vendredi 13 mai 2011

Les fresques de Gourdon

Le fresques de Gourdon sont incontestablement la belle surprise de cette église,  elles semblent dater pour l'essentiel de la fin du XII ème siècle elles n'ont été redécouvertes qu'au milieu du XX ème !
C'est sans doute avec Brezé les moines l'ensemble le plus complet de fresques même si celles-ci semblent avoir plus de parenté avec les fresques du Nivernais ou du Berry .
L'iconographie reste très classique , un grand Christ en majesté dans sa mandorle , inspiré du pantocrator des églises byzantines , occupe le cul de four de l'abside entouré du tétramorphe .
Ce Christ terrible est celui de l'apocalypse, entouré des apôtres dans le triomphe de sa résurrection à Emmaus .Il rappelle aussi la nativité et l'annonciation .








mais ce qui m’émeut le plus ce sont ces énigmatiques visages si graves et si profonds, ces longues mains dont le trait est parfois à peine suggéré et si poignant .
Cet art est si sobre et si puissant !

lundi 9 mai 2011

Gourdon ; Un élan vers le ciel

L'église de Gourdon , dédiée à Notre Dame, juchée sur un promontoire et visible des kilomètres à la ronde, est une belle église homogène de l'extrême fin du XI ème et du début du XII ème siècle, qui succède à une ancienne fondation Bénédictine . C'est ici qu'un bergère retrouva un fabuleux trésor d'un église du VI ème siècle caché sous une tuile marquée d'une croix, sans doute pour tenter de le faire échapper à un pillage, et qui est aujourd'hui visible au Cabinet des médailles .
L'église extérieurement austère masse de granit est un puissant et harmonieux édifice de quatre  travées et deux absidioles orientées autour d'une belle abside . Rien ne laisse présager de l'harmonie et de la paix que recèle ce beau "temple" .

C'est dans la nef à trois étages que cette impression trouve sa confirmation, sa filiation avec Cluny par son élévation à trois niveau est remarquable, mais aussi un voutement  d'arètes comme à Anzy le Duc.
L'ensemble laisse une forte impression de légèreté et de lumière tellement inattendue dans ce modeste village.





jeudi 5 mai 2011

Entre Perrecy et Gourdon (2)

Avant d'aborder les deux édifices majeurs de la région un dernier passage par de charmant villages, Toulon Sur Arroux ou une communauté de moines bouddhistes s'est installée , est aussi connue pour sa belle église à plan basilical , couronné par un imposant clocher fortifié plus tardivement , église malheureusement fermée le plus souvent comme la charmante église de Saint-Romain sur Versigny.
Toulon sur Arroux

Saint-Romain sur Versigny
Mais parfois à coté de ces modestes édifices , la promenade réserve un surprise de taille, comme celle de  la surprenant église de Saint-Romain sous Gourdon, un joyau de pierres blanches dans un écrin de verdure. L'église est modeste mais entièrement romane et probablement du XIIème comme sa grande soeur située sur le promontoire qui la domine au point de la faire totalement oublier .
L'ensemble est de bel facture comme en témoigne le portail élégant à double voussures souligné d'un décor de dents d'engrenage et de vaguelettes .
Saint-Romain sous Gourdon



La corniche du chevet présente un ensemble de modillons parfois d'aspect frustes mais charmant avec d'énigmatiques figures humaines ou de monstres dévorant des humains .


Mais la plus belle surprise de cette visite est à l'intérieur ; une belle restauration a révélé une nef simple et plafonnée et un beau choeur large et lumineux sous le clocher. Mon attention est cependant attiré par deux grands chapiteaux historiés qui encadrent l'arcature du choeur. Je ne parvient pas à en découvrir la signification; sur l'un d'eux des visages lunaires semble sortir de la végétation et fixent d'un air goguenard le visiteur , sur l'autre chapiteau un personnage semble entouré de ses bras disproportionnés le corps d'un enfant emmailloté, tandis qu'à l'angle du même chapiteau l'on remarque un curieux personnage à deux visages. Ses sculptures certes malhabiles en apparence dégage très certainement une grande force et une puissance sérénité accentuée par la belle Vierge protectrice du lieu.





mercredi 4 mai 2011

Entre Perrecy et Gourdon (1)

Autour de ces deux monuments marquants pour l'art roman dans le Charollais , le nombre des églises se raréfie plus l'on remonte vers le nord de la Bourgogne;
Rien de comparable avec l'incroyable foisonnement du Clunisois tout proche, ou chaque village possède son édifice.
Si bon nombre des églises que je visite ne présentent parfois qu'une partie romane chacune est digne d’intérêt.

Qu'il s'agisse de Martigny le Comte dominée par la masse de son clocher carré et dont le choeur présente la particularité d'un " passage berrichon ".
Martigny le Comte
Martigny le Comte
A Ciry le Noble seul le chevet est roman mais hélas cette église est fermée à la visite tandis que à Génelard il faut pénétrer dans le choeur d'un église extérieurement sans intérêt pour avoir la surprise d'en trouver les racines .

Génelard
Ciry le noble
Une mention particulière doit être réservé à la charmante église de Palinges, qui offre un beau chevet trilobé et un charmant clocher octogonal qui en souligne l'harmonie .
Palinges

Un cordon de modillons souligne la corniche de l'abside tandis que le choeur large et lumineux laisse découvrir un beau décor d'arcatures absidiales et présente encore quelques traces anciennes de fresques  .

Un curieux chapiteau montre deux hommes à l'allure presque simiesque, nus tous deux,  entourant un monstre qui pourrait être un serpent , que l'un  semble vouloir étrangler tandis que l'autre saisi ses jambes comme pour une sorte de danse, l’interprétation reste difficile mais je ne peux que m'amuser de la liberté du sculpteur ...


jeudi 21 avril 2011

glossaire d' éléments d'architecture: les berceaux transversaux

Je profite du message précèdent pour compléter ces modestes billets de définitions ou plus exactement d'illustration de certains termes architecturaux employés dans mes billets précédents .
J'ai évoqué au sujet du Mont Saint-Vincent le terme de "berceaux transversaux" qui est un technique architecturale peu fréquente et la marque de la grande prouesse des bâtisseurs romans .
http://vogage-roman-art.blogspot.com/2011/04/rudesse-du-mont-saint-vincent.html
L'Art Roman est habituellement associé à la voûte  en plein cintre mais sa richesse est bien plus grande et son invention des formes et des savoir-faire infinie ...

Mais revenons au voûtement de la nef , le voûtement en plein cintre ici illustré par la nef de Lescar dans les Pyrenées , représente une voûte formée d'un demi cylindre dont la directrice est une droite ( elle est représentée en rouge sur l'image) :
Cathédrale de Lescar: 64
La voûte peut aussi est en berceaux brisés on dit parfois aussi a tord en ogives, son profile est alors un arc brisé comme à Lessay en Normandie dans l'image suivante :
Lessay: 50
Mais à  Tournus et au Mont Saint-Vincent c'est un système très original qui est mis en oeuvre ; les poussées de la voûte centrale sont déplacées dans le sens longitudinal par une série de berceaux qui reposent sur des arcs diaphragmes qui se contrebutent les uns les autres ( je les ai figuré en bleu sur les images suivantes);
Tournus: 71

Mont Saint-Vincent: 71
Cette technique audacieuse favorise l’élévation des volumes et la luminosité de la nef , particulièrement sensible à Tournus dont l'élegance et la puissance de la nef est icomparable et envahi le visiteur ...

mercredi 20 avril 2011

Rudesse du Mont Saint-Vincent



C'est dans une brume épaisse que je gravit la pente du Mont Saint Vincent pour en atteindre  la vaste église de sombre granit  qui dégage une silhouette de casemate massive et rugueuse comme le climat de la région .

En dépit de la sobriété de l'ensemble on se trouve devant un vaste édifice à la croisée des influences de Autun et de Tournus dont l'on pourrait être à un point de frontière .
Cette ancienne"ville murée" occupe un ancien oppidum , d'où la forte présence qui s'en dégage encore, il est encore aujourd'hui le plus haut village habité de Bourgogne du sud .


On pénètre dans l’église par un porche ouvert sous lequel a été gauchement sculpté un tympan représentant le Christ en gloire entouré de deux saints, peut être Pierre et Paul.
La nef de quatre travée surprend par sa hauteur et la lumière qui la baigne en que ne laissait pas soupçonner son apparence extérieure , de grosse piles rondes terminées par des chapiteaux supportent avec force la coupole octogonale sous le clocher .



Le décor des chapiteaux reste rare mais intéressants comme ces chapiteaux aux lions , ou celui mêlant des visages humains au milieu de feuillages entourés de monstres crachant de volutes , ou encore cette représentation inhabituelle des chouettes .



Mais l'originalité spécifique de cet édifice qui en dépit de sa rudesse date essentiellement de la fin du XIè et du début du XIIè, construite entre 1080 et 1120,; est a rechercher dans le voûtement des travées de la nef par des berceaux transversaux comme à Tournus .