jeudi 31 mars 2011

Découverte de la symbolique romane; L'Eléphant !




Fresque de Gourdon (Saône et Loire )
Le titre est sans doute "pompeux" , car je ne prétendrai pas ici décrypter la symbolique romane dans ce blog ; l'exercice est hasardeux si ce n'est impossible car dans le symbole il y a toujours place à l'interprétation et sans doute à la controverse.
Ma démarche est avant tout de tenter par l'image de partager l'extrême richesse de cet art médiéval , ses influences ses "correspondances " ses résonances aussi et son infinie variété .
Je souhaite aussi ne pas me restreindre à la description des édifices romans mais aussi tenter de voir ce qui les rassemblent et les différencient dans des déclinaisons multiples.
Dieu n'aime t'il pas la variété ...!

Pour ce soir j'ai choisi par amusement la symbolique de l'éléphant (j'adore cet animal !) ;
Je trouve en effet si surprenant de rencontrer dans de multiples édifices des représentation d'un animal si exotique et  fabuleux pour les hommes du XIIème siècle !
Sans doute aucun de ces sculpteurs anonymes n'en a t'il jamais rencontré,  tout au plus pouvaient ils les imaginer  par les descriptions approximatives des récits comme celui  du fameux éléphant blanc que Haroun Al Rachid offrit à Charlemagne pour son couronnement ! Et pourtant ces représentations parfois mêlées de fantastique, ne sont pas si éloignées de la réalité .

L'on s'étonne ainsi de découvrir  de nombreuses images de cet animal , toujours associé au "Bien" .
Image du paradis originel avant la "faute" associé à une végétation luxuriante comme au narthex de Perrecy les Forges en Bourgogne .
Perrecy les Forges (Saône et Loire) chapiteau du narthex.

Il est aussi le symbole de la chasteté, de la modération et de la sagesse, mais aussi de la force ; symbolisme finalement proche de l'Asie où l'éléphant occupe une place privilégiée jusqu'à être divinisé.
Il est aussi associé au baptême car sa femelle met bas dans l'eau d'un étang tandis que le mâle veille contre le mal , le serpent .
Beaucoup d'auteurs médiévaux le compareront pour ces vertus  à la Vierge .
Ou à la femme aimante  du Cantique des Cantiques (4.4) dont le cou
             "est comme la tour de David
              bâtie pour faire un arsenal;
              mille boucliers y sont suspendus,
              tous les boucliers des héros".
Aulnay de Saintonge (Charente Maritime)
Vorly (Cher: les éléphants attachés par leur trompes)

Pomposa (Italie: mosaïque romane de la nef)

Surgères (Charente Maritime: chapiteau du portail)

Bâle (Suisse fenêtre du chevet de la cathédrale )

jeudi 24 mars 2011

le tympan et le linteau de Pompierre

Il est temps maintenant de s'intéresser au tympan et au linteau qui constituent le centre de l'intérêt de ce portail
L'ensemble peut être divisé en trois parties; le linteau tout d'abord, très large encadré par une frise de rinceaux semble occuper une place principale .
Il représente l'entrée du Christ à Jerusalem, un Christ en gloire et couronné, sur une ânesse suivi des apôtres au premier rang desquels on reconnaît Saint-Pierre, chacun portant des palmes de la main droite .

Devant la ville des personnages sont montés aux arbres et d'autres en foule attendent le Christ aux pieds de la Ville .

deux autres personnages présentent devant le Christ un linge en signe de bienvenue et de déférence devant sa royauté .J'aime beaucoup l'émotion et la force de cette sculpture ...
Enfin la Ville toute entière apparaît sous la forme d'un mur avec des portes ouvertes, puis une figure  féminine avec un enfant dont l'interprétation reste discutée, car si elle semble représenter d'évidence la Vierge à l'enfant , on remarquera que celui-ci porte sa main à son sein , qui on conduit certain à y voir une image de Filia Sion comme Nova Ecclesia , une représentation de l'Eglise.
Enfin le tympan lui même divisé en arcatures représente l'adoration des Mages à une Vierge en majesté et l'annonce aux bergers de la naissance du Christ.



Enfin dans la partie supérieur du portail l'on reconnait le massacre des innocents par Hérode et la fuite en Egypte. C'est en particulier cette représentation du massacre des innocents qui a fait penser à certains qu'il y aurait quelque allusion au lieu de la rencontre entre les petits enfants de Clovis, à une époque de grande tension et rivalités familiales des rois Mérovingiens ...


mardi 22 mars 2011

Pompierre ; un portail d'exception

Le portail est composé d'un ébrasement à trois voussures, retombant sur des colonnes richement décorées,
les voussures elles même sont ornées de palmettes , de fleurs et couronnées à l'extérieur par un zigzag saillant .
Chaque colonne repose sur des chapiteaux qui figurent des lions ou des masques, un seul historié, illustre la résurrection de Lazare .Cette ornementation végétale si riche correspond parfaitement à l'art du dernier quart du XIIème siécle et en particulier à d'autres éléments de décor de la proche Cathédrale de Verdun.






Enfin deux hommes nus supportent le linteau , représentation fréquente dans bon nombre d'édifice romans, ces sculptures ont toujours une saveur particulière; les hommes sont ainsi généralement représentés sous des traits exotiques ou barbares dans une position de soumission et de défaite. peut être peut on y voir un symbole de victoire de la "vraie Foi" sur le paganisme ou l'hérésie encore fréquente dans cette ancienne Gaule.

vendredi 18 mars 2011

Pompierre; le joyau de la vallée du Mouzon

C'est un endroit étonnant pour y trouver sans doute l'un des plus beau portail roman de toute la Lorraine !
Imaginez le contraste d'un charmant village traversé par le bucolique Mouzon , et le portail sculpté dont l'art et la richesse se trouverait d'avantage à la façade d'une cathédrale ou d'une grande Abbaye . En outre et ce qui en accentue encore le caractère insolite , est que ce portail est le seule teimoignage d'une ancinne église détruite au XIXème .
Pompierre tire son origine du pont de pierre qui traversait deja le Mouzon à cet endroit et ce sur l'emplacement d'une ancienne voie romaine.
Le lieu est baigné dans la légende,celle des combats fratricides entre les petits fils de Clovis à l époque des royaumes Mérovingiens ; c'est ici en effet que Gontran, Roi de Bourgogne aurait rencontré son neveu Childebert , Roi d'Austrasie en 577...
La présence d'un si remarquable portail dans ce modeste village aurait ainsi un rôle commémoratif , un chapelle aurait été edifiée sur le lieu de cette rencontre puis successivement modifiée jusqu'au monument acteul qui est du XIIème siecle.
Pourtant ces explications ne trouvent confirmées par peu de sources et pas d'avantage par le sujet que traite le portail .
Celui-ci est un grand portail de plus de 5m de haut pour plus de 4 de large, en grès jaunâtre de la vallée du Mouzon., reconstruit pierre par pierre au XIX, lorsqu'un curé obscurantiste décida de détruire l’église romane, trop petite pour reconstruire l'église actuelle sans âme ni style .

jeudi 17 mars 2011

La Lorraine sur les rives du Mouzon (2)

En quelques kilomètres l'on peut visiter prés d'une dizaine d'édifices d'intérêt , pour certains modestes pour d'autres encore de belle facture, l'ensemble témoignant de la richesse de cette Lorraine du Sud à l'époque romane.
Il en est ainsi à Robécourt qui ne conserve qu'une parte de sa nef romane et son mur nord , hélas cette église est fermée, et à Vrécourt dont la massive église conserve encore un beau clocher à arcatures .

 Un peu plus loin c'est le charmant village de Saint-Ouen les Parey que l'on découvre et dont la grande église est dédiée Sainte Ode , son tombeau est visible dans la nef, il date du XIVè et présente la particularité d’être surélevé , un escalier permettant aux pèlerins de passer sous le tombeau .
De l'époque romane, l'église ne conserve que sa nef , puissante , et qui présentait à l'origine sept arcatures en plein cintre , dont il ne reste plus aucune trace de décor mais dont l'impression de masse et de solidité et tout a fait saisissante .

Enfin Rozières-sur-Mouzon dont l'église Notre-Dame à été largement transformée au XVè siècle ne préservant qu'une parties des murs mais surtout un très intéressant tympan utilisé en réemploi  dans la porte d'entrée en arc brisé.Cette sculpture est ornée sur ses deux faces de motifs géométriques , hélas la fermeture de l'église ne me permettra pas de voir une partie des sculptures.Le tympan figure une croix latine entourée de deux  spirales, symboles solaire et lunaire et de petites croix de Saint-André et qui pourraient figurer des étoiles, le symbolique chrétienne est ici clairement associée à la symbolique païenne ou celtique que beaucoup de spécialistes retrouve dans l'art roman , et qui est si fascinante .



dimanche 13 mars 2011

La Lorraine sur les rives du Mouzon

La charmante rivière du Mouzon serpente entres les collines du sud des Vosges à la limite de la Lorraine et de la Champagne au milieu d'un chapelet d'églises .
Parmi celles-ci à quelques kilomètres au sud de Neufchateau , je fait une petite halte à Médonville, modeste hameau dont la belle église Notre-Dame située au dessus du village offre un belle exemple de cet art roman de Lorraine .
Ce qu'il en reste est encore harmonieux par la qualité de son architecture en belle pierre calcaire .
A quelques kilomètres seulement , Gendreville possède encore une belle église que est déjà influencée par le premier art gothique mais dont l'aspect est nettement roman.
Devant le porche un beau Calvaire vraisemblablement du XVè, dont l'assise est entouré de quatre cranes . Quel dommage seulement que toutes ces églises soient fermées à la visite !

mardi 8 mars 2011

Merveilles romanes de l'Ain; deux Vierges .

Je commence ici une nouvelles série de billets sur ce si riche et varié département de l'Ain ou j'habite .
Les oeuvres romanes y sont aussi nombreuses que variées comme ces billets tenteront de le faire découvrir .
Elles sont aussi souvent modestes et peu connues mais concourent grandement à l'émotion que provoque l'art roman pour le visiteur, et pour moi même.
Je commence ainsi par deux superbes vierges  apparentées à un art roman  tardif mais .

La première est visible dans l'église de Poncin dont l'aspect extérieur ordinaire ne laisse en rien présumer la présence d'une telle merveille.
Cette Vierge réalise en feuille de plomb et d'étain sur âme de bois représente une mère hiératique portant l'enfant Jésus sur ses genoux , une colombe dans la main droite , tandis que l'enfant bénit également de la main droite , autrefois déposée dans la chapelle d'un hameau voisin d'Allement , située en bord d'Ain qui connaissait au Moyen-Âge la prospérité par le flottage du bois .
Celle Vierge et son fils tous deux couronnés à été plusieurs fois repeinte et en particulier au XIXè, mais dans la tradition du Moyen-Âge.
Bien que difficilement datable elle pourrait appartenir au XIIIè voir même plus tardive , mais sont inspiration et son style sont encore fortement marqué par l'influence romane .

La seconde plus ancienne est visible dans le très riche musée de l'Abbaye de Brou , mais son origine et sa provenance plus mystérieuses.
Peut-être et par analogie peut-on tenter de la rapprocher d'autres sculptures voisines en Bourgogne ou en Auvergne.
Si l'oeuvre est en partie mutilée elle est d'une grande harmonie et d'une grande force , la gravité du regard de Marie est frappant , comme si cette dernière présageait du destin de l'enfant entre ses genoux .La puissance de l'oeuvre favorise cette longue introspection par le regard contemplatif .