mardi 22 décembre 2020

Le dragon de Uppington


 A une quinzaine de kilomètres de Shrewsbury on peut faire une petite halte à l'église d'Uppington dédiée à la Sainte Trinité "Holly Trinity". L'église pourrait avoir des origines du XIe mais a été considérablement remaniée et ne garde de son passé roman qu'une petite porte dans le mur nord.

La porte est ornée d'un curieux et original tympan qui seul est en place et on ignore s'il existait auparavant des colonnes ou des chapiteaux . Le tympan est gravé en méplat dans une simple dalle en pierre de molasse passablement altérée par les effets des intempéries mais le dessin reste bien visible.



Le tympan est un assemblage de quatre sections avec dans sa partie basse un curieux morceau en demi-cercle qui semble ajout, ce qui n'est pas si évident car elle est de même consistance que le reste de l'œuvre. Peut-être  ce serait une restauration ou pourquoi pas un réemploi très ancien.



Plus singulier encore, le choix du thème. Un immense dragon serpentiforme love sa longue queue dans tout le cadre de la sculpture formant des boucles et des vrilles .


 

Il semble porter des ailes et ouvre une large gueule faisant ressortir des dents acérées .



Ce genre de représentation est assez rare dans l'art des XIe et XIIe siècles, je n'ai pas trouvé de sources permettant une interprétation bien définie, mais on peut y trouver une influence nordique qui n'est pas étrangère à l'art de Grande-Bretagne . 


Google translate.

The dragon of Uppington

About fifteen kilometers from Shrewsbury you can stop at Uppington Church dedicated to the Holy Trinity "Holly Trinity". The church could have origins in the 11th century but has been considerably altered and only retains from its Romanesque past a small door in the north wall.The door is decorated with a curious and original tympanum which alone is in place and it is not known whether there were columns or capitals before. The tympanum is carved flat in a simple molasse stone slab somewhat altered by the effects of bad weather, but the design remains clearly visible.The tympanum is an assembly of four sections with in its lower part a curious semi-circular piece which seems to add, which is not so obvious because it has the same consistency as the rest of the work. Maybe it would be a restoration or why not a very old reuse.More singular still, the choice of the topic. A huge serpent-shaped dragon coils its long tail throughout the frame of the sculpture forming curls and tendrils.It seems to wear wings and opens a wide mouth showing sharp teeth.This kind of representation is quite rare in the art of the 11th and 12th centuries, I have not found any sources allowing an interpretation, but one can find a Nordic influence there which is not foreign to the art of Britain .

vendredi 18 décembre 2020

La cuve baptismale d'Upton Cresett


 Cette élégante et modeste cuve parfaitement conservée méritait bien un article particulier.

Celle-ci est vraisemblablement contemporaine à l'église du XIIe siècle est un bel exemple de ces multiples cuves que l'on découvre au hasard des visites en Angleterre.

La cure cylindrique mesure moins de 70 cm pour un diamètre équivalent et épouse exactement une forme de bol.



La base et la partie haute sont décorées d'un motif en forme de corde tressée entourant le corps de la cuve ornée de douze arcatures à chapiteaux seulement figurés par un petit rectangle gravé.

Toutes les deux arcatures et à l'écoinçon sont gravée d'une fleur de lys renversée. L'usage du lys n'est sans doute pas un hasard puisque ce symbole est souvent associé à la virginité et à Marie, mais sa position retournée interpelle.



Dernière particularité la présence encore bien visible d'une épaisse feuille de plomb à l'intérieur de la cuve. On retrouve encore en Angleterre plusieurs fonts partiellement ou totalement fabriqués avec ce matériau. 




dimanche 13 décembre 2020

Saint Michael d'Upton Cressett

 


Tel qu'elle s'offre au regard, la petite église d'Upton Cressett est une construction qui date essentiellement du XIIIe siècle, mais qui a été largement remaniée à partir de XVIIIe et XIXe siècles d'une certaine "mise en scène" romantique du patrimoine religieux et monumental.

L'église d'origine était toutefois selon toute certitude romane ainsi qu'en atteste son plan classique à nef simple dont le chœur était séparé par un arc triomphal.

Il reste encore au mur nord des traces d'un agrandissement de la nef mais aussi une simple fenêtre en plein-cintre de l'édifice d'origine au niveau du chœur.



On rentre dans l'église par une belle porte sud protégée par un imposant auvent de bois qui cache partiellement l'archivolte.



Ce portail dépourvu de tympan reproduit un décor fréquent dans les églises d'Angleterre, celui des chevrons ou des bâtons rompus reposant sur une série de chapiteaux à godrons. Ce décor est particulièrement en faveur dans tout le pays mais aussi en Normandie. La pierre est un beau grès jaune régional.





Dans l'église il ne reste plus guère de trace du passé roman à l'exception notable de l'arche superbe du mur triomphal qui sépare la nef du chœur.

L'arc présente quatre archivoltes à décor géométrique reposant sur trois colonnes à chapiteaux à godrons.



 A l'exception de l'archivolte supérieure totalement lisse les trois autres reproduisent en alternance le motif des bâtons rompus du portail extérieur sur deux registres et au milieu un motif de grecques en triangles inversés faisant effet de dents de scie.



L'ensemble est bien équilibré et fait une belle impression.

Il ne faut pas quitter cette église apaisante sans admirer le pavement de céramique et la cuve baptismale que je vous présenterai dans le prochain article. 

 


Google translate.


Saint Michael of Upton Cressett.

 As it appears, the small church of Upton Cressett is a construction which dates mainly from the thirteenth century, but which was largely altered from the eighteenth and nineteenth centuries to a certain romantic "setting" of religious and monumental heritage.The original church was, however, in all certainty Romanesque, as can be seen from its classic plan with a single nave, the choir of which was separated by a triumphal arch.There are still traces of an enlargement of the nave on the north wall, but also a simple semicircular window from the original building at the choir level.You enter the church through a beautiful south door protected by an imposing wooden canopy which partially hides the archivolt.This portal devoid of a tympanum reproduces a decoration frequent in churches in England, that of chevrons or broken sticks resting on a series of gadrooned capitals. This decor is particularly popular throughout the country but also in Normandy. The stone is a beautiful regional yellow sandstone.In the church there is hardly any trace of the Romanesque past with the notable exception of the superb arch of the triumphal wall which separates the nave from the choir.The arch has four geometrically decorated archivolts resting on three columns with gadrooned capitals. With the exception of the completely smooth upper archivolt, the other three alternately reproduce the motif of the broken sticks of the exterior portal on two registers and in the middle a motif of Greek inverted triangles acting as sawtooth.The whole is well balanced and makes a nice impression.You should not leave this soothing church without admiring the ceramic pavement and the baptismal font that I will present to you in the next article.

mardi 8 décembre 2020

Wroxeter et Atcham.


 J'ai souhaité regrouper dans cet article la visite de ces deux églises qui ne conservent que peu d'éléments de l'époque romane mais méritent une courte visite.

Wroxeter est un lieu d'occupation très ancienne mais ce qui ne paraît pas à première vue; également le siège d'une très importante ville romaine qui était la quatrième en importance en Angleterre. La partie mise à jour reste infime pour cette ville que l'on qualifie parfois de la "Pompei" de Grande-Bretagne. Située sur un axe stratégique reliant Douvres au nord du pays le long de la Severn.

Autrefois appelée Viroconium ou Cornoviorum, elle tire son nom de l'ancienne tribu celte locale, les Cornovii. cette ville était aussi un poste de garde d'importance à la frontière du Pays-de-Galles et a à été occupée après le départ des Romains en 410 au point d'être parfois associée à la légendaire Camelot. 



On peut facilement imaginer qu'il reste encore de très nombreuses découvertes à réaliser et du travail pour des générations d'archéologues et il n'est pas étonnant que les vestiges de cette riche période affleurent partout jusqu'à l'église dédiée à Saint Andrew et qui serait édifiée sur un ancien temple.



De l'église romane qui a sans doute succédé à une église saxonne,  il ne reste que peu de choses si ce n'est quelques restes des arcatures du chœur qui se reproduisaient également à l'extérieur avec le reste d'une ancienne porte et quelques réemplois de sculptures à la corniche figurant des lions naïvement traités et qui appartenaient peut-être à un ancien tympan à l'image de nombreux modèles de l'Italie du nord. 







On remarquera aussi une belle cuve baptismale sans décor qui pourrait dater du XIIe siècle.



 Il convient également de ne pas quitter cette église sans admirer les superbes tombeaux de nobles de l'époque Tudor.



A quelques kilomètres se trouve l'église d'Atcham dédiée à Saint Eata abbé de Melrose et de Lindisfarne au VIIe siècle.

L'église garde du XIIe siècle la base de son clocher et le mur nord de la nef, où perce une petite fenêtre en plein-cintre.



 Le portail ouest à la base de la tour bien est plus tardif mais de bel effet et peut surprendre par la réalisation d'une arche profondément évasée qui semble presque se creuser dans la maçonnerie.



Les colonnes et les chapiteaux sont sans doute des reconstructions plus récentes. On remarquera aussi l'emploi alterné de la pierre rouge et blanche locale avec un souci réel d'un effet esthétique de polychromie.





Google translate:

The churches of Wroxeter and Atcham

I wanted to group together in this article the visit of these two churches which only retain few elements of the Romanesque period but are worth a short visit.Wroxeter is a place of very old occupation but what does not appear at first glance; also the seat of a very important Roman city which was the fourth in importance in England. The updated part remains tiny for this city that is sometimes called the "Pompei" of Great Britain. Located on a strategic axis connecting Dover to the north of the country along the Severn.Formerly called Viroconium or Cornoviorum, it takes its name from the ancient local Celtic tribe, the Cornovii. this town was also an important guard post on the border of Wales and was occupied after the departure of the Romans in 410 to the point of being sometimes associated with the legendary Camelot.One can easily imagine that there are still many, many discoveries to be made and work for generations of archaeologists and it is not surprising that the remains of this rich period appear everywhere up to the church dedicated to Saint Andrew and which would be built on an ancient temple.Of the Romanesque church which undoubtedly succeeded a Saxon church, little remains except a few remains of the arches of the choir which were also reproduced on the outside and a few reuse of sculptures on the cornice appearing lions naively treated and which perhaps belonged to an old eardrum like many models from northern Italy. We will also notice a beautiful baptismal font without decoration which could date from the 12th century. It is also advisable not to leave this church without admiring the superb tombs of nobles from the Tudor period.A few kilometers away is the church of Atcham dedicated to Saint Eata abbot of Melrose and Lindisfarne in the 7th century.The 12th century church retains the base of its steeple and the north wall of the nave, through which a small semicircular window pierces. The west portal at the base of the tower is later but of beautiful effect and can surprise by the realization of a deeply flared arch which almost seems to dig into the masonry.The columns and capitals are undoubtedly more recent reconstructions. We will also notice the alternate use of local red and white stone with a real concern for an aesthetic effect of polychromy.

lundi 30 novembre 2020

La cuve baptismale de Morville.

 


Cette œuvre est sans doute la pièce maitresse de cette simple église de campagne, connue depuis très longtemps ainsi qu'en atteste cette gravure extraite du "The Archeological Journal" de 1844.

Dessin paru dans "The Archeological Journal" de 1844


La cuve est gravée dans un bloc cylindrique monolithique d'une hauteur d'environ 70 cm pour un diamètre de 80 cm, reposant sur un socle plus récent qui laisse supposer que son emplacement d'origine était diffèrent.

La cuve est entièrement recouverte d'une sculpture ornementale à grands motifs de rosaces reliées les unes aux autres par des masques animaux de formes carrée un peu comme une chaine continue. Les yeux en amande des masques laissent penser à des têtes de fauves. Parfois c'est un masque humain . Pourtant pour certaine roses les cercles s'entrecroisent seulement comme si le sculpteur n'avait eut la place de mettre en place la totalité du motif décoratif.






Il y a huit rosaces au total qui présentent toutes un décor d'une grande finesse avec au centre des marguerites des feuilles et des motifs qui ressemblent à des têtes d'oiseaux ou des plumes. Les écoinçons et la base de la cuve sont également décorés de motifs de feuillages de façon à ce que la sculpture recouvre totalement la pierre selon la technique bien connue de l'"horror vacui".





L'ensemble peut être daté de la fin du  XIIe siècle et malgré une recherche décorative poussée, le trait est parfois imprécis et malhabile. Le décor de cercles perlés reliés par des têtes animales fait incontestablement penser à d'autres œuvres plus maitrisées sur le plan technique attribuées à l'école de sculpture du Herefordshire, magistralement décrites par Malcolm Thurby dans son ouvrage: "The Herefordshire School of Romanesque Sculpture". Il est possible que son auteur ait été influencé par cette grande école de sculpture de la région voisine ou ait été formé par un autre artiste de cette région.


 



Google Translate.


Morville's baptismal fonts.


 This work is undoubtedly the centerpiece of this simple country church, known for a very long time as evidenced by this engraving taken from "The Archeological Journal" of 1844.The tank is engraved in a monolithic cylindrical block with a height of about 70 cm and a diameter of 80 cm, resting on a more recent plinth which suggests that its original location was different.The tank is entirely covered with an ornamental sculpture with large patterns of rosettes connected to each other by animal masks of square shapes, much like a continuous chain. The almond-shaped eyes of the masks suggest the heads of wild animals.There are eight rosettes in total, all of which are decorated with great finesse with daisies in the center of the leaves and patterns that resemble bird heads or feathers. The spandrels and the base of the tank are also decorated with foliage patterns so that the sculpture completely covers the stone using the well-known technique of "horror vacui".The whole can be dated to the end of the 12th century and despite extensive decorative research, the line is sometimes imprecise and clumsy. The decoration of beaded circles connected by animal heads undoubtedly brings to mind other more technically mastered works attributed to the Herefordshire School of Sculpture, masterfully described by Malcolm Thurby in his work: "The Herefordshire School of Romanesque Sculpture ". It is possible that its author was influenced by this great school of sculpture in the neighboring region or was trained by another artist from this region.

samedi 21 novembre 2020

Saint-Grégoire de Morville.

 C'est sans doute à Grégoire le Grand qu'est dédicacée la petite église de Morville cette première étape romane du Shropshire dont la toponymie rappelle une autre commune de Normandie Morville-sur-Andelle ce qui n'est sans doute pas sans rapport avec cette fondation de la première moitié du XIIe. En effet on ne trouve pas de trace ici d'une église saxonne antérieure de telle sorte que c'est sans doute aux nouveaux conquérants que l'on doit la création de l'église d'un ancien prieuré dépendant de l'abbaye de Shrewsbury.

L'église n'attire pas le premier regard, et le but de ma visite était à l'intérieur comme vous le découvrirez dans le second article. Mais malgré les évidentes restaurations de cette église dans un style pseudo-gothique on devine bien la structure du bâtiment normand ainsi que la base du clocher imposant.


Je n'avais pas lors de ma visite remarqué la porte nord ou porte des prêtres qui conserve un petit tympan très usé figurant sans doute l'arbre de vie. Cependant celle-ci n'a pas échappé à la curiosité avisée de Barbara Zeitler dans le Corpus of Romanesque sculpture in Britain et je vous en donne ici un aperçu.



La porte sud conserve plus surement encore le souvenir du passé roman de cette église mais il a été fortement restauré ainsi que les chapiteaux; mais le chapiteau de droite à motif végétal pourrait bien être un réemploi de l'église d'origine.


Les belles ferrures de la porte, semblent bien pouvoir être datées de la période romane.



A l'intérieur, l'église reproduit le schéma très courant des églises à nef unique, si nombreuses en Angleterre.

On remarquera le bel arc triomphal qui sépare la nef du chœur avec son décor régulier de billettes .



A l'époque gothique il semble que la nef ait été agrandie par l'adjonction de deux faux collatéraux séparés par des arcatures en plein cintre sans doute une persistance de la tradition romane car ces colonnes sont gothiques.

Aux écoinçons de chaque arcature ont été sculpté des têtes d'animaux fantastiques qui appartiennent manifestement au bestiaire anglo-saxon tel que l'on peut le retrouver dans d'autres églises. 




Les chapiteaux d'origine sont peu nombreux mais un chapiteau mutilé figurant un homme dont on ne devine qu'une partie est encore visible tenant peut-être un instrument de musique.

Morville conserve surtout une belle cuve baptismale que vous découvrirez plus loin.