mercredi 5 août 2015

"La plus petite église du monde"; Sauveplantade.

Le surnom local donné à cette petite merveille de l'art roman nichée au cœur d'un magnifique village est presque affectueux et se comprend aisément tant cet édifice est charmant .
Cette église dédiée à saint-Pierre est une dépendance de Cruas et malgré son archaïsme  elle est essentiellement une construction du XIIe même si elle possède en réemploi des éléments bien plus anciens comme nous le verrons.
Toutefois ses origines sont vénérables ; le lieu était autrefois une vaste forêt "Silva Plantada" où s’élevait sans doute à l'époque romaine un sanctuaire dédié à Jupiter comme en témoigne l'autel-cippe que l'on trouve à l'entrée de l'église et qui porte le nom du dédicant Lucius Valerianu Martius. A l'époque de la christianisation le culte de Jupiter fut remplacé par celui de Pierre selon un processus bien connu d’appropriation des lieux de cultes anciens .

Un document ancien la "Charta vetus" mentionne qu'au VIIe siècle le lieu fut donné à l’évêque de Viviers par un certain Aginus et sa femme son rattachement à Cruas n'intervenant qu'au XIe .

Sa façade est noyée dans les habitations mais elle présente un plan original avec son transept très saillant ses trois absides qui semblent presque alignées sur le même plan et un charmant clocher sur coupole qui a été surélevé à une époque plus récente .



La nef est d'un charme tout aussi poignant que l’extérieur avec son petit appareillage de pierres régulières minutieusement appareillées avec une élégante coupole sur trompes à la croisée du transept.



L'arc triomphal repose sur des colonnes monolithes ( certainement en réemploi) dont l'astragale fait partie du fût par l’intermédiaire de chapiteau trapézoïdaux d'un grand intérêt .

En effet ces chapiteaux qui sont la seule décoration sculptée de l'église sont manifestement des réemplois propre à l'art wisigothiques par leur décor de rouelles et de cercles il n'est pas étonnant que les archéologues les rattachent à l'art de l'Espagne pré-romane et en particulier aux chapiteaux de San Pedro de la Nave;



On peut aussi signaler la présence d'un autel d’époque romane dans l'absidiole nord.

la qualité de ce modeste édifice constitue là encore une des multiples causes de mon admiration constante pour un art qui parfois rustique semble toujours tendre à une paix profonde accentuée par la beauté naturelle de son environnement.

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