samedi 6 août 2022

Quelques Hogbacks du Yorkshire et de Cumbria ( Première partie). Enigmes de l'art roman et préroman 1.

 

Hogbacks de Gosfort.

Je rêvais depuis longtemps de voir par moi-même ces étonnantes sculptures et deux articles ne me paraissent pas de trop pour les présenter . Ces articles ne prétendent pas à l'exhaustivité mais j'espère qu'ils donneront l'envie à ceux qui le souhaitent d'en savoir plus, grâce à quelques liens et références bibliographiques que je partagerais à la fin du second article.

 On ne trouve qu'au Royaume-Uni ces pierres sculptées de forme rectangulaire, basse et allongée. Vue de profil les pierres présentent des extrémités incurvées et la partie centrale forme une forme de crête en partie centrale. 

Si littéralement le mot Hogback peut être traduit par "dos de cochon" ce n'est probablement pas par analogie avec l'animal que le mot trouve son origine mais plutôt par référence au même mot utilisé en géologie pour désigner une crête étroite formée d'une série de collines avec des pentes abruptes d'inclinaison égales de chaque côté.

Le mot est en effet d'origine récente, le XIXe siècle, période au cours de laquelle certains esprits curieux redécouvrent l'art médiéval en Angleterre; Il est assez amusant de remarquer que le même mouvement d'intérêt puis d'études se fera également en France. mais ce n'est qu'au début du XXe siècle que les premières études sérieuses sur les Hogback sont commencées.

Hogback de Crosscanonby.


Ces pierres en effet attiraient peu le regard, car bien que préservées elles étaient souvent employées dans les fondations d'églises reconstruites. Il est certain cependant que déjà ces pierres jouissaient d'une certaine faveur car beaucoup finalement ont été préservées et sont en assez bon état de conservation.

La présence de ces pierres pose encore beaucoup de questions aux historiens.

La première cause d'étonnement est liée à la localisation des pierres. Elles se concentrent en effet dans les régions du nord de l'Angleterre en particulier le North Yorkshire et l'actuelle Cumbria ainsi que l'Ecosse. Quelques exemplaires isolés ont été retrouvé dans les Midlands ainsi qu'en Cornouailles et en Irlande à Casteldermot. J'ai eu la chance de prendre en photo ce Hogback lors de mon voyage en Irlande sans mesurer alors tout l'intérêt de cette pierre. Ces sculptures hors du nord de l'Angleterre et de l'Ecosse reste très rares. 

Hogback de Casteldermot Irlande.


Ces pierres sont désormais considérées comme des témoignages de la présence scandinave ou Hiberno Nordique en Angleterre, mais on ne trouve pas leur équivalent dans les régions scandinaves, ce sont donc des œuvres locales et propres aux iles Anglo-Saxonnes fortement marquées par la présence Danoise dans la région d'York notamment dès le VIIIe siècle.

Peu d'exemples proches ont été retrouvés en Suède à Botkyrka et à Broddetorp, mais les sculptures sont datées du XIIe et donc bien plus tardives que celles du Royaume-Uni, leur intérêt est seulement comparatif. Ces sculptures sont conservées dans des musées et je vous partage des images des sites officiels.

Pierre tombale de Botkryka au musée de Stockholm.

Pierre de Broddetorp.



Autre sujet d'étonnement en effet est la datation de ces Hogbacks. Au début de leurs recherches les historiens retenaient une période assez large entre les VIII et Xe siècles mais il semble désormais admis que toutes que la plupart datent du Xe siècle et Catherine Yates qui leur a consacré une importante étude, affirme même que  leur période de production serait très courte, entre 920 et 950.

Les travaux de Catherine Yates mais également les premières découvertes de Collinwood orientent les recherches vers des pôles de concentrations de Hogbacks dans trois localités du nord de l'Angleterre Brompton, Shockburnet et Lythe, faisant supposer qu'ils pouvaient s'y trouver de véritables ateliers de production d'où de nombreux Hogbacks auraient été par la suite exportés. Mais ces travaux n'ont pas été étendus à l'Ecosse.

Leur fonction étonne également. Tous semblent s'accorder sur le fait que les Hogbacks ont une destination funéraire bien qu'aucune des pierres encore en situation originelle ne soit associée à des sépultures ou des ossements. Il est vrai cependant que beaucoup ont été déplacées ou réemployées il est donc particulièrement difficile d'en définir précisément leur positionnement géographique. Mais leur association avec d'autres fragments de pierres en particulier des croix le confirme

 Les pierres de Botkyrka et de Broddetorp nous donnent un bon indice, puisque ces dernières portent une dédicace en runes et en latin mentionnant  l'artiste et le défunt auquel elles étaient destinées, mais il y a presque deux siècles entre ces sculptures. Certains auteurs isolés veulent voir aussi une fonction commémorative à ces pierres en raison de leur iconographie.

Catherine Yates souligne un autre point d'un grand intérêt; toutes les pierres ont été retrouvées dans des villages ou des villes dont le nom à une origine nordique et Scandinave et toutes se trouvaient à proximité d'axes routiers anciens, pratiqués au moins depuis les Romains. Il y a certainement une corrélation entre une implantation de colons nordiques dans des régions bien desservies et déjà densément peuplées par des autochtones.



Google translate.


I had long dreamed of seeing these amazing sculptures for myself and two articles do not seem too much to present them. These articles do not claim to be exhaustive but I hope they will inspire those who wish to find out more, thanks to some links and bibliographical references that I will share at the end of the second article. These carved stones are found only in the UK in a rectangular, low and elongated shape. Profile view the stones have curved ends and the central part forms a crest shape in the central part.If literally the word Hogback can be translated by "back of pig" it is probably not by analogy with the animal that the word finds its origin but rather by reference to the same word used in geology to designate a narrow ridge formed of a series of hills with steep slopes of equal inclination on each side.The word is indeed of recent origin, the 19th century, a period during which certain curious minds rediscovered medieval art in England; It is quite amusing to notice that the same movement of interest then of studies will also take place in France. but it was not until the beginning of the 20th century that the first serious studies of the Hogbacks began.These stones indeed attracted little attention, because although preserved they were often used in the foundations of rebuilt churches. It is certain however that these stones already enjoyed a certain favor because many were finally preserved and are in a fairly good state of preservation.The presence of these stones still raises many questions for historians.The first cause of astonishment is linked to the location of the stones. They are concentrated in the regions of northern England, particularly North Yorkshire and present-day Cumbria, as well as Scotland. A few isolated specimens have been found in the Midlands as well as in Cornwall and Ireland at Casteldermot. I had the chance to take a picture of this Hogback during my trip to Ireland without measuring all the interest of this stone. These sculptures outside the north of England and Scotland remain very rare.

These stones are now considered as testimonies of the Scandinavian or Hiberno Nordic presence in England, but we do not find their equivalent in the Scandinavian regions, they are therefore local works specific to the Anglo-Saxon islands strongly marked by the Danish presence in York region, particularly from the 8th century.Few close examples have been found in Sweden at Botkyrka and Broddetorp, but the sculptures are dated to the 12th century and therefore much later than those in the United Kingdom, their interest is only comparative. These sculptures are kept in museums and I share with you images from official sites.Another subject of astonishment indeed is the dating of these Hogbacks. At the beginning of their research, historians retained a fairly broad period between the 8th and 10th centuries, but it now seems accepted that most of them date from the 10th century and Catherine Yates, who has devoted an important study to them, even affirms that their period of production would be very short, between 920 and 950.

The works of Catherine Yates but also the first discoveries of Collinwood direct the research towards poles of concentrations of Hogbacks in three localities of the north of England Brompton, Shockburnet and Lythe, making suppose that they could find real workshops there. of production from where many Hogbacks would have subsequently been exported. But this work has not been extended to Scotland.Their function is also surprising. All seem to agree on the fact that the Hogbacks have a funerary destination although none of the stones still in their original situation are associated with graves or bones. It is true, however, that many have been moved or reused, so it is particularly difficult to precisely define their geographical location. But their association with other stone fragments, in particular crosses, confirms this.

 The stones of Botkyrka and Broddetorp give us a good clue, since the latter bear a dedication in runes and in Latin mentioning the artist and the deceased for whom they were intended, but there are almost two centuries between these sculptures. Some isolated authors also want to see a commemorative function to these stones because of their iconography.Catherine Yates underlines another point of great interest; all the stones were found in villages or towns whose name has a Nordic and Scandinavian origin and all were near ancient roads, practiced at least since the Romans. There is certainly a correlation between the establishment of Norse settlers in regions that are well served and already densely populated by natives.

2 commentaires:

  1. La première de ces sculptures de Gosfort ne pourrait-elle pas évoquer la forme d'une longue maison du Haut-Moyen-Age, surtout à cause de sa curieuse toiture bombée à deux versants, qui semblerait couverte de sortes de tuiles? Je ne connaissais pas cette sorte de pierres gravées au nord de la Grande-Bretagne et vous remercie pour votre découverte. Patrick Sorel.

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    1. Oui vous avez entièrement raison cette forme évoque les maisons longues des scandinaves et je vais revenir sur cet élément dans mon prochain article, merci de votre intérêt .

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