dimanche 23 juin 2024

Saint-André de Mitrois en Ardèche.


Il faut regarder une carte en relief pour comprendre la situation privilégiée de Saint-Montan sans doute depuis que l'humanité s'est installée dans cette région. Le Rhône semble suivre un cours plus irrégulier et former des îlots fertiles entre lui et les collines pierreuses et arides des montagnes ardéchoises. Les plus anciennes populations d'Europe se sont installées successivement sur ce territoire comme en témoigne la grotte Chauvet située non loin, et les innombrables vestiges néolithiques puis gaulois et enfin romains.

C'est sans doute à cette implantation romaine que l'on doit l'actuel vocable de la chapelle dédiée à Saint-André de Mitroys ou Mithroys ou encore de Mitrois (Mitresium). Ce vocable original aurait pour origine la vénération du dieu Mithra très en vogue en particulier parmi les vétérans des armées romaines auxquels il était d'usage de distribuer des terres  De là à penser que ce Dieu était vénéré particulièrement dans cette région, il n'y qu'un pas à franchir ; ce qu'attestent de nombreux vocables locaux, mais aussi des témoignages archéologiques comme une sculpture de Mithra bien visible, non loin de là, à Bourg-Saint-Andéol près d'une source sacrée.

La présence d'un temple chrétien sur un ancien lieu de culte Mithriaque n'est pas une exception ici et est attestée dans nombreux autres lieux sacrés. Sans prendre le temps de développer ce qui a fait l'objet d'importantes études et d'ouvrages, il semble qu'il y ait eu dès les premiers temps  de la chrétienté, une relation d'amour haine entre les deux religions. Avec quelques points communs comme, leur origine orientale ou la vénération d'un dieu unique. Mais aussi beaucoup de différences.

Ce qui est évoqué, est aussi une destruction systématique et méticuleuse des lieux et des signes de ce culte par les premiers chrétiens et la construction d'églises comme des boucliers sur les anciens sanctuaires.

Cette question reste encore débattue bien sûr comme beaucoup de choses en archéologie et je vous donnerai quelques liens pour poursuivre la réflexion. Une fois de plus, la nouvelle religion s'installe sur un ancien lieu de culte et se l'approprie.

La première mention de l'église Saint-André apparait sur un document de donation au profit de l'évêque de Viviers, sous la dépendance de laquelle elle restera. Il apparaît que l'église avait une réelle importance. Ce que l'on voit à l'apparence l'apparence d'une chapelle ; mais était en réalité une véritable église paroissiale en particulier après la réunion du lieu avec Saint-Montan.

Si elle semble échapper aux destructions des guerres er de la Révolution elle sera peu à peu désaffectée au profit de l'actuelle église du village jusqu'à tomber dans l'oubli envahi par le lierre et la végétation et devra dans les années soixante dix  grâce à l'association des amis de Saint-Montan et à la Société de Sauvegarde, sa résurrection.




L'édifice actuel est implanté auprès d'un ancien cimetière, séduit par son charme et son équilibre. Il est formé d'une nef unique à trois travées fermées par une abside semi-circulaire en cul-de-four.

L'église serait essentiellement du XIIe, mais certaines parties du XIe siècle se distinguent par la nette différence de l'appareillage en partie basse des murs et en élévation. Les contreforts ; eux ont été ajoutés au XVIIe ainsi que le clocher



On est surpris du faible nombre d'ouvertures et en particulier au niveau de l'abside, où seul une ouverture apparaît, à moins que d'autres aient été bouchés. Une autre fenêtre se trouve dans la nef. Toutes deux sont vraisemblablement du XIIe ; une troisième ouverture en forme de meurtrière au début de la nef pourrait être du XIe. Enfin, dans l'axe de la nef et au niveau du mur diaphragme il y a une autre ouverture en forme de croix.




Fait notable, aucune ouverture n'apparaît dans le mur nord, où pousse une végétation de rocaille.



L'église était fermée et, en dépit de trois tentatives de visites, je ne désespère toujours pas de la découvrir entièrement. Elle devait cependant me réserver une surprise que je n'avais pas remarqué auparavant. Ce qui me conforte dans l'idée qu'il faut souvent revenir sur ses pas pour approfondir sa visite, mais aussi s'enrichir de la beauté de l'instant.

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