Le plus difficile est maintenant de tenter de décrire ces Hogbacks.
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Alignement des célèbres Hogbacks de Brompton North Yorkshire. |
Les pierres sont en général sculptées d'un seul bloc, sans excavation il est donc exclu qu'elles aient elles pu servir de sépulture comme un sarcophage. Leur forme allongée et étroite mais aussi le mouvement incurvé de la partie supérieure ont poussé les historiens à les comparer à des maisons. Ces pierres reproduiraient l'archétype de la maison scandinave.
La maison scandinave a en effet une forte portée symbolique, ce que souligne Catherine Yates. Maison commune elle est le lieu du rassemblements des guerrier mais aussi le lieu du serment aux seigneurs et de l'hommage aux dieux; elle est au cœur de la société nordique.
Catherine Yates cependant met en garde contre une interprétation seulement païenne; l'Hogback pour d'autres auteurs s'apparente aussi à un espace sacré, comme une forme de reliquaire avec lesquels on peut trouver bien des similitudes.
Collinwod, le premier à s'intéresser aux Hogbacks aura aussi cette intuition en les surnommant; " les maisons des morts".
L'intérêt pour la forme des pierres est utile à leur interprétation; des fouilles récentes en Scandinavie mais aussi des représentations de maisons sur des pièces de monnaies ou encore les images de la tapisserie de Bayeux montrent que la forme des Hogbacks devait avoir une importance et une signification particulière.
Il faut aussi à ce stade de la réflexion dire quelques mots de la décoration lorsqu'elle est encore visible. beaucoup de Hogbacks des motifs faisant penser à des éléments de toiture. On trouve des décorations semblables à des faitières parfois presque disproportionnées comme à Brompton où des ours ou des sangliers retiennent ce qui pourrait être la poutre maîtresse d'un toit ou encore à Burnsall où des têtes de dragons apparaissent à chaque angle de la grande pierre.
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Hogback de Burnsall North Yorkshire. |
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Tête de dragon Hogback de Burnsall North Yorkshire. |
Très souvent la partie incurvée de la pierre en forme de toit est décorée de motifs réguliers en forme d'écailles ou de triangles souvent stylisés faisant comme une couverture de bardages. On le voit ainsi à Brompton, Burnsall, Gosforth ou Lastingham. Ces motifs réguliers peuvent prendre des formes plus sophistiquées de losanges ou d'entrelacs. Comme pour la " tombe du saint" de Gosforth ou encore à Low Dinsdale ou pour certains des Hogbacks de Brompton conservés à Durham.
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Hogback dans le crypte de Lastingham North Yorkshire.
| Hogback de Hexham Northtumberland. |
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Low Dinsdale, County Durham. |
Au-delà de la forme du Hogback et de son rapprochement avec les maisons longues des peuples scandinaves, il faut aussi s'intéresser à leur décor sculpté. Celui-ci en effet est particulièrement intéressant mêlant des éléments traditionnellement attachés à la culture Scandinave mais aussi des éléments de décor typiquement Anglo-saxons et chrétiens.
Dans tous les cas ces monuments ne se comprennent que dans un contexte de christianisation des populations Scandinaves déjà mêlées avec les Anglo-saxons locaux.
La sculpture Scandinave est bien présente, par la représentation de dragons ou d'ours ou de guerriers comme à Brompton, Burnsall ou Hexham. Les deux Hogbacks retrouvés à Gosforth et installés côte à côte sont fascinants. L'un a été baptisé la "tombe du guerrier" l'autre la "tombe du saint". Sur la première on ne retrouve en effet que des motifs en écailles et deux lignes de guerriers vraisemblablement sur un bateau, prêts pour l'affrontement. Le second plus haut que le précédent, présente un important décor d'entrelacs et à sa base un vaste tableau d'hommes nus mêlés à des serpents ou des dragons.
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Gosforth au premier plan la "tombe du guerrier" et derrière la " tombe du saint" |
.Cumbria.
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Detail du Hogback du guerrier Gosforth, Cumbria. |
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" Tombe du saint" Gosforth, Cumbria. |
Mais à une extrémité apparait une silhouette auréolée qui fait évidemment penser à la représentation du Christ.
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Avant de la "tombe du saint" Gosforth, Cumbria. |
Le Hogback d'Heysham que je n'ai pas visité, mais que décrit largement Thor Ewing présente aussi une scène d'hommes au milieu de bêtes sauvages qu'il rapproche de la légende de Sigmundr mais qui pourrait aussi être rapproché de celle de Daniel entre les lions dont on connaît au moins une représentation très ancienne sur une pierre Picte christianisée, en Ecosse.
Le décor d'entrelacs, est lui, très souvent présent parfois de manière très sophistiquée comme à Aspatria. Mais ce décor n'est pas typiquement Scandinave, il est aussi un des éléments privilégiés de la culture Anglo-saxonne.
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Hogback d'Aspatria, Cumbria. |
Quelle synthèse provisoire et imparfaite tirer des multiples recherches faites sur ces pierres, recherches essentiellement visuelles et comparatives, faute de sources écrites ?
les Hogbacks sont des œuvres originales et uniques concentrées dans le nord de l'Angleterre et le sud de l'Ecosse avec de rares exceptions. Elles dateraient essentiellement du Xe siècle. Elles sont associées au culte des morts ou des héros mais en liens avec la religion chrétienne. Elles s'expliquent par la présence de Scandinaves venus d'Irlande soit des pays nordiques, essentiellement du Danemark.
Ces hommes se sont durablement installés en Grande-Bretagne. Enfin ces pierres seraient également le témoignage d'une assimilation de ces peuples nordiques avec les Anglo-saxons installés dans ces régions.
Catherine Yates souligne à cet effet le rôle important des archevêques d'York avec les rois Danois christianisés du vaste Dunelow et d'York. Les Hogbacks n'auraient pas seulement une dimension religieuse ou sociale mais une affirmation politique.
Ce que résume génialement Melinda Klayperson comme un " outil d'assimilation" entre les diverses populations de la région à cette époque.
Cet article bien imparfait, tente une brève synthèse de lectures que je vous invite à approfondir grâce aux liens qui suivent. Je mesure à quel point il peut être présomptueux pour un homme étranger au sérail, de tenter de résumer des années de travail de chercheurs avertis. Mon objectif est toujours d'ouvrir des portes et aussi de partager l'intense émotion que j'ai ressentie en découvrant ces pierres pour la première fois. En particulier lorsque après une longue attente l'on m'a ouvert la modeste église de Brompton qui est le reliquaire de véritables trésors.
Il est bien dommage que le " Monk Dormitory" de Durham qui réunit de nombreuses sculptures de la région ne permette pas une telle liberté de visite et de découvertes.
Ce petit musée est en effet totalement hermétique, mieux gardé qu'une prison, il est impossible d'en rapporter aucune image personnelle et aucune ne semble disponible en ligne sans rétribution. Cette forme de privatisation d'un patrimoine universel me navre et j'aurais l'occasion de revenir sur ce sujet tout comme sur celui des Hogbacks lors de ma description des églises où ils sont conservés et en général bien heureusement facilement accessibles.
Pour poursuivre la réflexion:
- L'importante collection de l'Université d'Oxford "Corpus of Anglo Saxon Sculpture"
- l'article de Catherine Yates " The Tenth-Century Hogback Stones of Northern England and their Political and Social Context"
- l'article de Thor Ewing " Understanding the Heysham hogback: A tenth-century sculpted stone monument and it context".
- L Abrams " The Problem of the Hogback".
- J T Lang " The Hogback: A Viking Colonial Monument" dans Anglo-saxon Studies in Archaelogy ans History, 3 (1984) p 88-176.
la plupart de ces articles et l'imposante collection du Corpus of Anglo Saxon Sculpture sont consultables en ligne et vous pouvez également consulter quelques liens. La liste n'est pas exhaustive.
https://teessidepsychogeography.wordpress.com/category/hogback/?fbclid=IwAR1nfzbKVqBKtXDgTc-i2ArGxDDIbZkk_mvO2AaxgErwrBGTGu6EhcghUPM
https://howardwilliamsblog.wordpress.com/2015/01/13/brompton-hogbacks-and-more/?fbclid=IwAR1BD3o5nhq5e_kSvktllr10x0VO4wlud1VR_g3kqjlU0vvD2JgopN3ne_Q
http://www.klayperson.com/hogbacks/?fbclid=IwAR3YxQ_7IwNSOYkNXgAp0DvP-Ce9LuNVT365zgqSuAjNA1Qx-Fez0s2GBYU
Google translate.
The hardest part now is trying to describe these Hogbacks.The stones are generally carved from a single block, without excavation it is therefore excluded that they could have served as a burial place like a sarcophagus. Their elongated and narrow shape but also the curved movement of the upper part have led historians to compare them to houses. These stones would reproduce the archetype of the Scandinavian house.The Scandinavian house has indeed a strong symbolic significance, which Catherine Yates underlines. Common house it is the place of the gatherings of the warrior but also the place of the oath to the lords and the homage to the gods; it is at the heart of Nordic society.Catherine Yates however warns against a purely pagan interpretation; the Hogback for other authors is also akin to a sacred space, like a form of reliquary with which we can find many similarities.Collinwod, the first to be interested in the Hogbacks will also have this intuition by nicknaming them; "houses of the dead".The interest in the shape of the stones is useful for their interpretation; recent excavations in Scandinavia but also representations of houses on coins or images of the Bayeux tapestry show that the shape of the Hogbacks must have had a particular importance and meaning.It is also necessary at this stage of the reflection to say a few words about the decoration when it is still visible. many Hogbacks have patterns reminiscent of roofing elements. There are decorations similar to ridges sometimes almost disproportionate as at Brompton where bears or boars hold back what could be the main beam of a roof or at Burnsall where dragon heads appear at each angle of the large stone.
Very often the curved part of the stone in the shape of a roof is decorated with regular patterns in the form of scales or triangles, often stylized, forming a covering of cladding. We see it in Brompton, Burnsall, Gosforth or Lastingham. These regular patterns can take more sophisticated forms of diamonds or interlacing. As for the "grave of the saint" of Gosforth or in Low Dinsdale or for some of the Hogbacks of Brompton preserved in Durham.Beyond the shape of the Hogback and its connection with the longhouses of the Scandinavian peoples, we must also take an interest in their carved decoration. This one is indeed particularly interesting mixing elements traditionally attached to the Scandinavian culture but also elements of decoration typically Anglo-Saxon and Christian.In any case, these monuments can only be understood in a context of Christianization of the Scandinavian populations already mixed with the local Anglo-Saxons.Scandinavian sculpture is very present, with the representation of dragons or bears or warriors as at Brompton, Burnsall or Hexham. The two Hogbacks found in Gosforth and installed side by side are fascinating. One was baptized the "tomb of the warrior" the other the "tomb of the saint". On the first one finds indeed only patterns in scales and two lines of warriors probably on a boat, ready for the confrontation. The second, higher than the previous one, presents an important decoration of interlacing and at its base a vast picture of naked men mixed with snakes or dragons.But at one end appears a haloed silhouette which obviously brings to mind the representation of Christ.
The Hogback of Heysham which I have not visited, but which Thor Ewing descri
bes extensively also presents a scene of men in the midst of wild beasts which he relates to the legend of Sigmundr but which could also be related to that of Daniel between the lions of which we know at least one very ancient representation on a Christianized Pictish stone, in Scotland.The interlacing decor is very often present, sometimes in a very sophisticated way, as at Aspatria. But this decor is not typically Scandinavian, it is also one of the privileged elements of Anglo-Saxon culture.What provisional and imperfect synthesis can be drawn from the multiple researches made on these stones, essentially visual and comparative researches, for lack of written sources?the Hogbacks are original and unique works concentrated in the north of England and the south of Scotland with rare exceptions. They date mainly from the 10th century. They are associated with the cult of the dead or heroes but in connection with the Christian religion. They can be explained by the presence of Scandinavians from Ireland, that is from the Nordic countries, mainly from Denmark.These men settled permanently in Great Britain. Finally, these stones would also be the testimony of an assimilation of these Nordic peoples with the Anglo-Saxons who settled in these regions.Catherine Yates emphasizes in this regard the important role of the archbishops of York with the Christianized Danish kings of vast Dunelow and York. The Hogbacks would not only have a religious or social dimension but a political affirmation.What Melinda Klayperson sums up brilliantly as a "tool of assimilation" between the various populations of the region at that time.
This very imperfect article attempts a brief synthesis of readings that I invite you to deepen thanks to the links that follow. I measure how presumptuous it can be for a man outside the seraglio to attempt to sum up years of work by knowledgeable researchers. My goal is always to open doors and also to share the intense emotion I felt when I discovered these stones for the first time. Especially when after a long wait they opened the modest church of Brompton to me, which is the reliquary of real treasures.It is a pity that the "Monk Dormitory" in Durham, which brings together many sculptures from the region, does not allow such freedom of visit and discovery.This small museum is in fact totally hermetic, better guarded than a prison, it is impossible to bring back any personal image and none seem to be available online without payment. This form of privatization of a universal heritage saddens me and I will have the opportunity to come back to this subject as well as to that of the Hogbacks during my description of the churches where they are kept and in general, fortunately, easily accessible.