dimanche 7 août 2011

La cathédrale Santa-Maria de Pise

C'est souvent un enchaînement de circonstances qui expliquent le miracle d'un construction aussi éblouissante que celle d'un tel édifice qui devait marquer l'art du Moyen-Âge au point que l'on parle désormais d'un art "romano-pisan" .
En l'espèce, c'est un afflux de richesses après la conquête de Palerme sur les musulmans en 1064, la volonté inflexible de l’Archevêque Guido de Pavie et le génie d'un architecte visionnaire Buscheto qui conçut totalement la construction terminée par ses successeurs toujours respectueux du dessein originel .
La Cathédrale présente une grande unité de style pour avoir été bâtie en une cinquantaine d'années et vraisemblablement achevée en 1118. Certes les siècles postérieurs ont apportés leurs ajouts ainsi que les reconstructions partielles après un grave incendie en 1595, mais jamais l'ensemble ne fut dénaturé .
La cathédrale est aussi un monument incomparable pour son temps par sa grandeur ses dimension ( 48 mètres au sommet de la coupole ) et son incomparable richesse décorative , Buscheto voulut un édifice " en marbre blanc qui n'a d'égal dans aucun autre exemple" ...




Le chevet à lui seul témoigne de cette grandeur, trois rangées de colonnades le parcourent ainsi qu'à la croisée du transept, partout les marbres explosent de blancheur souligné par des emplois multicolores raffinés et luxueux. Des losanges et des cercles bordés et incrustés typiques de cet art "romano-pisan" qui seront reproduits dans bien des églises de la ville et des environs .






Voilà bien une richesse et une abondance du décor , éloignée de l'image d'austérité et de rudesse que l'on associe souvent à l'art roman ...





Et oui elle penche...et elle a toujours penché !

Ce qui est fascinant avec la Tour de Pise c'est que ce n'est pas la qualité exceptionnelle de son campanile qui justifie sa célébrité universelle mais précisément cette imperfection de son inclinaison et finalement de son équilibre prodigieux qui tient à la fois du miracle et du génie de générations d'architectes .
L'on sait par une importante dédicace que la tour fut commencée en 1174 et qu'on la doit à l'architecte Bonanno qui la conçu dés l'origine comme le clocher le plus majestueux de son temps, le plus large et aussi le plus haut car il devait certainement dépasser les 70m ce que confirme la profondeur et le diamètre des fondations. Pour se donner une idée de ce projet grandiose il suffit de savoir que la Tour actuelle dépasse (seulement) les 55 mètres !
 Très vite les trois premiers étages furent bâtis, mais c'est alors que les difficultés apparurent, il semble que la tour s’enfonçât et ne commençât à pencher qu'ensuite d'une première tentative pour évacuer l'eau des fondations; les travaux furent alors suspendus en 1185 pour ne reprendre que 90 ans plus tard  sans doute à la faveur de l’arrêt du mouvement d'inclinaison .
C'est Giovanni Di Simone qui avec maîtrise poursuivit l'élévation de trois étages et demi tout en tentant de corriger le mouvement et ce en neuf ans avant que l''inclinaison ne reprenne . Après une nouvelle suspension des travaux jusqu'en 1350 c'est Tommaso Pisano qui tentât de la redresser  et de l'achever pour construire l'étage des cloches .
jusqu'à nos jours la stabilité de cet ensemble préoccupât bien architectes et ingénieurs de la Péninsule, et le mouvement  ne semble pas devoir s’arrêter ...Elle enflamme aussi les esprits au point que toute une école de pensée à contesté la caractère involontaire de l'inclinaison pour soutenir qu'il aurait été délibérément recherché par les constructeurs...
Ce célèbre clocher ne doit pas faire oublier l'élégance et le raffinement de sa construction et aussi sa grande unité de style en dépit de la longueur de construction qui dépasse largement la seule période romane .Il y a ici une harmonie incroyable entre l'art roman des premiers niveaux et l'art gothique des étages supérieures qui semblent heureusement s'accorder .
Cette maîtrise se retrouve aussi dans l'élégance des arcatures, la majesté du décor souligné par le mélange de la couleur des pierres composés en damiers et losanges.



 Les beaux chapiteaux du premiers étages aux rares motifs, souvent inspirés de l'antiquité démontrent eux aussi la qualité grandiose du monument et l'art des sculpteurs autant que des architectes, avec une mention particulière pour celui , savoureux, qui  figure  deux singes attachés à la taille et dévorant des fruits dans un panier .

samedi 6 août 2011

Mon image de la semaine

Pour rompre un peu le rythme de mes billets qui suivent avec trop de décalage mes voyages, j'ai décidé d’insérer des images sorties de mes archives photographiques, souvent d'anciennes images parfois de qualité inégales, il y a peu de temps que je dispose d'un appareil à la mesure de mes ambitions...
Mais je souhaite avant tout partager cette incroyable richesse de cet art roman qui ne cesse de m'enchanter du plus modeste au plus remarquable édifice !
Pour commencer cette série, j'ai choisi l'éblouissante façade de l'église de Castelveil en Gironde, église modeste perdue en pleine campagne, mais quel trésor ! (Désolé pour l'image prise avec mon premier numérique en 2003)

mercredi 27 juillet 2011

Pise; le " Prato dei Miracoli"

Qui ne connaît pas Pise et sa célèbre "tour qui penche" qui à elle seule est devenue le symbole universel de l'Italie, au point même que l'en oublie parfois qu'il s'agit du campanile d'une des plus accomplie et éblouissante réalisation de l'époque romane.
"Le champ des miracles" et en effet sans doute l'une des réalisations les plus accomplie et parfaite de l'époque médiévale ou se sont succédés les plus grands architectes romans ; Bruscheto, Rainaldo, Diotisalvi, Nicola Pisano, Bonanno, Giovanni di Simone.
Tous au service d'un ensemble monumental unique implanté en périphérie de la Ville dans une vaste place rectangulaire dont l'élément central est la Cathédrale qui est le centre de tout les points de vues, la Tour le Baptistère et le Campo Santo étant eux même organisés en fonction d'elle et autour d'elle pour  composer un ensemble harmonieux.

Cette harmonie est également remarquable par l'harmonie des formes en dépit  de constructions qui commencent au XI ème siècle pour s'achever au milieu du XIV ème, que la foule grouillante et bruyante de ses visiteurs ne parvient pas à briser.
Une longue visite de ce haut lieu s'impose pour en mesurer toute la puissance et la richesse, avec la chance de découvrir chacun de ces monuments enfin débarrassés de leurs échafaudages après une longue campagne de restauration


dimanche 24 juillet 2011

San Pietro a Grado ; l'interieur .

L’intérieur de l'édifice est particulièrement vaste et grandiose à l'image des grandes basiliques chrétienne, dépendance directe de l'archevêché de Pise, elle était en effet déjà une Collégiale d'importance à l'image des grands monastères de la ville .

Chacune de ses trois nefs sont séparées d'un foret de longues colonnes remploi la plupart couronnées de chapiteaux romains .



Les parois de la nef centrale sont recouvertes d'un important cycle de fresques du XIII ème siècle , œuvre d'Orlandini et consacrées aux des Saints Pierre et Paul .

San Pietro a Grado ; au port de Pise

Aujourd'hui située dans la marina de Pise mais à quelques kilometres de la mer la Basilique de San Pietro a Grado se trouvait dans le port de Pise. La tradition rapportant  que l’apôtre Pierre y fit construire une première église à son retour d'Antioche. Il est certain cependant qu'un premier édifice fut erigé dés le IV ème siècle et dont les restes ont été mis à jour dans la nef .

L’église actuelle est un vaste édifice de plan basilical à trois nefs terminées par trois absides semi-circulaires , mais présente une particularité trés originale et trés rare pour l'Italie entière puisqu'il possède deux absides , l'une orientale et l'autre occidentale comme on en rencontre davantage en Allemagne .
C'est un monument manifestement anterieur au XII ème siècle et en tout cas antérieur à la Cathédrale, d'une grand harmonie et d'une sobre puissance .


Les éléments décoratifs sculptés restent modestes parfois constitués de de quelques remplois de l'édifice paléochrétien antérieur .

Ce sont les élément d'architecture qui scandent ce décor fait d'arcatures aveugles , d'arceaux soutenus de petites consoles au couronnement des murs et des absides qui renferment des cercles et des losanges .
 La variété est aussi présente dans les matériaux utilisés, calcaire et tuf mais parfois introduction de briques et de marbres offrant des couleurs d'un rouge lie-de-vin au vert .


Enfin au dessus et à l’intérieur des arceaux ont été disposés de nombreuses majoliques, les plus nombreuses du territoire pisan , certaines formant de larges coupes, qui soulignent l'originalité du décor extérieur .

La puissance de Pise

Peu de ville conservent comme à Pise autant de monuments remarquables de l'époque romane , plus d'une vingtaine d'églises datent encore de cette époque qui est la marque de sa puissance et de son apogée qui rayonnera sur toute une partie de la Méditerranée.
Par chance ma visite coïncide avec la restauration récente de l'ensemble de la Cathédrale tandis qu'un effort général de restauration est manifestement en cours également pour les monuments moins connus du centre ville.
Cette prospérité incroyable est née de la combinaison heureuse d'une première renaissance commerciale et maritime. Pise sera en quelques années la rivale de Gène et de Venise sa puissance l'emportera avec les croisades jusqu'en orient et même jusqu'en Ethiopie, et pourtant que d'obstacles à ce miracle, une côte marécageuse peu propice à la navigation de haute mer, un territoire étriqué et contesté par d'autres villes puissantes comme Lucques située à moins de 60 Kilomètres, mais le génie incontestable d'un peuple toscan d'exception.
L'éclat de cette puissance sera aussi vif qu'éphémère puisque en 1284 avec la bataille de Meloria, Pise s'incline au profit d'une nouvelle étoile; Florence .