dimanche 31 mai 2015

Les églises romanes oubliées des terres froides; les énigmes de Chaponnay .

Il y a peu d'églises remarquables à découvrir dans cette partie de l'Isère au nord des grandes villes riches de beaux monuments que sont Lyon à l'ouest et Vienne au sud .Dans un territoire réputé pour la rigueur de ses hivers et l'omniprésence de la pierre comme dans la charmante petite ville de Crémieu qui ne conserve aucun monument de l’époque romane.

Chaponnay ne devrait pas figurer dans ce billet puisque la commune est rattachée au Rhône mais seulement depuis 1967 pour avoir été détachée de l'Isère . l'origine de son nom ne semble pas être
plus ancienne que le Xe siècle ou il est fait mention d'un "Val Camponiaco " ou Caponia et d'un seigneur illustre qui au début du XIIe aurait participé aux croisades.

Je ne sais pas faute de document si les restes intégrés dans l'actuelle église Saint-Barthélemy proviennent de cette époque mais cela est vraisemblable mais en tout cas les quelques vestiges qui demeurent permettent sans aucun doute de les rattacher aux ateliers de sculpture viennoise du XIIe.

Un portail qui semble avoir été largement reconstitué peut être en recréant ou intégrant des pierres d'une archivolte d'origine possède deux chapiteaux à la signification énigmatique. Quelques pierres on été aussi noyées dans la maçonnerie de l'église .


Je suis bien sûr tés intéressé par toute information qui pourrait m’être apportée sur ces restes épars .

lundi 25 mai 2015

Quelques églises du centre de l'Isère.

La région de Bourgoin-Jallieu, aujourd'hui petite ville industrielle sans caractère notoire offre des trésors incomparables pour l'amateur d'art roman et en particulier les merveilleuses fresques de saint-Chef auxquelles j'ai déjà consacré un court billet.
La route qui allait de Vienne aux Alpes jusqu'à l'Italie était déjà une route majeure pour les gaulois et les romains qui créèrent tout une série de relais militaires et économiques jusqu'à Milan dont l'antique Bergusium. Il n'est pas étonnant qu'à l'époque romane cette route connut une nouvelle ferveur augmentée par la grande route de pèlerinage vers Rome la Via Francigena.

Je consacre aujourd'hui ce billet à des églises moins connues qui bordent cette route.

La plus ancienne est la modeste chapelle de Saint-Germain de L'Isle-D'Abeau située sur un promontoire antique qui domine toute la vallée . C'est un charmant édifice a plan très simple mais dont l'harmonie des formes et la qualité de son appareillage rustique ainsi que sa couverture de lauzes opèrent un attrait certain sur le visiteur.
La tour carrée sans doute remaniée est contemporaine de l'église et assurait vraisemblablement une fonction défensive. Le petit clocher-mur est lui plus tardif. l'ensemble des éléments de l'église qui réemploi des pierres antiques permet de la dater du XIe siècle.



Juste en contrebas située sur une autre bute se trouvent les reste mutilés d'une commanderie templière, La maison du Temple de Vaulx sur la commune de Saint-Alban de Roche est une propriété privée et je tiens particulièrement à remercier Monsieur Garnier et Mademoiselle Fernandez qui m'ont autorisé à y pénétrer.

La fondation de cette commanderie date de la première moitié du XIIe et est citée dans le fameux Cartulaire du Temple de Vaulx manuscrit des XIIe et XIIIe qui évoque les noms et les fonctions des frères mais aussi les nombreux échanges, dons et achat qui participèrent à la création de cet ordre militaire.

Il est bien dommage que ce site ne fasse pas l'objet d'une rénovation d'ampleur à la fois du corps de logis principal ainsi  que de la chapelle dédiée à Saint-Jean Baptiste construction largement ruinée qui conserve encore un chevet en cul-de-four . Des traces des bâtiments conventuels sont encore visibles dans les remises.




Plus loin vers les confins du Bugey je repasse par Saint-Didier d'Aoste puisque enfin j'ai pu pénétrer dans cette vénérable église trop souvent fermée .


Je renvoie à mon précédent billet pour plus d'explications sur cette église et l'occasion est ainsi donnée de découvrir son harmonieuse abside et sa travée du chœur sous coupole mais aussi de remarquer une belle mais simple table d'autel romane, un bénitier creusé dans une pierre antique et les reliefs de fresques détruites par une restauration maladroite et datant de la fin du XIIe ou du début du XIIe où l'on croit reconnaître l’évêque martyr de Vienne, Saint-Didier.


jeudi 14 mai 2015

Les églises de Mésage .

Sur une butte dominant la vallée de la Romanche de l’autre coté de Vizille se trouve deux beaux édifices romans témoin de l'art alpestre et pourtant toute deux d’époques et de vocations différentes.

L'église paroissiale Sainte-Marie ou Notre Dame entourée de son cimetière est la plus ancienne dont la première mention apparaît dans le testament d'Abbon en 739.
L'église de modeste dimensions semble dater cependant du XI e en particulier son abside en cul de four et petit appareil coiffée d'un charmant clocher à un étage  avec baies géminées et sa flèche pyramidale en tuf . La décoration y est modeste mais les bandes lombardes et les deux bandes en dents d'engrenage sont caractéristiques de l'art lombard du XIe. Fermée lors de ma visite je reste cependant charmé par la simplicité et l'harmonie de celle-ci .



Un peu en contrebas; la chapelle Saint-Firmin est une belle construction du XII e seule témoignage du ancienne commanderie affiliée à l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et un des rare qui demeure des ordres militaires pourtant assez fréquents dans les vallées alpines.

L'église aussi fermée lors de ma visite est parfaitement homogène appareillée avec grand soin avec le tuf local qui en constitue l'unique matériau de construction .




Le clocher est particulièrement soigné et remarquable par son élévation et la justesse de ses proportions sur deux étages couronné par une svelte flèche en pierre de tuf évidé a l'intérieur .
Un décor discret et rustique se déploie aux amortissements des arcatures de masque d'animaux ou d'abbé avec sa crosse.

Bien que modeste ce charmant édifice que l'on voit de loin est un bel exemple de la simplicité d'un art en parfaite harmonie avec la majesté des lieux qui l'entourent .


dimanche 10 mai 2015

Quelques églises de l'Isère; Notre-Dame de Vizille .

Je poursuis mon périple en Rhône-Alpes pour donner quelques jalons du riche patrimoine roman de l'Isère, partagé entre ses deux diocèses Grenoble et Vienne mais qui feront l'objet d'un voyage plus complet plus tard en particulier pour Vienne et sa région tant la richesse de ses monuments y est importante.

Vizille au Nord de Grenoble est aujourd'hui plus connu pour son château-musée mais conserve encore dans le cimetière qui surplombe la ville des restes d'une église qui bien que dévastée était d'une grande importance sur la route de pèlerinage pour Rome qui passait par le col du Lautaret.
Le lieu est attesté depuis le Xe siècle mais est une fondation clunisienne du XIIe dont les restes en ruine du bâtiment laissent difficilement penser à la présence d'une église qui devait posséder quatre travées.


au milieu de ces pierres de petit appareil s'ouvre un magnifique portail qui en dépit de ses mutilations est sans doute l'un des plus accompli pour cette époque en Dauphiné. La finesse de ses sculpture, la qualité des matériaux utilisés l'alternance des couleur de l'archivolte et des piédroits ne sont pas sans rappeler les sculptures de l'Italie du Nord.


Là encore la recherche de la polychromie est remarquable que ce soit par l'emploi de la pierre jaune et blanche et l'alternance de schistes bleus. La finesse de la sculpture se révèle aux fins chapiteaux qui semblent être des œuvres de la Renaissance italienne .


Mais la partie la plus remarquable est le superbe tympan et son linteau en albâtre blanc représentant le Christ triomphant entouré des symboles de évangélistes associé à la Scène figurant au linteau.

C'est à ce tympan que l'on peu admirer la finesse et la maîtrise du sculpteur en particulier au drapé du manteau du Christ ou encore à la représentation des symboles des évangélistes qui ne sont pas sans rappeler les tympans d'Arles et de Saint-Gilles du Gard.




Au linteau le Christ est entouré des douze apôtres tous disposés sauf un autour d'une longue table. En regardant bien on peu observer que chacun des apôtres est vêtu différemment et esquisse un geste différent. Un seul visage échappé du massacre des guerres de religion laisse deviner l'intensité de l'expression que le sculpteur a voulu donner à chacun de ces personnages .



La grande qualité de la sculpture mais aussi l'association assez rare du Christ et du Tétramorphe du tympan et de la Scène au linteau permet d'associer ainsi parfaitement cette oeuvre unique aux grands ateliers provençaux mais aussi bourguignons marqués par l'influence de Cluny dans la région.

Le décor sculpté de la cathédrale de Valence .

On pénètre par une porte sud dans la nef , porte largement restaurée mais dont l'emploi de la pierre blanche et jaune comme pour certaines parties du transept est un effet décoratif certain. Au dessus et en remploi une belle inscription romane est dédiée à Saint-Apollinaire l’évêque du Ve siècle . Sur le linteau en bâtière une autre inscription atteste que " l'an de l'Incarnation du Seigneur 1095, indiction seconde aux nones d’août, Urbain II, pape avec douze évêques , a dédié cette église à la bienheureuse Vierge Marie et des saint martyrs Corneille et Cyprien".

Toutefois cette inscription semble dater de l'église antérieure à celle que nous visitons aujourd'hui.

L'église conserve encore deux portails, sud et nord le portail occidental ayant été détruits avec le clocher-porche.

Le portail sud très mutilé laisse deviner un Christ en majesté entouré des symboles de évangélistes et de quatre anges aux corps allongés ailes déployées et vêtus d'une longue et harmonieuse tunique .
La sculpture est d'un grand raffinement et laisse encore apparaître des traces de couleurs .



Le linteau semble être curieusement d'une autre "main" que le tympan, le tableau principal pourrait être la distribution des pains et des poissons par le Christ que lui tendent deux serviteurs.

Au nord il ne reste qu'un linteau dont les scènes sont plus visibles et représentent en cinq tableaux le rôle de la Vierge dans le mystère de l'incarnation dans une ville fortifiée qui est sans doute Jérusalem dont les tours et les courtines constituent le cadre .



A l’intérieur plus de 500 chapiteaux ornaient l'église dont il reste  un peu plus de 300 souvent restaurés, mais avec un décor essentiellement végétal ou de type corinthien . Seuls quelques chapiteaux historiés modestes subsistent principalement autour des hautes fenêtres du mur sud, on y remarque le thème de Tobie et le poisson que l'on a déjà rencontré à l'église Saint-Jean voisine.





Il faudrait ajouter à cette visite les fragments de mosaïques visible au musée épiscopal et qui justifieront une nouvelle visite.