dimanche 7 novembre 2021

Route d'automne: le beau Dieu noir.

 


On découvre cette statue actuellement dans la nef de la cathédrale de Saint-Flour, ce n’est pas son emplacement d’origine et il semble qu’il ait encore récemment changé de place.

C’est un grand Christ en bois d’une hauteur de plus d’un 1, m90 qui trône au centre de la nef, hiératique et solennel, grave et serein, la sculpture est exceptionnelle et admirablement conservée sans doute l’un des sommets de la sculpture romane sur bois. Elle confirme  l’étonnante vitalité des artistes de cette région du centre de la France à cette époque.

Mais ce Christ est trop beau pour être vrai !

En effet son authenticité fait l’objet d’un incroyable débat entre historiens, chercheurs sommités locales et autres membres de sociétés savantes. Ce que relate avec truculence dans un article paru dans Cantal Patrimoine, Pierre Moulier. Je ne voudrais pas paraphraser l’auteur mais il semble finalement que la sculpture est trop parfaite pour être authentique, nécessairement il ne peut s’agir que d’une copie du XIXe avec pour modèle d’autres Christs de la région en particulier celui d’Auzon.

Noël Graveline dans son ouvrage : « les trésors de l’Auvergne romane » indique que la statue était sans doute située au milieu du jubé de la cathédrale qui a été détruit en 1851. C’est de cette époque que date une modification majeure sa couleur noire et uniforme presque cirée. Il est difficile de comprendre pourquoi il a ainsi été badigeonné de noir;  sans doute un écho au culte des vierges noires ce qui est un autre sujet.

Depuis cette date, l’œuvre fascine et excite les polémiques qui ne cesseront pas avec son classement au titre des monuments historiques en 1908.Come pour le Christ de Montsalvy on l'attribuera alors au XVe siècle.

Le Christ pose beaucoup de questions ; il est en trop bon état, et, compte tenu de sa majesté il n’a pas pu échapper à la furie des révolutionnaires. On ne connaît pas réellement son origine ni sa provenance ce qui plaide en faveur d'une copie. Enfin pour certains, le visage du Christ ressemblerait étrangement à celui de Napoléon III !

Les études au scanner, engagées à l’initiative de la Drac de l’Auvergne, ont parlé et confirment l’avis de l’observateur pertinent et éclairé qu’est Pierre Moulier. Le Christ de Saint-Flour est une œuvre de la  fin du XIIe peut-être du tout début du XIIIe. Il appartient à un vaste ensemble de sculptures sur bois dans cette région du Cantal et de la Haute-Loire qui se s'apparente à une même famille d'œuvre reconnaissables par leur style et leur composition. Et surtout il s'agit bien d'œuvres romanes !

les  passionnantes recherches des historiennes Marie-Blanche Potte, Dominique Faunières, Agnés Blossier et Lucretia Kargère , élargit encore notre horizon de découvertes; « Etudes menées sur les sculptures d’Auvergne en bois polychromé ». Elles confirment la datation à la même époque, à la fois du Christ de Saint-Flour et de celui de Montsalvy. Mais encore, le Christ de Saint-Flour est également une cache à reliques qui n’avait pas été décelée et qui était dissimulée dans le torse de la sculpture. Les chercheuses ont également tenté de restituer la polychromie originale du Christ de Saint-Flour. L’article  avec sa belle bibliographie est en lien, comme l’article de Pierre Moulier.

Je serais tenté de penser comme Pierre Moulier, que « Fascinée par la technologie, notre époque ne croit pas aux analyses stylistiques et je jure que par la science… ». Il faut cependant reconnaitre les immenses progrès apportés l’archéologie, qui, en moins d’un siècle a considérablement modifié les perspectives et notre compréhension de l’art roman.

Et que l’on se rassure l’émotion que l’on ressent devant de telles merveilles de l’art, n’est en rien ternie par l’élargissement du champ de nos connaissances scientifiques. Et puis il reste aussi une part au rêve et à la légende.

Il existait un autre Christ ;  que Jean Anglade évoque dans un livre sur l’Auvergne de jadis, c'etait un Christ en bronze qui se trouvait sur la place d’armes de Saint-Flour et qui a disparu. Le Christ avait le flan percé pour rappeler son supplice, et la légende dit qu'il en sortait un son lugubre lorsque le vent s’y engouffrait. Ce Christ était appelé le « bon Dieu de Saint-Flour ».


http://www.cantalpatrimoine.fr/2017/12/22/lauthenticite-discutee-du-christ-noir-de-saint-flour/?fbclid=IwAR2wzpIBMMvpjGbOEmaHBOA-yeOc1-2b9xx2WoKeFpzSGoUr_Kf-XRkupxc

https://journals.openedition.org/medievalista/2333?fbclid=IwAR3x5xOQF6gPTIe47o4yXV6BZ4F9NCR0SyUbPhey1DTBXm0yMS2_qQ59R1c

dimanche 17 octobre 2021

Routes d'octobre; une route des paysages.

Eglise de Saint-Ilpize Haute-Loire.

 Il faut parfois reprendre la route pour renouveler le fil de l'écriture. Les articles de ce blog même les plus courts nécessitent toujours un long travail de mise en forme et de documentation, temps qui me fait souvent défaut ainsi que l'inspiration parfois je dois l'avouer.

Il y a quelques années un lecteur m'a fait remarquer que l'adresse du blog l'intriguait. Pourquoi "vogage roman" et non pas voyage roman ? Je l'avoue ici au début l'usage de ce néologisme était involontaire (j'ai toujours été  un peu dyslexique). Et puis finalement j'ai conservé ce mot car il me convenait assez bien. Mes itinéraires sont souvent le fait du hasard et d'un coup de cœur, je prends une carte et je pointe une direction ou un lieu que j'ai particulièrement envie de voir ou de revoir et puis j'en constitue les étapes autour de pivots qui m'attirent.

Je ne suis pas un adepte des atlas qui fleurissent un peu partout au sujet les églises romanes mais j'en reconnais la grande utilité. J'aime une certaine part laissée au hasard et au temps; le temps de la contemplation ou celui des rencontres que je ferai.  

J'aime particulièrement les intersaisons comme les mois d'octobre je janvier ou de mars. La lumière est souvent différente, les foules ont souvent déserté les lieux les plus fréquentés la seule incertitude est celle de s'assurer que les monuments seront ouverts et par chance ils le sont souvent.

Ce mois je m'étais mis en tête de retourner à Conques où je n'étais pas allé depuis plus de dix ans. Par malchance mon vieil appareil photo m'avait lâché, je n'avais donc que des vielles diapositives éparses de ce haut lieu de l'art roman. Passer une soirée et une nuit ainsi que tout un matin à respirer ce lieu est une chance. En outre j'avais également en tête quelques étapes sur ma route et comme souvent ce que l'on découvre est souvent différent de ce que l'on s'attend à voir.

Ce sont d'abord ces paysages que je souhaite exposer.

L'art roman crée une intimité évidente entre l'ouvrage et le paysage. J'ai toujours été convaincu de cela, il suffit de regarder où sont implantées les églises, les abbayes ou de modestes chapelles. Il y a bien entendu des considérations "utilitaires" comme par exemple la recherche d'un site défensif ou la proximité des ressources comme l'eau ou la qualité des terres. Mais à cela s'ajoute très souvent une dimension esthétique ou spirituelle.

La Haute-Loire, le Cantal et l'Aveyron sont des départements où s'exprime encore toute la beauté du paysage, certes façonné par l'homme depuis des siècles mais parsemés d'obstacles naturels qui imposent leurs forces.

Il en est ainsi des gorges de l'Allier que domine la petite chapelle castrale de Saint-Ilpize ou de l'église d'Auzon qui semble surgir du socle de granite où elle est accrochée. La chapelle du château de Saignes est elle bâtit au sommet d'une ancienne cheminée volcanique et la petite église de Brezons s'emmitoufle d'un épais manteau de forêts et de prés verts, bercée par le seul tintement des sonnailles.

Enfin Conques la bien nommée, à l'écart des routes et possiblement oubliée, elle aurait pu rester l'ermitage sauvage et doux de son fondateur Dadon. Elle, si bien exposée au sud et favorisée de terres fertiles et d'eaux abondantes. Sa destinée sera différente au point que Prosper Mérimée lui-même lors de sa "redécouverte" écrira "n'être nullement préparé à trouver tant de richesse dans un pareil désert".

Saint-Laurent d'Auzon, Haute-Loire.

Saint-Hilaire de Brézons, Cantal

Notre-Dame de Saignes, Cantal

Conques, Aveyron.



dimanche 9 mai 2021

Le Mur d'Hadrien; une frontière de l'imaginaire.


Longer le Mur d'Hadrien a toujours été pour moi une de ces sortes de rêves que l'on se promet de faire, parmi tant d'autres routes que l'on aimerait parcourir comme celle de Compostelle depuis Vézelay ou encore bien plus loin la route de la Soie…
Quand je prépare mes voyages à la découverte de l'art roman je laisse souvent une grande part à l'imprévu sauf quelques lieux qui me paraissent de toute première importance et autour desquels j'approfondis mes recherches. 
Le Mur d'Hadrien depuis mon enfance a bercé mon imaginaire. Il est sans doute l'archétype de la frontière entre deux contraires. Entre le Nord et le Sud en ce qu'ils ont de plus absolu, entre la civilisation et la "barbarie", entre la paix et la violence. Et l'œuvre de George RR Martin a encore élevé plus haut cette dimension symbolique.

Je ne suis cependant pas convaincu qu'a l'époque médiévale qui m'intéresse il occupait une telle place symbolique même s'il est en partie associé à la légende arthurienne.
Ce mur qui ne rejoint que dans son extrémité ouest la frontière de l'Ecosse actuelle, a été doublé quelques années après sa fondation d'un autre mur situé plus au nord, marquant la limite de l'expansion romaine sur les Pictes mais il semble qu'il était vite devenu une barrière "poreuse" et finalement déjà abandonnée avant l'abandon de l'Angleterre par les Romains au début du Ve siècle.
Il n'a jamais empêché les mouvements des populations venues d'Ecosse ou d'Irlande et pas davantage  les invasions des Angles et des Saxons puis des Vikings.

Comme beaucoup d'ouvrages de pierre antiques il a aussi très vite été utilisé comme une carrière de pierre de taille pour la construction des premières églises comme l'abbaye d'Hexham.




Il semble que c'est surtout à partir du Romantisme au XIXe et à notre époque que le Mur d'Hadrien a  acquit une dimension presque passionnelle pour nos amis Anglais.
Aujourd'hui c'est un ouvrage d'apparence modeste, d'une hauteur de quelques centimètres de pierres qui ondule presque en ligne droite ignorant les mouvements des collines et des vallons. Il reste cependant impressionnant pour la beauté des paysages qu'il traverse, sa longueur de prés de 117 kilomètres et les nombreux vestiges qu'il abrite encore, portes, routes, fortins, temples… Il est devenu aussi un chemin de grande randonné très fréquenté.

 Le Mur réserve aussi beaucoup de belles découvertes archéologiques et pour les apprécier il faut se rendre au Musée Handcock de Newcaste upon Tyne qui en reconstitue par maquette le plan et expose de nombreuses œuvres comme des sculptures funéraires ou à caractère militaire mais aussi de nombreuses sculptures religieuses dédiées aux  cultes de Vénus ou de Mithra.





Copyrigth Musée de Newcastle


Mithra semble d'ailleurs avoir été une divinité particulièrement honorée comme en attestent les vestiges d'un petit temple à Carrawburgh. Cette religion particulièrement chère aux militaires romains, occupe une place ambiguë et certains historiens soulignent qu'il était en forte compétition avec la religion chrétienne à ses débuts, laquelle une fois reconnue religion officielle de Rome s'employa à la faire disparaitre méthodiquement et parfois brutalement.






J'ai choisi d'emprunter le long de cet ouvrage d'exception, la première partie de ma route pour cette partie nord de l'Angleterre, je l'ai croisé à plusieurs reprises au nord et au sud avec une petite incursion en Ecosse pour admirer la fabuleuse croix de Ruthwell, avant d'obliquer plus vers le sud. J'ai pu enfin voir ce Sycamore Gap qui m'avait enchanté au cinéma dans un "Robin de Bois " avec Kevin Costner et Morgan Freeman et je n'ai qu'un regret, celui de n'avoir pas pu longer son itinéraire avec tant d'autres, le sac au dos, partie remise.


Google translate


Hadrian's Wall; a frontier  for the imagination.

Walking along Hadrian's Wall has always been for me one of those kinds of dreams that we promise ourselves to have, among so many other routes that we would like to travel such as that of Compostela from Vézelay or even much further on. Silk Road…
When I prepare my trips to discover Romanesque art, I often leave a large part to the unforeseen except a few places which seem to me of the utmost importance and around which I deepen my research.
Hadrian's Wall since my childhood has rocked my imagination. He is undoubtedly the archetype of the border between two opposites. Between the North and the South in what they are most absolute, between civilization and "barbarism", between peace and violence. And the work of George RR Martin has raised this symbolic dimension even higher.
I am not however convinced that in the medieval period which interests me it occupied such a symbolic dimension even if it is partly associated with the Arthurian legend.
This wall which only joins in its western extremity the border of present day Scotland, was doubled a few years after its foundation with another wall located further north, marking the limit of Roman expansion on the Picts but it seems that it had quickly become a "porous" border and finally already abandoned before the abandonment of England by the Romans at the beginning of the 5th century.
He never prevented the movements of populations from Scotland or Ireland and neither the invasions of the Angles and the Saxons then the Vikings.
Like many ancient stone works it was also very quickly used as a freestone quarry for the construction of early churches such as Hexham Abbey.
It seems that it is especially from Romanticism in the 19th century and our time that Hadrian's Wall has acquired an almost passionate dimension for our English friends.
Today it is a work of modest appearance, centimeters high of stone which undulates almost in a straight line ignoring the movements of the hills. However, it remains impressive for the beauty of the landscapes that it crosses, its length of nearly 117 kilometers and the many vestiges that it still shelters, gates, roads, forts, temples… It has also become a very popular hiking trail. .
The Wall also holds many beautiful archaeological discoveries and to appreciate them you have to go to the Handcock Museum in Newcaste upon Tyne which reconstructs the plan by model and exhibits many works such as funerary or military sculptures but also many religious sculptures. cults of Venus or Mithra.
Mithras also seems to have been a particularly honored deity as evidenced by the remains of a small temple in Carrawburgh. This religion, particularly dear to the Roman soldiers, occupies an ambiguous place and some historians stress that it was in strong competition with the Christian religion, which once recognized as the official religion of Rome worked to make it disappear methodically and sometimes brutally.
I chose to borrow along this exceptional work, the first part of the direction of maroute for this northern part of England, I crossed it several times in the north and in the south with a small incursion in Scotland to admire the fabulous Ruthwell cross before turning further south. I was finally able to see this Sycamore Gap which had enchanted me at the cinema in a "Robin de Bois" with Kevin Costner and Morgan Freeman and I have only one regret, that of not having been able to follow its route with so many others, the backpack, part postponed.

mercredi 5 mai 2021

Invitation à une découverte du nord de l'Angleterre.

Ce nouveau périple vous invitera à suivre mes pas à la découverte d'une partie du nord de l'Angleterre romane.

Ce dernier voyage avant cette période si inattendue causée par la pandémie du Covid a été pour moi sans doute l'un de mes plus beaux voyages tant les découvertes y furent nombreuses.

Je vais donc essayer avec cet article introductif sous forme de cartes postales de vous en dévoiler une partie de la richesse. Il faut être modeste on ne peut prétendre en quinze jours saisir toute l'immense variété des paysages, des hommes et du patrimoine. Et, lorsque je regarde en arrière je laisse avec une certaine mélancolie tous ces lieux où j'aurais pu rester des jours pour m'en imprégner davantage.

Mon Voyage ou "vogage" comme les précédents s'est fait sans but précis si ce n'est les étapes romanes et parfois des digressions qui ne sont pas abordées dans ce blog pour en resserrer la découverte autour de l'art roman.

Ma route s'est déroulée de la mer du Nord à la Mer d'Irlande d'est en ouest puis d'ouest en est le long du mythique mur d'Hadrien au nord pour former une boucle au sud par le Lancashire et le Yorkshire. J'ai traversé huit des comtés le plus au nord pour achever ce périple par la légendaire Lindisfarne, l'ile sainte de l'Angleterre.

En passant par le Tyne and Wear, le Northumberland, le Cumbria, le Lancashire, le West Yorkshire, le North Yorkshire, l'East Riding of Yorkshire et le County Durham. Bien loin de moi cependant l'idée d'en présenter une vue exhaustive car plus on voyage moins  on voit en profondeur. Mais revoir mes images pour les préparer pour ce blog renforce mon irrépressible envie de revenir pour revoir ce pays que j'aime pour la beauté de ses horizons la richesse de son patrimoine, la gentillesse et l'accueil chaleureux et espiègle des Anglais.

 Cette Angleterre des paysages est une constante, où que l'on soit, ils s'imposent à vous, et les lieux de randonnées sont innombrables.

De la cote de la Mer du Nord à Bridlington on passe par les landes où le mouton est omniprésent, et la campagne se déroule devant vous comme dans un tableau, de Ingleton à Middelsmoor jusqu'à la Mer d'Irlande à St Bees.



Des millénaires d'histoire et d'art sont à découvrir depuis les premières populations néolithiques en passant par les Celtes,les Romains  les Saxons, les Vikings, et les bâtisseurs du Moyen Age: du Mur d'Hadrien à Rudston, Corbrige ou Brompton. Sans oublier le sourire des jardins et le charme des pubs.



Mon voyage m'a également amené au cœur de grandes villes qui mériteraient à elles seules des jours pour les découvrir, Comme l'éblouissante ville d'York ou encore Durham et  Carlisle . Mais aussi de nombreux villages avec des églises étonnantes comme Stillingfleet, Lasingham ou Nunburnholme.



Enfin cette Angleterre c'est aussi celles des moines et des évangélisateurs. Ces hommes qui dès les premiers siècles de l'ère chrétienne, venus au début d'Irlande ou d'Ecosse, ils vont durablement marquer de leur imaginaire ces territoires. Confrontés aux païens puis à la brutalité des conquérants Saxons puis Nordiques, ils maintiendront en dépit des massacres et des destructions, une foi dont la manifestation est partout visible de l'Ile Sainte à Lindisfarne  en passant par les fonts baptismaux de Bridekirk, Kirkburn, Northgrimston, Ingleton.



Cette présentation ressemblera pour beaucoup à une brochure touristique ce que je ne renie pas. Bien que ma démarche soit totalement bénévole j'aimerai parfois guider un petit groupe de passionnés comme moi sur mes chemins car ils sont aussi ceux de belles rencontres. et d'intenses moments de paix. 


Google translate.


Invitation to a discovery of the north of England.


This new journey will invite you to follow my steps to discover a part of the north of Romanesque England.This last trip before this unexpected period caused by the Covid pandemic was for me undoubtedly one of my most beautiful trips as the discoveries were numerous.So I will try with this introductory article in the form of postcards to reveal part of the wealth to you. You have to be modest, you can't claim to grasp the immense variety of landscapes, people and heritage in a fortnight. And, when I look back I leave with a certain melancholy all these places where I could have stayed for days to soak up more.My Voyage or "vogage" like the preceding ones was done without a precise goal except the Romanesque stages and sometimes digressions which are not approached in this blog to narrow the discovery around Romanesque art.y route went from the North Sea to the Irish Sea from east to west then from west to east along the mythical Hadrian's Wall to the north to form a loop to the south through Lancashire and Yorkshire . I passed through eight of the northernmost counties to complete this journey via the legendary Lindisfarne, the holy island of England.Passing through Tyne and Wear, Northumberland, Cumbria, Lancashire, West Yorkshire, North Yorkshire, the East Riding of Yorkshire and County Durham. However, far from me the idea of ​​presenting an exhaustive view because the more we travel the less we see in depth. But reviewing my images to prepare them for this blog strengthens my irrepressible desire to come back to see this country that I love for the beauty of its horizons, the richness of its heritage, the kindness and the warm and mischievous welcome of the English.This England of landscapes is a constant, wherever you are, they impose themselves on you, and the places for hiking are innumerable.From the coast of the North Sea to Bridlington we pass through the moors where the sheep are omnipresent, and the countryside unfolds in front of you like in a painting, from Ingleton to Middelsmoor to the Irish Sea to St Bees.Millennia of history and art are to be discovered from the first Neolithic populations through the Celts, the Romans, the Saxons, the Vikings, and the builders of the Middle Ages: from Hadrian's Wall to Rudston, Corbrige or Brompton. Without forgetting the smile of the gardens and the charm of the pubs.My trip also brought me to the heart of big cities that alone deserve days to discover them, like the dazzling city of York or even Durham and Carlisle. But also many villages with amazing churches like Stillingfleet, Lasingham or Nunburnholme.Finally, this England is also that of the monks and evangelizers. These men who from the first centuries of the Christian era, who came at the beginning of Ireland or Scotland, they will permanently mark these territories with their imagination. Confronted with the pagans then with the brutality of the Saxon conquerors then Nordics, they will maintain in spite of the massacres and the destruction, a faith whose manifestation is everywhere visible from the Holy Island to Lindisfarne while passing by the baptismal font of Bridekirk, Kirkburn, Northgrimston , Ingleton.This presentation will look very much like a tourist brochure which I do not deny. Although my approach is totally voluntary, I would sometimes like to guide a small group of enthusiasts like me on my paths because they are also those of great encounters. and intense moments of peace.



samedi 1 mai 2021

La chapelle circulaire de Ludlow au cœur des légendes.

 


Cet article clôture cette série consacrée à cette belle région du Shropshire si peu connue et décrite du moins en France et qui réserve tant de surprise pour la beauté de ses paysages naturels et la richesse de son patrimoine qui va bien au-delà de la période romane et préromane que j'aborde dans ce blog. En outre sa situation favorise aussi de nombreuses promenades dans le Pays de Galles voisin qui surprendra ceux qui ne connaissent pas cette région.

J'ai souligné dans le précédent article la position stratégique de premier plan de ce château et la présence d'une telle chapelle en souligne également l'importance politique et sans doute religieuse. 

Or cette chapelle par son plan est un exemple rarissime en Angleterre qui ne fait l'objet en France d'aucune étude sérieuse et de très peu d'ouvrages en Angleterre sauf celles réservé aux chercheurs locaux à l'exception du site " Corpus of romanesque sculpture in Britain and Ireland".


Cette chapelle circulaire est d'une grande dimension avec un diamètre de plus de 8 mètres, elle présente  deux étages de fenêtres et la partie supérieure a été rehaussée de créneaux à l'époque gothique.

 De nombreuses ouvertures plus tardives ont également été percée dans le mur à diverses époques et les grandes baies en-plein-cintre du premier étage sont sans doute de la fin de l'époque romane. Cependant rien ne permet de déterminer s'il existait à l'intérieur un seul et même volume ou s'il y avait des aménagements en bois par exemple ou un plancher à mi-hauteur ce que pourraient induire des corbeaux placés dans le mur intérieur et d'un bandeau de pierre sous les grandes fenêtres à l'extérieur.

Des fouilles menées au début du XXe siècle ont permis d'établir que cette chapelle était prolongée par  une nef rectangulaire avec abside polygonale. Je joins ici un plan sommaire de l'édifice tel qu'il devait être à l'origine.


Ce qui est particulièrement original, c'est le plan de l'église, car en effet l'entrée se faisait par la partie circulaire à l'ouest et ce contrairement à bon nombre de rotondes où la partie circulaire constitue le chevet, je pense par exemple aux églises de Saint Benigne de Dijon, Rieux-Minervois ou Neuvy-Saint-Sépulcre en France.

Cette entrée existe toujours sous la forme d'une belle porte en plein-cintre encadrée d'une double colonnade supportant les trois archivoltes sculptées de motifs typiquement normands en dents de scie et de bâtons brisés. Les chapiteaux à godrons des colonnes complètent également ce décor.



L'entrée de la chapelle est cependant d'une relativement modeste, la hauteur de la porte est de trois mètres mais surtout son ouverture est d'à peine plus d'un mètre et ne devait pas permettre le passage de plus d'une personne à la fois. cela confirme le caractère privé de cette chapelle.




La partie la plus remarquable de la chapelle est à l'intérieur. Le rez-de-chaussée est couronné d'une remarquable frise d'arcatures aveugles dont les colonnes reposent sur une forme de corniches formant comme un banc. Des fragments de pierres tombales ont été placés dans les niches que forment ces arcatures.


Tout le décor est géométrique comme la porte principale et tout aussi soigné. Les sept arcades sont alternativement lisses ou avec un décor de chevrons le tout reposant sur des chapiteaux à godron.








En face de la porte d'accès se trouve encore une large ouverture en-plein-cintre qui occupe presque toute la hauteur du mur devait vraisemblablement donner accès à la nef disparue. La hauteur de cette arche interroge, elle remet en tout cas en cause l'idée qu'il puisse y avoir un étage à mi-hauteur de la rotonde. Cet arc triomphal présente lui aussi un riche décor d'étoiles simples ou doubles dans des losanges sur la totalité de l'arche à l'exception de l'archivolte extérieure décorée de bâtons brisés.






Viennent maintenant les questionnements nombreux et les mystères de ce singulier et magnifique sanctuaire.

La chapelle est dédiée à Sainte-Marie Madeleine ce qui n'est sans doute pas un hasard mais je n'insisterai pas sur le caractère rarissime de ce patronage souvent associé à des lieux de pèlerinage comme Vézelay ou Sainte-Maxime ce qui  n'est pas le cas ici.

Longtemps aussi cette chapelle fut appelée localement la chapelle du Prince Arthur.

Les monuments extraordinaires font souvent l'objet de nombreuses légendes. L'on s'accorde cependant aujourd'hui à dater sa construction de la seconde moitié du XIIe siècle à l'époque où l'un de ses propriétaires  de la famille des Lacy s'apprête à partir en croisade et rejoindre les templiers.

Il est d'ailleurs plus probable que la chapelle sera édifiée à son retour des croisades ce que confirme le décor sculpté qui appartient davantage au roman tardif en Angleterre. Toutefois certains auteurs évoquent une date de construction plus ancienne de la fin du XIe. Il est certain cependant que cette église a été bâtie par référence au Saint Sépulcre de Jérusalem à l'image d'autres rotondes en Angleterre comme Temple Church à Londres ou les églises de Cambridge ou Northampton. Cette église est cependant remarquable et sans doute l'un des monuments majeurs pour l'art roman dans cette région.

Enfin la présence de pierres tombales conduit à penser que cette chapelle devait être un sanctuaire familial ou une chapelle funéraire, mais la somptuosité du décor et l'originalité de l'ouvrage permettent aussi d'imaginer qu'elle avait une fonction politique et de prestige; celle de manifester la puissance ou la faveur de ses propriétaires .



Je dois dire enfin que j'ai eu beaucoup de chance en visitant cette église, car elle se trouvait dans son état d'origine. Depuis la chapelle a été couverte d'une toiture en bois. cet ouvrage est présenté comme une volonté de protéger la chapelle mais aussi d'en valoriser l'usage. En effet ce grand château est une propriété privée comme bon nombre de monuments en Angleterre . La question du coût de l'entretien de ces vastes ensemble est donc cruciale car les aides publics sont très peu nombreux en Angleterre. Toutefois je reste admiratif sur l'excellent état de préservation de la plupart des monuments et surtout leur grande facilité de visite. Il faut seulement désormais s'assurer que la chapelle ne sera pas réservée à un évènement privé comme un mariage pour espérer la découvrir. 



 Je vous invite à parcourir l'excellent site "Corpus of romanesque sculpture in Britain and Ireland" que j'ai cité plusieurs fois, et qui donne des descriptions détaillées ainsi que d'intéressantes références bibliographiques.


Google translate.

Ludlow's circular chapel at the heart of legends.


 This article closes this series devoted to this beautiful region of Shropshire so little known and described at least in France and which holds so many surprises for the beauty of its natural landscapes and the richness of its heritage which goes far beyond the Romanesque period. and pre-addict that I discuss in this blog. In addition its location also favors many walks in neighboring Wales which will surprise those who do not know this region.I underlined in the previous article the prime strategic position of this castle and the presence of such a chapel also underlines its political and undoubtedly religious importance.However, this chapel by its plan is an extremely rare example in England which has not been the subject of any serious study in France and of very few books in England except those reserved for local researchers with the exception of the site "Corpus of romanesque sculpture in Britain and Ireland "This circular chapel is of a large size with a diameter of more than 8 meters, it has two floors of windows and the upper part was enhanced with battlements in the Gothic period.Many later openings have also been made in the wall at various times and the large semi-circular bay windows on the first floor are undoubtedly from the late Romanesque period. However, nothing makes it possible to determine whether there was a single volume inside or if there were wooden fittings for example or a floor halfway up which could be induced by corbels placed in the interior wall and of a stone band under the large windows outside.Excavations carried out at the beginning of the 20th century have established that this chapel was extended by a rectangular nave with a polygonal apse. I enclose here a summary plan of the building as it should have been originally.What is particularly original, it is the plan of the church, because indeed the entry was made by the circular part to the west and this contrary to a good number of rotundas where the circular part constitutes the bedside, I think. for example at the churches of Saint Benigne in Dijon, Rieux-Minervois or Neuvy-Saint-Sépulcre in France.This entrance still exists in the form of a beautiful semicircular door framed by a double colonnade supporting the three archivolts carved with typically Norman sawtooth patterns and broken sticks. The gadrooned capitals of the columns also complete this decor.The entrance to the chapel is however relatively modest, the height of the door is three meters but above all its opening is barely more than one meter and should not allow the passage of more than one person. at a time. this confirms the private character of this chapel.The most remarkable part of the chapel is inside. The ground floor is crowned with a remarkable frieze of blind arches, the columns of which rest on a form of cornices forming like a bench. Fragments of tombstones have been placed in the niches formed by these arches.All the decor is geometric like the main door and just as neat. The seven arcades are alternately smooth or with a herringbone decoration, all resting on gadrooned capitals.Opposite the access door is still a large semicircular opening which occupies almost the entire height of the wall was probably to give access to the missing nave. The height of this arch raises questions, in any case it calls into question the idea that there could be a floor halfway up the rotunda. This triumphal arch also has a rich decoration of single or double stars in diamonds over the entire arch with the exception of the exterior archivolt decorated with broken sticks.

Now come the many questions and the mysteries of this singular and magnificent sanctuary.


The chapel is dedicated to Sainte-Marie Madeleine which is probably not a coincidence but I will not insist on the extremely rare character of this patronage often associated with places of pilgrimage like Vézelay or Sainte-Maxime which is not not the case here.Also for a long time this chapel was locally called the Chapel of Prince Arthur.Extraordinary monuments are often the subject of many legends. However, today we agree to date its construction from the second half of the 12th century to the time when one of its owners from the Lacy family was preparing to go on a crusade and join the Templars.It is also more likely that the chapel will be built on his return from the Crusades, which is confirmed by the sculpted decoration which belongs more to the late Romanesque in England. However, some authors mention an older construction date of the end of the 11th century. It is certain, however, that this church was built with reference to the Holy Sepulcher of Jerusalem in the image of other rotundas in England such as Temple Church in London or the churches of Cambridge or Northampton. This church is however remarkable and undoubtedly one of the major monuments for Romanesque art in this region.Finally, the presence of tombstones leads to think that this chapel must have been a family sanctuary or a funeral chapel, but the sumptuousness of the decoration and the originality of the work also allow us to imagine that it had a political and prestigious function. ; that of manifesting the power or favor of its owners.Finally, I must say that I was very lucky to visit this church, because it was in its original state. Since the chapel has been covered with a wooden roof. this work is presented as a desire to protect the chapel but also to enhance its use. Indeed this great castle is a private property like many monuments in England. The question of the cost of maintaining these vast complexes is therefore crucial because public aid is scarce in England. However, I admire the excellent state of preservation of most of the monuments and especially their ease of visit. It is only necessary now to ensure that the chapel will not be reserved for a private event such as a wedding to hope to discover it. I invite you to visit the excellent site "Corpus of romanesque sculpture in Britain and Ireland" which I have cited several times, and which gives detailed descriptions as well as interesting bibliographical references.


samedi 17 avril 2021

La salle capitulaire de Much Wenlock l'un des sommet de la décoration romane tardive en Angleterre.

 


J'ai laissé pour clôturer ce court voyage dans le Shropshire deux parmi les plus fameux monuments, de ceux qui consistaient pour moi des étapes incontournables du voyage.

La salle capitulaire de Much Wenlock est incontestablement l'une d'elles. Robert Stoll lui-même dans son ouvrage consacré à l'art roman en Angleterre lui consacre quelques lignes pour en souligner selon lui que " l'ensemble est du meilleur de l'art roman tardif en Angleterre".


La salle capitulaire et le lavatorium sont les seuls témoignages de la splendeur de ce prieuré à l'époque romane. Elle aurait été exécutée entre 1160 et 1180 et fait regretter la destruction du cloitre à l'époque Tudor.

Trois vastes arcades d'une l'une fait office de portail ouvraient sur une galerie du cloitre, elles présentent un riche décor purement géométrique en dents-de-scie et d'engrenages. Les colonnes disparues supportent des chapiteaux à godrons richement ornementés.





Cette belle entrée permettait d'accéder à la salle encore plus somptueuse, bien que fortement altérée. Pour Robert Stoll elle était probablement couverte de voutes sur croisées d'ogives.

Chaque mur est recouvert de trois rangées d'arcatures aveugles entrecroisées et superposées ce qui est un cas unique. Le long des arcades court une gorge et certaines arcatures enserrent des niches. Les arcatures sont lisses pour la plupart et parfois ornementées de zigzags ou de rhombes.






Les nombreux petits chapiteaux à la jonction des arceaux sont décorés de roses de palmettes ou d'étoiles et parfois une tête animale très stylisée crachant du feuillage.








On peut imaginer avec la beauté de ce qui frappe le regard du visiteur la splendeur de cette salle dans son état initial et on peut imaginer qu'elle était totalement peinte et sans doute décorée de statues dans les niches du premier niveau. 

Il existe peu d'exemplaire similaire sauf peut-être les cathédrales de Bristol et de Worcester sans atteindre à cette exubérance.

Je m'interroge toujours pour ce gout si particulier à l'Angleterre et aussi à la Normandie pour ce décor totalement abstrait en particulier pour cet usage si fréquent des arcs entrecroisés, je me hasarde à y trouver une influence orientale et il faut regarder vers la Sicile et l'Italie du sud, elles aussi conquises par des Normands, tellement subjugués par la beauté des arts qu'ils découvrent sur place qu'ils n'ont eu de cesse de les reproduire et de les transformer selon leur propres modèles; et les exemples sont nombreux.

L'art roman démontre encore ici son extrême fécondité et inventivité faisant de motifs purement géométriques un sommet de l'expression artistique et à n'en pas douter spirituelle.



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The chapter house of Much Wenlock one of the peaks of late Romanesque decoration in England.


To end this short trip to Shropshire, I left two of the most famous monuments, of those which for me were essential stages of the trip.The chapter house of Much Wenlock is undoubtedly one of them. Robert Stoll himself in his work devoted to Romanesque art in England devotes a few lines to it to underline according to him that "the whole is the best of late Romanesque art in England".The chapter house and the lavatorium are the only testimonies to the splendor of this priory during the Romanesque period. It would have been executed between 1160 and 1180 and makes you regret the destruction of the cloister in the Tudor era.Three vast arches, one of which serves as a portal, opened onto a gallery of the cloister, they present a rich purely geometric decoration in sawtooth and gears. The missing columns support richly ornamented gadroon capitals.This beautiful entrance provided access to the even more sumptuous room, although it was heavily weathered. For Robert Stoll it was probably covered with cross-ribbed vaults.Each wall is covered with three rows of blind arcades crisscrossed and superimposed which is a unique case. Along the arcades runs a gorge and some arches enclose niches. The arches are mostly smooth and sometimes adorned with zigzags or rhombuses.The many small capitals at the junction of the arches are decorated with roses, palmettes or stars and sometimes a very stylized animal head spitting out foliage.We can imagine with the beauty of what strikes the visitor's gaze the splendor of this room in its initial state and one can imagine that it was completely painted and undoubtedly decorated with statues in the niches of the first level.There are few similar copies except perhaps the cathedrals of Bristol and Worcester without reaching this exuberance.I always wonder for this taste so particular to England and also to Normandy for this totally abstract decoration in particular for this so frequent use of intersecting arches, I venture to find an oriental influence there and you have to look towards the Sicily and southern Italy, also conquered by the Normans, so captivated by the beauty of the arts that they discovered on the spot that they never stopped reproducing and transforming them according to their own models; and there are many examples.Romanesque art again demonstrates here its extreme fertility and inventiveness, making purely geometric patterns a summit of artistic expression and undoubtedly spiritual.