent avoir été gravés d'une même main. On distingue en effet une continuité du trait entre une fleur gravée dans un cercle et un autre dessin plus complexe et moins lisible. Il n'y a aucune rupture entre les deux motifs dont les lignes se rejoignent, mais une partie est peut-être manquante.



La fleur à six pétales est inscrite dans un double cercle, l'un lisse et l'autre cordé. Son dessin est précis et soigné, manifestement maitrisé. Cette représentation est courante en particulier au cours des périodes de la première datation de la chapelle, c'est à dire avant le Xe siècle. On le retrouve aussi dans les décorations datant de la période Byzantine. On y voit une marguerite ou une croix solaire, symbole de vie éternelle de perfection divine. Certains y verront aussi un symbole solaire d'inspiration celtique.

On trouve encore des motifs similaires dans la région, comme par exemple sur le fragment d'une table d'autel de Soyons ou aux chapiteaux de la modeste mais charmante église de Sauveplantade. Plus éloignés, mais évocateurs on peut retrouver ces décorations sur de nombreux sarcophages exposés au musée de Périgueux. Non loin encore dans la remarquable crypte e Cruas les pleurs dans les cercles abondent se transformant parfois en spirales. Ce motif a perduré bien au delà des premiers siècles chrétiens et bien loin de la Méditerranée ainsi au linteau de l'église de Letton en Angleterre. 

Sauveplantade
Autel de Soyons



Musée de Pérrigueux





Letton


Crypte de Cruas



L'autre partie du dessin est plus complexe à interpréter. Les excellent auteurs du site consacré aux monuments de l'Ardèche que je joint en liens croient reconnaitre dans l'enchevêtrement de lignes et de courbes la forme d'un crâne et d'un squelette ou encore des représentations humaines et animales stylisées.







 




L'autrice du site "Lieux sacrés" que vous trouverez aussi en lien, pense qu'il pourrait s'agir d'une sculpture mithriaque en raison de la présence de lieux de culte proches voués à cette divinité comme à Bourg-Saint-Andéol. Toutes hypothèses séduisantes mais hélas sans source fiable. La présence de fragments de pigments rouges et ocres ajoute à l'étonnement.

Je propose quelques images élargies de cette partie de la gravure qui éveilleront je l'espère la curiosité et l’intérêt ; et aussi deux liens vers les sites pour une recherche plus approfondie sans m'aventurer dans davantage de conjectures.


https://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2007/02/28/4162323.html

https://www.patrimoine-ardeche.com/visites/st_montan_mitroys.htm



dimanche 23 juin 2024

Saint-André de Mitrois en Ardèche.


Il faut regarder une carte en relief pour comprendre la situation privilégiée de Saint-Montan sans doute depuis que l'humanité s'est installée dans cette région. Le Rhône semble suivre un cours plus irrégulier et former des îlots fertiles entre lui et les collines pierreuses et arides des montagnes ardéchoises. Les plus anciennes populations d'Europe se sont installées successivement sur ce territoire comme en témoigne la grotte Chauvet située non loin, et les innombrables vestiges néolithiques puis gaulois et enfin romains.

C'est sans doute à cette implantation romaine que l'on doit l'actuel vocable de la chapelle dédiée à Saint-André de Mitroys ou Mithroys ou encore de Mitrois (Mitresium). Ce vocable original aurait pour origine la vénération du dieu Mithra très en vogue en particulier parmi les vétérans des armées romaines auxquels il était d'usage de distribuer des terres  De là à penser que ce Dieu était vénéré particulièrement dans cette région, il n'y qu'un pas à franchir ; ce qu'attestent de nombreux vocables locaux, mais aussi des témoignages archéologiques comme une sculpture de Mithra bien visible, non loin de là, à Bourg-Saint-Andéol près d'une source sacrée.

La présence d'un temple chrétien sur un ancien lieu de culte Mithriaque n'est pas une exception ici et est attestée dans nombreux autres lieux sacrés. Sans prendre le temps de développer ce qui a fait l'objet d'importantes études et d'ouvrages, il semble qu'il y ait eu dès les premiers temps  de la chrétienté, une relation d'amour haine entre les deux religions. Avec quelques points communs comme, leur origine orientale ou la vénération d'un dieu unique. Mais aussi beaucoup de différences.

Ce qui est évoqué, est aussi une destruction systématique et méticuleuse des lieux et des signes de ce culte par les premiers chrétiens et la construction d'églises comme des boucliers sur les anciens sanctuaires.

Cette question reste encore débattue bien sûr comme beaucoup de choses en archéologie et je vous donnerai quelques liens pour poursuivre la réflexion. Une fois de plus, la nouvelle religion s'installe sur un ancien lieu de culte et se l'approprie.

La première mention de l'église Saint-André apparait sur un document de donation au profit de l'évêque de Viviers, sous la dépendance de laquelle elle restera. Il apparaît que l'église avait une réelle importance. Ce que l'on voit à l'apparence l'apparence d'une chapelle ; mais était en réalité une véritable église paroissiale en particulier après la réunion du lieu avec Saint-Montan.

Si elle semble échapper aux destructions des guerres er de la Révolution elle sera peu à peu désaffectée au profit de l'actuelle église du village jusqu'à tomber dans l'oubli envahi par le lierre et la végétation et devra dans les années soixante dix  grâce à l'association des amis de Saint-Montan et à la Société de Sauvegarde, sa résurrection.




L'édifice actuel est implanté auprès d'un ancien cimetière, séduit par son charme et son équilibre. Il est formé d'une nef unique à trois travées fermées par une abside semi-circulaire en cul-de-four.

L'église serait essentiellement du XIIe, mais certaines parties du XIe siècle se distinguent par la nette différence de l'appareillage en partie basse des murs et en élévation. Les contreforts ; eux ont été ajoutés au XVIIe ainsi que le clocher



On est surpris du faible nombre d'ouvertures et en particulier au niveau de l'abside, où seul une ouverture apparaît, à moins que d'autres aient été bouchés. Une autre fenêtre se trouve dans la nef. Toutes deux sont vraisemblablement du XIIe ; une troisième ouverture en forme de meurtrière au début de la nef pourrait être du XIe. Enfin, dans l'axe de la nef et au niveau du mur diaphragme il y a une autre ouverture en forme de croix.




Fait notable, aucune ouverture n'apparaît dans le mur nord, où pousse une végétation de rocaille.



L'église était fermée et, en dépit de trois tentatives de visites, je ne désespère toujours pas de la découvrir entièrement. Elle devait cependant me réserver une surprise que je n'avais pas remarqué auparavant. Ce qui me conforte dans l'idée qu'il faut souvent revenir sur ses pas pour approfondir sa visite, mais aussi s'enrichir de la beauté de l'instant.

dimanche 19 mars 2023

L'abbaye d'Hexham une beauté gothique aux vénérables origines.


 Ma route me conduit enfin à Hexham, la plus grande ville historique du centre du Northumberland et située à la fois à proximité du mur d'Hadrien et de la Tyne.

On imagine mal aujourd'hui l'importance de cette ville, au point que l'un des plus grand saint du haut Moyen Age Anglais y installera une fondation d'importance qui sera un temps un siège épiscopal.

Saint Wilfrid avec l'aide du roi Oswiu de Northumbrie va en effet installer ici, une église entre les années 674 et 678, église qui est aujourd'hui dédiée à saint Andrews. C'est ainsi une des plus anciennes fondations chrétiennes d'Angleterre qui démontre ce qui n'est pas sans intérêt que la christianisation de l'Angleterre à commencer par le nord et l'ouest pour ensuite glisser jusqu'au sud.

Autre fait d'importance, Hexham démontre la prééminence de la règle Bénédictine et Romaine sur toutes les autres formes de christianisation. En effet avec le concile de Withby Saint Wilfrid impose la règle romaine. Il faut se rappeler que les premiers chrétiens d'Angleterre étaient loin d'être unis ou du moins avaient des conceptions très diverses du culte. C'est cette diversité que combattait l'Eglise Romaine et qui s'impose à Withby avec Saint Wilfrid.

Malgré cet ancien passé il ne reste que peu de chose d'immédiatement visible de cette époque; sauf peut-être l'ancienne porte de l'abbaye romane qui date vraisemblablement du XIIe.



L'église est pour le reste essentiellement gothique , d'un bel et homogène architecture gothique anglaise inspirée par la cathédrale de Noyon.



On y admirera de cette époque, de nombreux éléments forts remarquables, comme les stalles de bois peint et le lutrin du chœur que je n'ai pu m'empêcher de partager ici ils datent du XVe.



Au nord du chœur, séparant une chapelle on peut aussi découvrir un curieux monument qui forme comme un mur mais constitué d'éléments sculptés hétérogènes. c'est comme si des pierres d'époques variées avaient été assemblées pour former un mur de clôture de cette chapelle.



Certains de ces éléments pourraient être romans et provenir de l'église fondée par les Normands dont ils ne restent que peu de traces sauf le plan de l'église actuelle; D'autres éléments sont nettement gothiques, comme une curieuse pietà et un singe musicien.




Les sculptures de la partie basse forment  des tableaux savoureux et humoristiques propres à l'esprit sarcastique du Moyen Age. On y reconnait des musiciens comme un joueur de harpe et de cornemuse qui on peu leur place à l'intérieur d'une église tant les musiciens étaient mal considérés à cette époque.





Un curieux personnage accroupi, les jambes écartées qui semble exhiber son sexe et entre les jambes duquel apparaît une tête démoniaque. Peut-être une forme de représentation de Sheela na gig que l'on retrouve dans un certain nombre d'églises Anglo-saxonnes.


Une autre sculpture représente un renard enseignant aux oies, une critique à peine voilée de la concupiscence des représentants de l'Eglise, car à la fin ce ne sont pas les oies qui l'emportent. Mais vous le découvrirez, il y a bien d'autres surprises qui nous attendent dans cette belle abbaye.


Google translate:


My way finally takes me to Hexham, the largest historic town in central Northumberland and located near both Hadrian's Wall and the River Tyne.It is difficult to imagine today the importance of this city, to the point that one of the greatest saints of the early English Middle Ages will install an important foundation there which will be for a time an episcopal see.Saint Wilfrid with the help of King Oswiu of Northumbria will indeed install a church here between the years 674 and 678, a church which is now dedicated to Saint Andrews. It is thus one of the oldest Christian foundations in England which demonstrates what is not without interest that the Christianization of England starting with the north and the west and then sliding to the south.Another important fact, Hexham demonstrates the pre-eminence of Benedictine and Roman rule over all other forms of Christianization. Indeed with the council of Withby Saint Wilfrid imposes the Roman rule. It must be remembered that the early Christians of England were far from united or at least had very diverse conceptions of worship. It is this diversity that the Roman Church was fighting and which imposed itself on Withby with Saint Wilfrid.Despite this ancient past, there is little that is immediately visible from this period; except perhaps the old door of the Romanesque abbey which probably dates from the 12th century.The church is for the rest essentially Gothic, of a beautiful and homogeneous English Gothic architecture inspired by the cathedral of Noyon.You can admire many remarkable elements from this period, such as the painted wooden stalls and the choir lectern, which I couldn't help but share here. They date from the 15th century.

To the north of the choir and separating a chapel, one can also discover a curious monument which forms like a wall but consists of heterogeneous sculpted elements. it is as if stones from various periods had been assembled to form a wall enclosing this chapel.Some of these elements could be Romanesque and come from the church founded by the Normans of which only a few traces remain except the plan of the current church; Other elements are distinctly Gothic, such as a curious pietà and a musical monkey.The sculptures of the lower part form tasty and humorous pictures specific to the sarcastic spirit of the Middle Ages. We recognize musicians there, such as a harp and bagpipe player who could not find their place inside a church, as musicians were poorly considered at that time.A curious squatting character, legs apart who seems to show off his penis and between whose legs appears a demonic head. Possibly a form of representation of Sheela na gig found in a number of Anglo-Saxon churches.Another sculpture depicts a fox teaching the geese, a thinly veiled criticism of the concupiscence of Church officials, for in the end it is not the geese that prevail. But you will find out, there are many other surprises waiting for us in this beautiful abbey.

lundi 13 février 2023

St Michael and All Angels de Warden.

 


Le petit village de Warden est situé à quelques kilomètres de Hexham à proximité du mur d'Hadrien et conserve une petite église d'origine saxonne avec quelques témoignages intéressants de cette époque.

L'église serait une fondation du VIIIe siècle, un oratoire y aurait été bâti par l'évêque d'Hexham, comme beaucoup de constructions médiévales de la région elle emploierait des matériaux provenant des constructions romaines. La base de la tour daterait des Xe ou XIe siècle. L'église a été largement remaniée par la suite mais elle conserve à l'intérieur une belle porte saxonne sous le clocher actuel.




Cette porte avec ses chapiteaux moulurés est un des rares vestiges encore en place de la première église de Warden.








A l'intérieur du porche a été disposé, sans ordre véritable, divers éléments sculptés provenant de l'ancienne église dont parmi eux un fragment de croix. 



Mais deux sculptures méritent un intérêt particulier. 

Une large dalle sculptée figurant un homme entouré d'entrelacs, très effacée par les intempéries car elle était à l'extérieur de l'église. Il est difficile d'en déterminer la fonction. Il est évoqué un fragment d'autel ou une dalle funéraire ce qui parait le plus vraisemblable.



La datation ainsi que l'iconographie de cette sculpture localement surnommée, "l'homme de Warden";  restent incertaines faute de sources fiables  Il pourrait tout aussi bien s'agir d'un évêque ou d'un noble ou alors d'une image du Christ. Avec une datation entre le VIIIe et le début du XIe siècle.




Le deuxième élément d'intérêt est une grande croix saxonne dressée a proximité de l'église mais qui à été trouvée bien plus loin à l'origine. Cette croix à "tête de marteau" est le seul exemplaire de ce type trouvé dans le Northtumberland et sa forme pourrait la rattacher au XIe siècle selon le "Corpus of Anglo Saxon Stone Sculpture".




Il est difficile également de s'empêcher d'admirer le magnifique porche en bois de l'enclos paroissial, l'un des plus romantiques qu'il m'a été donné de voir. Et pour ceux qui aiment les frissons une curieuse pratique, consistant à protéger certaines tombes de cercles de fer pour empêcher le vol de cadavre.




Cet article fait suite à une longue interruption d'abord provoquée au mois de septembre par la mort de la Reine au moment même où je reprenais le cours de ces notes de voyage sur un pays auquel je suis tant attaché. Je ne cacherais pas aussi que je m'interroge encore sur l'avenir de ce blog sans doute trop peu interactif et que j'envisage d'en stopper le cours au profit d'autres supports.


Google Translate.


The small village of Warden is located a few kilometers from Hexham near Hadrian's Wall and retains a small church of Saxon origin with some interesting evidence from that time.The church would be a foundation of the 8th century, an oratory would have been built there by the bishop of Hexham, like many medieval constructions in the region it would use materials from Roman constructions. The base of the tower would date from the 10th or 11th century. The church was extensively altered later, but inside it retains a beautiful Saxon doorway under the current bell tower.This door with its molded capitals is one of the rare vestiges still in place of the first church of Warden.Inside the porch has been arranged, in no real order, various sculpted elements from the old church, among them a fragment of a cross.But two sculptures deserve special interest.A large carved slab depicting a man surrounded by interlacing, much erased by the weather because it was outside the church. It is difficult to determine its function. It is evoked a fragment of an altar or a funerary slab which seems most likely.The dating as well as the iconography of this sculpture locally nicknamed, "the man of Warden"; remain uncertain for lack of reliable sources It could just as well be a question of a bishop or a nobleman or else of an image of Christ. With a dating between the 8th and the beginning of the 11th century.The second element of interest is a large Saxon cross erected near the church but which was originally found much further away. This 'hammerhead' cross is the only such example found in Northtumberland and its shape could date it to the 11th century according to the 'Corpus of Anglo Saxon Stone Sculpture'.

It's also hard to stop admiring the magnificent wooden porch of the parish close, one of the most romantic I've ever seen. And for those who like thrills, a curious practice, consisting in protecting certain graves with iron circles to prevent the theft of corpses.This article follows a long interruption first caused in September by the death of the Queen at the very moment when I resumed the course of these travel notes on a country to which I am so attached. I wouldn't hide also that I still wonder about the future of this blog probably too little interactive and that I plan to stop the course in favor of other media.

mardi 23 août 2022

Chollerton et Corbrige deux petites villes du Northumberland.

Le pont sur la Tyne à Corbridge

Ma route qui poursuit le tracé du mur d'Hadrien traverse deux localités marquées par la présence romaine puis Anglo-saxonne et normande. 

Les vestiges médiévaux sont souvent peu nombreux et peu spectaculaires et souvent réemployés. Il en est ainsi des piliers de la nef de la petite église de Collerton placée sous le vocable de St-Giles.

*




Il ne reste presque rien d'autre d'une église pourtant attestée au XIe seulement quelques pierres réunies dans le porche, une table d'autel gothique gravée dans une dalle romaine, une singulière pierre tombale gravé d'un ciseau servant à tailler la laine, activité principale de la région pendant de longs siècles. Dans la nef un beau bénitier gothique tallé dans un bloc de calcaire surement romain.

De la période romane on peut encore trouver quelques fragments  de croix. L'un au-dessus du portail ouest et surtout dans le mur nord deux croix discoïdales. La présence de croix est très importante dans tout le nord de l'Angleterre comme vous le découvrirez.




Corbridge est une localité plus importante implantée un peu plus loin au sud. 

La ville est située à proximité d'un ancien fort sur le mur d'Hadrien où a été crée un beau musée. Son nom vient de l'association d'un mot d'origine celte Coria romanisé en Coriosopitum ou Corioritum et du pont qui franchit encore la Tyne.

Il est fait mention dès le VIIe siècle d'une fondation monastique voulue par Saint Wilfrid. L'église actuelle conserve encore de précieux témoignages de son passé en Anglo-saxon probablement VIIIe et IXe siècles.

Eglise de Corbridge.






De cette époque un bel arc en plein-cintre sous le clocher actuel typique de l'art saxon mais aussi d'intéressants restes de pierres sculptées.

Sous une des baies actuelle a été posé une croix gravée qui se trouvait peut-être au pignon de l'église  et surtout une  pierre avec en lettres latines un nom celui d'un certain (T)YRIC. Le nom  serait un prénom masculin en  vieil Anglais avec un lettrage peu courant dans la région d'après le "Corpus of Anglo-saxon Stone Sculpture".



Image "Corpus of Anglo Saxon Stone Sculpture" Vol I .


Je partage également cette image empruntée au Volume I du "Corpus of Anglo Saxon Stone Sculpture" qui montre de manière très visible ce nom gravé. 

Qui était Tyric, un fondateur, un commanditaire ou un maitre d'œuvre ? Il est impossible de répondre à cette question faute de sources mais une fois de plus cette mention est d'un immense intérêt. Ce qui est remarquable aussi c'est l'emploi de la langue latine finalement peu rependue; même dans les milieux lettrés car à cette époque l'emploi des runes anglo-saxonnes était bien plus courant.

L'édifice sera modifié à l'époque normande ainsi qu'en atteste la belle porte ouest romane avec ses archivoltes à chevrons reposant sur des chapiteaux à godrons typiques de l'architecture romane normande d'Angleterre.





L'église sera plus tard incendiée ainsi qu'en attestent les traces d'incendie à l'occasion des guerres menées par William Wallace puis grandement remaniée. D'autres fragments sculptés saxons et normands seraient réemployés dans des constructions voisines que je n'ai pu repérer à l'exception de cette belle croix dite " du marché" faite de pierres romaines.




 Google translate


My way  follows the route of Hadrian's Wall, crosses two localities marked by the Roman presence, then Anglo-Saxon and Norman.The medieval remains are often few and unspectacular and often reused. This is the case for the pillars of the nave of the small church of Collerton placed under the name of St-Giles.There is almost nothing else left of a church, however attested in the 11th century, only a few stones gathered in the porch, a Gothic altar table engraved in a Roman slab, a singular tombstone engraved with a chisel used to cut wool , the main activity of the region for many centuries. In the nave there is a beautiful gothic stoup carved out of a block of limestone that is surely Roman.From the Romanesque period we can still find some fragments of crosses. One above the west portal and especially in the north wall two discoidal crosses. The presence of crosses is very important throughout the north of England as you will discover.

Corbridge is a larger town located a little further south.The city is located near an old fort on Hadrian's Wall where a beautiful museum has been created. Its name comes from the association of a word of Celtic origin Coria romanized in Coriosopitum or Corioritum and the bridge which still crosses the Tyne.Mention is made as early as the 7th century of a monastic foundation desired by Saint Wilfrid. The current church still retains valuable evidence of its Anglo-Saxon past, probably the 8th and 9th centuries.

From this period a beautiful semi-circular arch under the current bell tower typical of Saxon art but also interesting remains of sculpted stones.Under one of the current bays was placed an engraved cross which was perhaps on the gable of the church and especially a stone with in Latin letters a name that of a certain (T)YRIC. The name is believed to be an Old English male given name with lettering uncommon in the region after the "Corpus of Anglo-Saxon Stone Sculpture".Who was Tyric, a founder, a sponsor or a master builder? It is impossible to answer this question for lack of sources but once again this mention is of immense interest. What is also remarkable is the use of the Latin language, which is not widely used in the end; even in literate circles because at that time the use of Anglo-Saxon runes was much more common.

The building will be modified in the Norman period as evidenced by the beautiful Romanesque west door with its chevron archivolts resting on gadrooned capitals typical of Norman Romanesque architecture in England.The church will later be burnt down as evidenced by the traces of fire during the wars led by William Wallace and then greatly remodeled. Other Saxon and Norman sculpted fragments would be reused in neighboring constructions that I could not locate with the exception of this beautiful so-called "market" cross made of Roman stones.