mardi 17 novembre 2015

La décoration extérieure de Belleville; un creuset d'influences.

Belleville portail sud 1
Il est impossible de ne pas accorder un intérêt certains aux trois portails extérieurs de l'église qui bien que non historiés sont révélateurs du mélange d'influences propres à cet édifice.





Le portail de la façade situé sous la large rose circulaire qui éclaire la nef; est un portail à quatre voussures richement moulurées retombant sur des colonnes avec des chapiteaux à feuillage ou parfois des masques grotesques .
La corniche de l'avant-corps de la porte principale est supportées de modillons avec des décors de masques ou d'animaux simplifiés; ce portail tardif semble fortement marqué par des influences lyonnaises.

Il en va bien différemment des deux portails sud creusés respectivement dans le deuxième et le neuvième collatéral.Par simplification je les nommerai ici portail 1 et portail 2 pour les distinguer.

Belleville portail sud 1
Semur-en-Brionnais portail nord
Belleville portail sud 2


En effet ces portails sont presque identiques et s'inspirent manifestement du portail nord de Semur-en-Brionnais; j'ai donc juxtaposé des images des trois portails par gout de la comparaison.
La voussure unique des portails de Belleville est moulurée d'un tore retombant sur des colonnes torsadées ou décorées d'imbrications ou d'écailles. Les tympans sont sculptés de quadrilobes dont les pointes s'épanouissent en large fleuron.
Ces deux répliques du portail de Semur-en-Brionnais traduisent à merveille le goût de l'imitation entre sculpteurs parfois d'ateliers distincts même si ici à Belleville la sculpture semble marquer un certain essoufflement. La "surcharge" aussi de cette sculpture et une certaine maladresse est assez propre à la sculpture romane finissante de cette fin du XIIe siècle.
portail sud 2
portail sud 1

portail sud 1


Pourtant la sculpture des chapiteaux des deux portails est aussi parfaitement originale et semble traduire d'autres sphères d'influences tant ils ont peu de lien avec la sculpture brionnaise .
 De qualité inégale comme celui du chapiteau du portail 2 à tête d'animal crachant des rinceaux de feuilles dont le traitement est presque naïf ou maladroit . Le beau chapiteau du portail 1 figure une image plus fréquente de la sirène ici sans chevelure tenant de ses bras écartés sa queue dédoublée. Ces sculptures semblent s'inspirer davantage des ateliers auvergnat ou foreziens
Portail sud 2

Portail sud 1

mercredi 11 novembre 2015

Belleville sur Saone; la "Saint-Denis " du Beaujolais.

On devine de loin, en empruntant l'autoroute sur-fréquentée qui mène de Paris au sud de la France, la majestueuse tour ajourée de l'imposante abbaye Notre-Dame de Belleville. Bien qu'entourée aujourd'hui de barres d'immeubles disgracieuses de bâtiments industriels hideux et au milieu du vrombissement des voitures, la visite du centre de la ville ancienne et de son abbaye est vraiment remarquable et sans doute un des trésors de l'art roman du Rhône, trop peu connu.

Bien que les origines de la ville remonte aux premiers temps de l'histoire humaine par sa situation privilégiée en bord de Saône, la fondation de l'abbaye est relativement récente et date de l’extrême fin du XIIe siècle.
Contrairement a certains commentaires elle ne doit rien à la présence de Cluny et est le fruit de la volonté d'un seigneur local Humbert III de Beaujeu en guise de  vœu expiatoire pour la petite histoire  mais surtout comme le symbole de la volonté politique de puissance  d'une dynastie qui aura une importance certaine pendant tout le Moyen-Age.
Le Cartulaire Lyonnais rappelle que ledit "très illustre seigneur" la fonda dans " le quartier le plus retirée de la ville " cette église le 16 Octobre 1158 qui aurait été achevée en 1159 pour la première église puis entre 1168 et 1179 pour la construction de l'édifice actuel soit une rapidité de construction tout a fait exceptionnelle .
Son emplacement fut choisit avec soin par les Sires de Beaujeu soucieux de se rapprocher des grands axes commerciaux et religieux à un croisement presque parfait de routes terrestres et fluviales, prés d'un port reliant du nord au sud Mâcon à Lyon et d'est en ouest des monts du beaujolais à la Dombes avant la route des Alpes et de Genève.

Richement dotée par ses fondateurs, d'ornements de livres pieux de pièces d'orfèvrerie elle sera pendant plusieurs siècle le mausolée de ces Princes .
Sa situation privilégiée ainsi que l’intérêt que lui porteront les Sires de Beaujeu peuvent expliquer la majesté de cet édifice, en dépit des remaniements des pillages et des destructions des Guerres de Religion en particulier. La Révolution acheva le désastre avec les destruction de la première église, du cloître et de la plupart des bâtiments abbatiaux.

A l’extérieur on est frappé par les dimensions de l'église de plan basilical de plus de 63 mètres sur 17 de large et son vaste transept saillant . On peu admirer la qualité des absides romanes qui en dépit de l'obturation des baies et le rehaussement de la nef à l'époque gothique, sont scandées de cordons ornementaux sculptés qui sont très proches de ceux que l'on retrouve dans le lyonnais ou en Dombes .L'emploi d'une belle pierre calcaire blanche est également à remarquer.



Le puissant clocher carré situé au sud est particulièrement élégant avec ses deux étages de baies en plein cintre et géminées aux chapiteaux sculptés d'un sobre feuillage qui évoque déjà l'époque gothique . Il est encore au centre d'une controverse entre archéologues qui ont imaginé que, comme à Cluny, les bâtisseurs auraient envisagé la construction de trois clochers, thèse que rien ne permet d’étayer sérieusement. Toutefois plutôt qu'aux modèles de Cluny ce clocher semble s'inspirer des modèles de Lyon ou encore de Chambéry ou de Genève .

Enfin on abordera ici seulement la visite de la grande nef à double étage comme à Nantua avec des piles à section cruciforme et des demis-colonnes engagées dans les murs sud et nord qui reçoivent de grands arcs en berceau brisés . Comme on le verra encore en détail les architectes de cette églises ont puisés dans des inspirations multiples ce qui est souvent la richesse et la beauté de l'art roman.




samedi 31 octobre 2015

Trois églises romanes de la montagne beaujolaise .

Je vous emmène maintenant dans le nord-ouest du département du Rhône dans ce pays que l'on appelle le beaujolais dont le vignoble maque avec charme un paysage de fort vallonnements que limite la paisible Saône sur sa limite est formant la frontière naturelle entre les anciennes terres impériales et royales à l’époque qui nous occupe. Mais comme toutes les frontières du Moyen-Âge elle n'est nullement hermétique en particulier pour les foyers religieux.
Le beaujolais est un pays de riches contrastes et possède de nombreux monuments remarquables en particulier pour l'art roman.

Les trois églises que j'ai choisi pour commencer cette découverte sont modestes et présentent des similitudes évidentes . Similitudes d'appartenances d'abord puisque toutes sont des fondations de la Puissante Cluny située à quelques kilomètres plus au Nord, similitudes aussi pour les dates de construction le XIIe siècle . Enfin de similitudes de styles comme nous le verrons .





La première de ces églises est dédiée à Saint-Martin à Vauxerenard magnifiquement située sur les pentes d'un cirque naturel couvertes de vignes. L'église est visible de loin en particulier son beau clocher carré percé de baies jumelles rythmées harmonieusement de pilier et aux angles de colonnes. Si les origines seraient du XIe c'est un édifice du XIIe que l'on peu visiter . La nef est elle moderne et seuls l'abside remaniée et le clocher sont d'origine. Il reste aussi une belle coupole sur trompe octogonale à la croisée du transept.






Plus isolée Saint-Antoine d'Ouroux, construite en granit rouge et brun, conserve encore de l’époque romane un transept et un fort clocher à deux étage. L'abside est également romane et présente des formes légèrement brisées attestant de sa construction tardive. Le clocher est lui un des plus imposant de la région . Il reste également à la croisée du transept une belle coupole octogonale sur trompe .




Enfin il ne faut pas manquer de visiter la fière Saint-Mamert placée sous le vocable actuel de Saint-Jean-Baptiste, qui domine les première pentes du col de Crie qui sépare aujourd'hui le Rhône de la Saône-et -Loire . Cette fondation clunisienne dépendait de Charlieu et était un chemin de pèlerinage pour la route du Puy. Mais la qualité de sa construction atteste qu'elle à reçu un développement supérieur à celui de ses "sœurs" beaujolaises. Malheureusement fermée elle possède une nef à deux travées et transept saillant , une belle abside et absidioles et un clocher carré très simple sans doute remaniée. Le portail occidental dépourvu de tout décor est aussi du XIIe.

lundi 26 octobre 2015

Le portail occidental de Montanay.

J'ai voulu donner à ce portail un billet particulier, car en dépit de de la modestie de bien des églises de la région il est un bel exemple de la sculpture de la région des Dombes.
Ce portail actuellement parfaitement visible dans la façade occidentale elle même sans intérêt ne possède sur ses trois archivoltes qu'un seule qui soit sculptée mais avec une grande finesse et un gout minutieux du détail d'une frise fleurie. Toutefois si on prend le temps de la lecture de la pierre on peu aussi distinguer un visage démoniaque crachant les volutes végétales de sa bouche et un masque humain d'où s’échappent également les rinceaux fleuris et ce qui ressemble à une tête d'oiseau.
Je ne reviendrait pas ici sur l'une des explications symboliques généralement  admises de ces représentations tant elles sont nombreuses dans la sculptures romanes .




Tout aussi intéressants les deux chapiteaux sculptés du portail.

Sur le chapiteau de droite on lit clairement le châtiment de Pierre, Saint sous le vocable duquel est placé l'église . La sculpture peu paraître modeste mais le talent du sculpteur se remarque à l'habile technique consistant à insérer dans un volume tournant une croix renversée l’apôtre la tête renversée est entouré de ses bourreaux , l'un accroupi lui lie les poignet tandis que l'autre semble se hisser au point de sortir de l'abaque pour lui lier les chevilles.
Hélas ce chapiteau se dégrade fortement et la comparaison de mes anciennes images atteste qu'une restauration d'urgence s'impose.

Le chapiteau de gauche représente lui une double scène ; un archange sans doute Saint-Michel terrassant deux démons et un émouvant personnage accroupi tenant sa tête d'une main dans une expression songeuse, peut être une représentation de Job mais je n'ai pas trouvé encore l'explication .



L'appartenance de cette modeste église à la puissante abbaye de l’Île-Barbe n'explique pas à elle seule la présence de ces sculptures dont on trouve d'autres exemples voisins dans l'actuel département de l'Ain et en particulier en Dombes . Ainsi on peu admettre la présence d'un véritable rayonnement de l'art roman dans cette région sous l'influence forte des grandes églises lyonnaises .

dimanche 25 octobre 2015

Les églises de Couzon au Mont d'Or et Montanay

Se faisant presque face de chaque coté de la Saône on peu visiter les deux églises de Couzon et de Montanay pourtant si différente de style.

Couzon au Mont d'Or comme sa voisine au nord de Lyon ont des origines anciennes et la présence d'un des plus ancien aqueduc alimentant la grande métropole romaine en atteste .
L'église située au pied d'un ancien château dont elle occuperait une partie des murs est cependant une construction tardive de la fin du XIIe dont il ne reste que quelques vestiges dont son chevet et son imposante tour avec des baies géminées . Le reste de l'église a été très largement remanié au XIXe et a sans doute servi de modèle à l'architecte de la célèbre basilique de Fourvière.
Il est difficile de donner plus de sources de cet édifice on peu cependant remarquer les baies jumelles de la tour romane avec leur claveau en pierres de couleur alternées ocres et blanches.
Je partage également deux photos de chapiteaux qui encadrent un ancien portail sans assurance toutefois sur leur authenticité.





L'église de Montanay également de la fin du XII e pour ses partie les plus anciennes, elle  s'apparente clairement aux églises de la Dombes, même si cette commune fait aujourd'hui partie du département du Rhône.
C'est une église massive  couronnée d'un imposant clocher carrée du XIIIe siècle, l'un des rares qui ait été épargné par le fanatisme des révolutionnaires dans cette partie du territoire.


L'appareillage de galets, de pierres et de briques de ses murs extérieurs, noyés dans un mortier épais est caractéristique de la maçonnerie des églises de la Dombes dont elle occupe la limite occidentale.
Possession de l'abbaye de l’île Barbe située un peu plus au sud, elle constitue un bel exemple d'unité de style et de lien entre les églises du val de Saône de la Dombes et du Beaujolais tout proche. Son abside imposante est encore de facture romanes et conserve d'intéressantes fresques de la première période gothique .