lundi 23 février 2015

Le cloître de Saint-Donat sur l'Herbasse .

Sévèrement détruit par les guerres de religions puis à la Révolution c'est cependant en 1809 que trois de ses galeries furent détruites tandis que l'église d'origine fut rasée en 1939 ! On peut en imaginer la richesse de ce cloître en sachant qu'il possédait  26 arcades et 52 colonnes sculptées .
Il n'en reste aujourd'hui que la galerie ouest  avec quatre arcades à larges baies sur une galerie charpentée.






le cloître fait nettement penser aux constructions provençales d'Arles et d'Aix en Provence comme l'illustre l'emploi de statues en ronde-bosse aux piliers de chaque angle et aux piles intermédiaires.

l'identification des personnages des angles est plus incertaines certains y voient une représentation des évangélistes  le personnage déroulant le livre et encadré de vigne à rinceaux et d'un musicien pourrait être Jean .
 Mais pour d'autres auteurs il pourrait plus vraisemblablement s'agir de Saint-Donat et de Saint-Barthelemey si l'on en croit le nom écrit sur le livre ouvert.

Les deux musiciens joueurs d'une vielle ou d'un rebec  et d'un bliaud semblent chacun en pleine action et comme entraînés par le rythme de la musique. Ils sont une des  rares représentations des musiciens de l'époque médiévale.
Leur style est aussi fortement marqué par l'art de la Provence mais aussi la sculpture viennoise;


bien que fortement altérées par le temps et la tendreté de la pierre de molasse utilisée  le décor ornemental est particulièrement abondant , au fut de colonnes et aux chapiteaux figurant des masques crachant des rinceaux  ou des lions dans des feuillages ou à celui d'Adam et Ève entourés de l'arbre du bien et de l'arbre du mal où se love le serpent.




des médaillons sculptés représentent eux les travaux des mois et d'autres la luxure, peut être une forme d'alternance des vices et des vertus.





dimanche 22 février 2015

Saint-Donat sur l'Herbasse ; une enclave Grenobloise et Burgonde.

Avant de découvrir Valence  je vous ferais découvrir deux des principales églises du nord de la Drome autrefois dépendante du diocèse de Vienne qui étendait son influence jusqu'à la limite de l'Isère.
Une particularité cependant celle de la collégiale de sainte-Marie de Saint-Donat sur l'Herbasse dont la fondation remonterait à Louis III l'Aveugle Roi de Provence et de Bourgogne qui en fit donation en 894 à l’évêque de Grenoble; bien que l'on ait aussi trouvé des traces d'occupation à l'époque gallo-romaine.

Cette enclave en pleine ère d'influence de Vienne fut l'occasion de nombreux conflits entre les deux évêchés mais aussi entre les seigneurs locaux et en particulier Geoffroy de Moirans allié de l’évêque de Vienne et les puissants comtes d'Albon .

L'église eut donc une importance toute particulière et sa construction sur une butte associée à une forteresse dont il ne reste que des reliefs en témoigne. Le lieu devait aussi servir de refuge à l’évêque de Grenoble en cas de nécessite.


Cette situation explique sans doute l'importance des constructions qui y furent réalisées , soit une puissante église dont il ne reste presque plus rien précédée d'un imposant clocher-porche qui bien que sévèrement détérioré pendant les guerres de religion, fut reconstruit à l'identique au XVIIe.
Les chapiteaux sauvés du naufrage des destructions sont visibles au musée de Valence.
L'importance de l'église explique aussi la construction du cloître qui fera l'objet du billet suivant.



Plus exceptionnel encore; la présence d'une chapelle des évêques ou chapelle Saint-Michel qui est entièrement romane et qui possède une nef unique édifiée sur un passage qui permettait d’accéder à l'église et qui était à l'époque intégrée dans les bâtiments castraux de l’évêque.
l'abside semi-circulaire est construite dans le vide et repose sur une colonne avec un large chapiteaux corinthien. L’intérieur que je n'ai pu visiter serait décoré de fresque gothiques .


samedi 21 février 2015

La décoration de la Cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

Bien Qu'inachevé le décor sculpté de la nef est sans doute l'un des plus raffiné de la région et signale l'intention des bâtisseurs de l'époque de faire de ce monument l'un des plus remarquable de la région et sans doute bien au-delà des limites exiguës du diocèse .
Nous avons déjà vu à l’extérieur que ce décor est parfaitement apparenté au style des églises de Provence par le rappel des motifs antiques . Ce beau décor se retrouve dans la nef en particulier aux chapiteaux de style corinthien.
Le raffinement se retrouve aussi à la dernière travée de la nef qui étonne par son faux triforium où des niches semi-circulaires à archivoltes moulurées sont séparée de pilastres et corniche décorées de rais-de-cœur d'oves et de perles.

Au dessous une frise figure comme un rideau ouvert et fermé tenu de chaque coté par des personnages qui est un effet décoratif d'une grande saveur et que je n'ai que très peu rencontré dans d'autres églises.



Les restes d'une grande sculpture difficilement visible car très mutilée au second pilier nord laisse également penser les volonté ambitieuses des bâtisseurs. Il pourrait figurer une scène du jugement dernier.


Je n'ai pas réussi à savoir si le bénitier de l'entrée était d'époque romane mais il est de belle facture.

Enfin dans le chœur il ne faut pas manquer d'admirer au sol les belles mosaïques romanes qui s'inscrivent dans une tradition particulière dans le couloir rhodanien.
Au milieu d'un décor parfaitement géométrique de cercles entrelacés l'on peut y voir une belle et rare représentation de la Jérusalem céleste et les symboles des Évangélistes .



dimanche 15 février 2015

L'interieur de la cathédrale Saint-Paul .

La découverte de la nef est une belle surprise tant celle-ci marque le regard par l'élégance et la dimension de ses volumes. La haute nef de trois travées est flanquée de deux collatéraux étroits comme bon nombre d'églises de Provence comme par exemple à Arles . Elle est suivit d'un transept saillant sur lequel s'ouvre l'abside principale et les deux absidioles du chevet.



La nef voûtée en berceau en plein cintre est épaulée à un niveau inférieur par des demi-berceaux et butte contre le mur triomphal imposant.

La croisée du transept est couronnée d'une magnifique coupole octogonale sur trompes .

les absidioles dépourvue de tout décor encadre la belle abside principale dotée d'une arcature aveugle sur six colonnes à fûts cannelés ou torsadés et chapiteaux d'inspiration corinthienne . Une arcature porte la voûte en plein cintre avec six nervures plates dans le prolongement des colonnes qui donnent à l'ensemble une impression de grande harmonie.



samedi 14 février 2015

Quelques églises majeures de la Drôme ; Saint-Paul-Trois-Châteaux.

La Drôme est injustement un département mal connu alors que la variété et la richesse de son art roman est incontestable. Vaste département de ma Région il fait comme un lien entre les Alpes proches les plateaux du Dauphiné et la Provence toute proche avec comme fil directeur la large vallée du Rhône presque infranchissable à l'époque médiévale et je vous invite à relire pour cela Fernand Braudel.
C'est aussi un département partagé entre pas moins de cinq anciens diocèses de l'époque médiévale ce qui est sans doute une exception avec au Nord les diocèses de Vienne et de Grenoble les diocèses de Valence et de Die en sa partie centrale et le Diocèses de Saint-Paul-Trois-Châteaux où commence ma visite.
Ce diocèse ramassé à l’extrême sud réunissait jusqu'au XIIe siècle  le diocèse d'Orange jusqu'à ce que ce dernier lui soit séparé en 1112. Tourné vers la Provence il était suffragant du Diocèse d'Arles. La modicité de son territoire explique sûrement que sa cathédrale dédiée à Saint-Paul et à Notre Dame soit laissée presque inachevée faute de moyen tant le programme de sa construction parut ambitieux.

Bien que la mention d'un Évêché à Saint-Paul soit connu dés le début du Ve siècle la construction actuelle de type basilical date du XIIe siècle. Dévastée par les guerres de religion et abandonnée pendant prés de quarante ans la cathédrale sera rénovée en 1602 puis également au XIXe.


Tout dans son aspect extérieur la rattache à l'art provençal comme par exemple le chevet a absidioles dont l'abside principale comporte une enveloppe polygonale avec arcatures aveugles et son couronnement d'un corniche avec modillons et chapiteaux d'inspiration corinthienne. Le clocher est lui plus tardif ou remanié .



On rentre dans l'église au sud par un porche roman dont il ne reste qu'un décor de colonnes et de chapiteaux très dégradés là encore d'inspiration antique propre à l'art roman en Provence.

La façade ouest remaniée elle aussi reprend ce décor de demi_colonnes cannelées et un beau portail avec décor d'acanthes et de têtes humaines et animales aux archivoltes là encore parfaitement antiquisant , portail encadré de deux reliefs à peine visible de lion ou d'aigle avec un livre entre leur pattes .




Le fenêtres du mur ouest reprennent ce beau décor comme celle de la nef que nous verrons plus loin.

On remarquera aussi sur le mur sud à proximité du clocher de nombreuses marques de maçon et quelques sculptures ( peut-être des réemplois d'un édifice antérieur)  en raison de leur archaïsme représentant un sagittaire un homme avec un tau les bras levés avec un pagne et un cavalier. Ces sculptures ne sont pas sans rappeler celles du clocher de Saint-Restitut tout proche.