lundi 3 août 2015

Des églises en voie de résurrection; de Meysse à Cruzières en passant par le plateau des Gras.

L'Ardèche n'est pas un département qui a été toujours le plus attentif à la défense de son patrimoine roman; aux destructions inévitables du temps et des conflits ou aux grands saccages des guerres de religion et de la révolution il faut ajouter aussi les pertes les plus récentes en particulier au XIXe conséquences souvent d'ignorance de servants ou d'autorités locales plus soucieuses d'agrandir des églises ou de construire leur temples communaux que de se pencher sur la richesse de leur patrimoine. Les temps changent alors que nous abordons une période d’extrême sacralisation de nos monuments qui en deviendrait presque préoccupante sauf s'il s'agit de les préserver bien sur mais surtout de les rendre accessible à tous à la fois pour les admirer mais aussi les comprendre.

L’église Saint-Jean baptiste de Meysse en est un bon exemple et est depuis plusieurs année la cause d'une réelle frustration pour moi, qui en cinq tentatives n'ai jamais pu la visiter! Mais il semble qu'enfin une restauration d'ampleur ait été réalisé ... Je n'en dirais cette fois que peu de chose si ce n'est qu'il s'agit d'un monument vénérable gardant encore de nombreuses traces de son passé carolingien et qui possédait sans doute un ancien baptistère ainsi qu'une tribune comme à Cruas toute proche. Au milieu des échafaudage peut on au moins admirer la masse imposante de l'abside des V et VII e siècles et une curiosité au dessus du collatéral sud, la petite abside d'une chapelle romane à la base du clocher.



Le petit village de Gras occupe le plateau des Gras aussi orthographié Grads, terre sèche et désolée dont les habitants étaient aussi appelés les "assibrats" les "assoiffés". Pourtant cet espace hostile a toujours  été sillonné de routes dés l'époque romaine au point que  plusieurs églises y étaient implantées à l'époque médiévale dont Notre-dame du Ranc dont il ne reste rien si ce n'est un curieux portail réutilisé dans l'actuelle église du village. Un peu à l’écart la chapelle Saint-Vincent conserve un aspect roman qui a été totalement défiguré au XIXe par l’apposition d'une hideuse sacristie...



Finalement la plus charmante construction visible est la chapelle Saint-Blaise récemment restaurée et qui garde une allure authentique avec sa belle fenêtre absidale qui éclaire l'autel selon la tradition des premiers chrétiens, son moyen appareil soigné et sa couverture de lauzes et un charmant petit clocher-arcade à deux baies.

Enfin plus au sud et à la limite du département du Gard Saint-André de Cruzières n'a pas échappé à l'incurie des autorités religieuses et civiles du XIX e puisqu'elle a été presque en totalité détruite sous prétexte de restauration . Curieusement et heureusement seule sa belle façade à été préservée . Dépendante de l’évêché d'Uzes c’était une fondation  de Saint-Gilles dont la qualité des restes mutilés témoignent encore.
Comme beaucoup d'églises médiévales elle fut édifiée sur une butte et possède sous son pavement un puits célébré bien avant les romains comme lieu d'un culte sacré.
Le portail à voussures est surmonté d'une seule fenêtre et une frise d'arcatures lombardes occupe le sommet du pignon triangulaire.



Ce qui reste de ce portail est d'une grande qualité, le tympan nu est coiffé de trois grands arcs chargé d'un riche décorde dent d'engrenage de perles de feuillage délicat ou l'on distingue aussi de curieux personnages.


Les chapiteaux très dégradés ainsi que leur base laisse deviner ce que devait être la qualité de ce décor en particulier le chapiteau de droite figurant deux aigles finement ciselés . 

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