vendredi 23 décembre 2016

Le lutrin de Freudenstadt; une sculpture unique et exceptionnelle.

Il est difficile de retenir le choc artistique que l'on éprouve en admirant cette oeuvre majeure si bien conservée et exposée et qui était pour moi un des buts de ce voyage .

Le lutrin que l'on admire est compose de deux ensembles; le support avec les  quatre évangélistes et la partie supérieure du lutrin composant le pupitre où sont représentés les symboles des évangélistes.
La hauteur du lutrin est de 120 cm et les sculptures des évangélistes de 90 cm le tout sculpté dans du bois de saule.Il garde encore de trace de peinture très vive qui démontre encore une fois que bon nombre des sculptures romanes étaient entièrement peintes.

La sculpture est d'une impressionnante maîtrise et est assurément une oeuvre majeure de la sculpture romane sur bois. Les évangélistes sont représentés pieds nus dans une pose hiératique et solennelle portant de leurs bras et de leurs épaules le plateau sur lequel repose le porte-livre. Ils portent chacun une toge et un manteau au beau drapé et dirigent au loin leur regard fortement expressif sans  fixer personne mais est d'une grande solennité et puissance.





Le pupitre était en outre doté d'un dispositif tout a fait ingénieux; en effet on pouvait y glisser un encensoir relié par des tubes de cuivre qui sortait grâce à une petite ouverture pratiquée au niveaux des symboles des évangélistes. pendant les offices de l'encens pouvait ainsi sortir de chaque coté des ouvertures pour se rependre dans l'église ou le lieu ou était installé le lutrin .



L'origine de ce lutrin est encore trouble; il est généralement attribué au monastère d'Alpirsbach, mais plusieurs auteurs considèrent, en raison de son caractère unique et sans doute très précieux qu'il proviendrait peut être du monastère d'Hirsau qui en outre était l'abbaye fondatrice de la plupart des fondations clunisiennes voisines. On a pu même considérer que celui-ci était installé dans la bibliothèque ou le scriptorium du monastère d'Hirsau. En outre la sculpture de l'un des visages d'un évangéliste, Saint-Jean serait proche de celle de l'abbé Guillaume de Hirsau, représente sur une miniature du Codex Traditionum monasterii Reichenbacensis et datée comme le lutrin du milieu du XIIe siècle. On y trouve aussi la marque d'une influence stylistique byzantine et peut etre bourguignonne si l'on pense aux fresques de Brezé ( Cluny etait aussi la Maison-Mère d'Hirsau)

Enfin il faut dire un mot de la disposition des quatre évangélistes, situés aux quatre points cardinaux . Les quatre évangélistes qui se font dos à dos sont les serviteur d'un seul livre et même d'une seule foi, Il portent le verbe qui raconte la vie et résurrection du Christ ainsi que la parole de Dieu; et l'utilisation délibérée de l'encens à également une haute portée symbolique et marquante par sa légèreté sa fluidité et son parfum qui emporte les esprits des fidèles. profession que l'on retrouve dans les textes de l'un des pères de l'Eglise, Saint-Irénée qui écrivait :
         
              " Là, quatre régions et quatre principales directions du vent sont dans le monde, dans lequel nous nous trouvons et l'Église est semée sur toute la terre , mais l’Évangile est le pilier de la terre et le fondement de l'Église et son souffle de vie..."
Irénée de Lyon, contre le hérésies, III-11, 8.




Cette oeuvre remarquable mérite à elle seule un voyage et une longue et apaisante méditation.


2 commentaires:

  1. Je commence bien la journée avec vous sur FB:apaisement ,méditation ,élévation de l'âme et de l'esprit au -dessus des contingences petites du quotidien.Lucile Chevalier

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