mercredi 27 janvier 2021

Les fonts baptismaux de Claverley.


 Le village de Claverley situé sur une éminence a toujours été peuplé et ce bien avant la conquête Normande et était une importante fondation saxonne. Il est donc logique que les nouveaux possessionnés de ces territoires ont souhaité laisser leur empreinte. S'il ne reste rien extérieurement de l'église du XIIe largement reconstruite au siècle suivant; celle-ci conserve cependant plusieurs témoignages précieux de l'époque romane.

Le plus exceptionnel est un ensemble de fresques qui fera l'objet du billet suivant et pour l'heure attardons-nous à l'admiration de deux cuves baptismales.

L'une est actuellement située à l'entrée de l'église c'est la plus simple mais peut-être la plus ancienne car elle pourrait dater du XIe siècle selon les auteurs du Corpus of Romanesque Sculpture in Britain and Ireland. Si c'était le cas, car toute datation est incertaine, ce serait exceptionnel car il y a très peu de témoignages de ce type subsistant de l'époque saxonne. 

La cuve est dépourvue de tout décor et se compose en trois parties séparées aujourd'hui d'un renfort métallique. Un base assez étroite, puis une cuve évasée et ronde et enfin un rebord de trois rouleaux lisses.

La deuxième cuve est elle beaucoup plus travaillées par son style elle peut sans difficulté être rattachée à la tradition romane du XIIe siècle.

La cuve composée en deux parties présente une vasque centrale légèrement évasée vers le haut qui repose sur un socle de trois boudins, deux cylindriques et un octogonal.

La partie basse de la cuve est décorées d'une rangée de billettes et d'une série de quatorze arcatures aveugles savamment travaillées. Aux écoinçons supérieurs des arcatures sont sculptés des motifs végétaux de palmettes ou fleurs de lis parfois inversés.

La particularité du décor tient aux arcatures d'une grande variété, en particulier pour les colonnes décorées de spires de tores de billettes d'anneaux ou de perles avec une alternance verticale ou horizontale.


Cette inspiration fait clairement référence à la nef d'une église normande comme par exemple  celles des églises de Durham ou de Dunfermline. Ce décor d'arcatures aveugles se retrouve souvent sur les cuves baptismales. Plus que bien des objets liturgiques la cuve a en effet une forte portée symbolique et la reprise d'un décor des monuments religieux fait immanquablement penser à l'entrée dans un temple sacré. La cuve symbolisant également par le baptême l'entrée dans la foi, sans doute la condition la plus sacrée à l'époque du moins. 


Une fois encore on peut remarquer l'emploi d'une feuille de plomb martelée pour recouvrir tout l'intérieur de la cuve. et on ne manquera pas d'admirer les superbes tombeaux et pierres tombales d'époque Tudor et en particulier celle de Sir Robert Broke entouré de sa première et de sa seconde épouse, une forme curieuse et je dois dire savoureuse de polygamie dans la mort.







Google translate.

The baptismal font in Claverley Church.

The village of Claverley located on an eminence has always been populated long before the Norman Conquest and was an important Saxon foundation. It is therefore logical that the new owners of these territories wished to leave their mark. If nothing remains on the outside of the 12th century church, which was largely rebuilt in the following century; however, this one preserves several precious testimonies of the Romanesque period.The most exceptional is a set of frescoes which will be the subject of the following post and for the time being let us dwell on the admiration of two baptismal tanks.One is currently located at the entrance of the church, it is the simplest but perhaps the oldest because it could date from the 11th century according to the authors of the Corpus of Romanesque Sculpture in Britain and Ireland. If this were the case, because any dating is uncertain, it would be exceptional because there are very few evidence of this type surviving from the Saxon era.The tank is devoid of any decoration and consists of three parts now separated by a metal reinforcement. A fairly narrow base, then a flared and round tub and finally a rim of three smooth rollers.The second tank is much more worked on by its style and can easily be linked to the Romanesque tradition of the 12th century.The tank composed of two parts has a central basin slightly flared upwards which rests on a base of three rolls, two cylindrical and one octagonal.The lower part of the tank is decorated with a row of billets and a series of fourteen skilfully crafted blind arches. On the upper spandrels of the arches are sculpted plant motifs of palmettes or fleur-de-lis sometimes inverted.The particularity of the decoration is due to the arches of a great variety, in particular for the columns decorated with turns of tori of rings or beads with a vertical or horizontal alternation.This inspiration clearly refers to the nave of a Norman church such as those of the churches of Durham or Dunfermline. This decoration of blind arches is often found on baptismal fonts. More than many liturgical objects, the tank has indeed a strong symbolic significance and the resumption of a decoration of religious monuments inevitably makes one think of entering a sacred temple. The tank also symbolizes entry into the faith through baptism, undoubtedly the most sacred condition at the time at least.Once again we can notice the use of a hammered lead sheet to cover the entire interior of the tank. and one will not fail to admire the superb tombs and tombstones of the Tudor period and in particular that of Sir Robert Broke surrounded by his first and his second wife, a curious and I must say tasty form of polygamy in death.






dimanche 17 janvier 2021

Le portail d'Aston Eyre.


 L'église d'Aston Eyre isolée au milieu d'un hameau de quelques maisons est une construction modeste du XIIe siècle remaniée aux époques ultérieures en particulier le chœur, mais fidèle à la tradition courante des églises à nef unique d'Angleterre.

L'intérieur très dépouille garde un bel arc triomphal séparant la nef du chœur mais celui-ci est brisé et semble plus de transition romano-gothique. La décoration simple rappelle cependant la tradition romane des arcs brisés.


La partie la plus ancienne est manifestement le tympan de la porte ouest encadrée de colonnettes à chapiteaux à crochets déjà gothiques.

La scène représentée est assez inhabituelle pour un tympan d'une porte principale; celle de l'entrée du Christ à Jérusalem. Cependant le message symbolique est assez simple, le Christ entre dans la Jérusalem qui sera celle de son supplice mais aussi de l'accomplissement et les fidèles entrent dans une église, lieu de rédemption des péchés à l'image d'une Jérusalem céleste.



La composition de l'ensemble peut paraître assez naïve et malhabile. Le Christ qui occupe tout le centre de la composition est assis sur un âne. La position du corps est quelque peu disproportionnée. la tête et le buste  paraissant rétrécis par rapport aux jambes bien plus longues. Le Christ est figuré de face une main tenant un rameau  et l'autre bénissant. Barbu il a la tête entouré d'un halo qui conserve des traces de la polychromie d'origine.


Devant lui un homme barbu est assis dépose des branchages ou des feuilles et derrière un autre homme étale un manteau sous les sabots d'un âne plus petit. Les auteurs du "Corpus of romanesque sculpture in Britain and Ireland"; suggèrent que cet âne serait le petit de celui sur lequel est monté le Christ, ce qui me semble peu probable. Je suggère de lire ce tympan un peu comme une histoire en trois scènes, la première est celle de l'arrivée du Christ qui n'est que figurée. La petite taille de l'animal étant peut-être une tentative malhabile mais notable de perspective. La scène centrale est celle de l'entrée triomphale du Christ suggérée par l'immense taille du personnage et de l'animal, et ce jusqu'à son entrée effective.




Certains auteurs ont également voulu rapporter cet ensemble à la célèbre école de sculpture du Herefordshire. Hypothèse encore discutée mais peu convaincante, car ici la sculpture est plus rapide et "grossière" et déclinante et bien loin de l'art vif et maitrisé des sculpteurs de la province voisine, dont on ne peut cependant discuter l'influence bien au-delà des limites du Herefordshire.


Google translate.

The Aston Eyre portal.


The secluded Aston Eyre Church in the middle of a hamlet of a few houses is a modest 12th century construction altered in later eras especially the choir, but true to the current tradition of single-nave churches in England.The very bare interior retains a beautiful triumphal arch separating the nave from the choir, but the latter is broken and seems more Roman-Gothic transition. The simple decoration, however, recalls the Romanesque tradition of pointed arches.The oldest part is obviously the tympanum of the west door framed by small columns with already Gothic hooked capitals.The scene depicted is quite unusual for a tympanum of a main door; that of Christ's entry into Jerusalem. However, the symbolic message is quite simple, Christ enters Jerusalem which will be that of his torment but also of fulfillment and the faithful enter a church, a place of redemption from sins in the image of a heavenly Jerusalem.The composition of the whole may seem quite naive and clumsy. Christ who occupies the entire center of the composition is seated on a donkey. The position of the body is somewhat disproportionate. the head and the bust appearing narrowed compared to the much longer legs. Christ is shown from the front, one hand holding a branch and the other blessing. Bearded, his head is surrounded by a halo which retains traces of the original polychromy.In front of him a bearded man sits laying branches or leaves and behind another man spreads a coat under the hooves of a smaller donkey. The authors of "Corpus of romanesque sculpture in Britain and Ireland"; suggest that this donkey would be the young one of the one on which Christ rode, which seems unlikely to me. I suggest reading this tympanum a bit like a story in three scenes, the first is that of the arrival of Christ which is only figurative. The small size of the animal being perhaps a clumsy but noticeable attempt at perspective. The central scene is that of the triumphal entry of Christ, suggested by the immense size of the character and of the animal, until his effective entrySome authors have also wanted to bring this set to the famous Herefordshire School of Sculpture. Hypothesis still discussed but not very convincing, because here the sculpture is faster and "coarser" and declining and far from the lively and mastered art of the sculptors of the neighboring province, whose influence we can not however discuss well beyond from the limits of Herefordshire.

samedi 9 janvier 2021

Les fonts baptismaux de l'église de Berrington.


 Berrington est un minuscule et charmant village quelques kilomètres au sud-est de Shrewsbury dont la fondation est exactement connue et remonte à 1170 pour l'église qui est une dépendance de la puissante abbaye voisine.



Il ne reste aucun élément d'envergure de l'église du XIIe à l'exception des fonts baptismaux qui sont vraisemblablement de la fin du XIIe ou du début du XIIIe. En effet l'archaïsme ou plutôt la naïveté de la sculpture laisse à penser qu'il s'agit d'une œuvre tardive et je me suis même interrogé sur sa place dans ce blog mais encore une fois on peut observer la persistance des formes et des influences romanes dans cette sculpture.


En outre le remarquable auteur du Corpus de la sculpture romane en Grande-Bretagne et en Irlande en propose une description, je n'avais dès lors aucune raison de ne pas les présenter ici.

Comme beaucoup de cuves de cette région celle-ci présente une simple forme circulaire d'un diamètre de 80 centimètres approximativement placé sur un morceau de colonne romaine.







Ce qui est plus intrigant est sa décoration.

Celle-ci frappe en effet par sa naïveté et son archaïsme apparent et n'est manifestement pas l'œuvre d'un artiste de renom. En outre la décoration se démarque franchement des inspirations des cuves de la région ou du Hereford.

Elle est en effet gravée de sept visages humains aux expressions aux traits simples et aux expressions parfois inquiétantes. La plupart des visages sont hiératiques presque désincarnés, aux petits yeux fixe gravés d'un simple trou et aux nez triangulaires. certains ont une bouche charnue et boudeuse ou étonnée, l'un d'eux tire la langue.





Au milieu de cette galerie de portraits ont été gravé deux animaux maladroits, l'un est un oiseau peut-être un coq ou une colombe l'autre est un quadrupède avec une queue avec des pattes qui semblent griffues. L'auteur de l'article qui lui est consacré y voit la représentation d'un chien ce qui me paraît discutable. Je suggère davantage un lion ou pourquoi pas un agneau qui semble plus plausible lorsqu'il s'agit d'interpréter le sens de cet ensemble. Un autre symbole végétal peut-être une fleur ( un lis ?) a été glissé entre deux visages.




En effet le sens de ces sculptures est délicat, les visages pourraient faire penser à une représentation des quatre fleuves du paradis mais leur nombre bien supérieur dément cette hypothèse ou alors la foule des baptisés ? L'agneau et le coq ou le lis sont eux plus habituels en particulier sur des cuves baptismales, l'agneau est le symbole du Christ et le coq est le symbole de la résurrection mais aussi de l'éveil à la foi et le lis à une forte valeur symbolique à la fois attaché à la Vierge et à la trinité. La cuve baptismale étant par excellence le truchement de la conversion à la fois chrétienne la présence de ces symboles sur cette cuve pourrait ainsi trouver un certain sens, mais je n'émets là que des hypothèses.

Pour une plus ample description je vous invite à découvrir l'excellent site CRSBI, Corpus of Romanesque Sculpture in Britain and Ireland, sur lequel je me suis en partie appuyé pour tenter de décrire cette œuvre.


Google translate.

The baptismal font in Berrington Church.


Berrington is a tiny and charming village a few miles south-east of Shrewsbury whose foundation is exactly known and dates back to 1170 for the church which is an outbuilding of the mighty neighboring abbey. There is no significant element of the 12th century church left except for the baptismal font which is probably from the end of the 12th or the beginning of the 13th century. Indeed the archaism or rather the naivety of the sculpture suggests that it is a late work and I even wondered about its place in this blog but once again we can observe the persistence of forms and Roman influences in this sculpture. In addition the remarkable author of The Corpus of Romanesque Sculpture in Great Britain and Ireland offers a description, so I had no reason not to present them here. Like many vats in this region this one has a simple circular shape with a diameter of approximately 80 centimeters placed on a piece of Roman column. What is more intriguing is its decoration. This is indeed striking with its naivety and apparent archaism and is clearly not the work of a renowned artist. In addition, the decoration stands out frankly from the inspirations of the region's vats or the Hereford. It is indeed engraved with seven human faces with simple expressions and sometimes disturbing expressions. Most of the faces are hieratic, almost disembodied, with small fixed eyes engraved with a simple hole and triangular noses. some have a fleshy mouth and pouty or surprised, one of them sticks out his tongue. In the middle of this gallery of portraits have been engraved two clumsy animals, one is a bird maybe a rooster or a dove the other is a quadruped with a tail with paws that seem clawed. The author of the article devoted to him sees it as a representation of a dog, which seems questionable to me. I suggest more a lion or why not a lamb which seems more plausible when it comes to interpreting the meaning of this set. Another plant symbol, perhaps a flower (a lily?) Has been slipped between two faces. Indeed the meaning of these sculptures is delicate, the faces could make think of a representation of the four rivers of the paradise but their much higher number belies this assumption or the crowd of the baptized? The lamb and the rooster or the lily are more common in particular on baptismal tanks, the lamb is the symbol of Christ and the rooster is the symbol of the resurrection but also of awakening to faith and the lily to a strong symbolic value both attached to the Virgin and to the Trinity. The baptismal font being par excellence the medium of both Christian conversion, the presence of these symbols on this font could thus find a certain meaning, but I am only specifying here. For a fuller description I invite you to discover the excellent CRSBI site, Corpus of Romanesque Sculpture in Britain and Ireland, on which I partially relied to try to describe this work.