dimanche 12 mai 2019

L'ensemble sculpté de Sainte-Croix de Daglingworth (deuxième partie).

Lors de la restauration de l'église a été retrouvée un ensemble de quatre plaques sculptées uniques dans la région.
Trois de ces plaques formes un ensemble cohérent, leurs dimensions sont approximativement de  75 cm sur 1 m, le matériau utilisé est identique et leur facture laisse à penser qu'elles sont de la main d'un unique sculpteur. Seule une plaque diffère.

Lucien Musset souligne le caractère schématique presque rustique ce qui est peut-être la volonté du sculpteur de ces pierres, ce dernier est en souhaité dégager les volumes sans souligner les détails et manifester une préférence pour des formes arrondies avec un respect total de la frontalité.

Aucun document ne permet de dater précisément ses sculptures ni même de déterminer leur position dans l'église d'origine, puisque celles-ci ont été retrouvées lors de la reconstruction de l'arc du chœur dont ils formaient les montants verticaux. Curieusement d'ailleurs les pierres ainsi réinstallées semble-t-il ultérieurement avait la face sculptée cachée.

L'énigme de la fonctionnalité de ces sculptures reste donc entière, faisaient elles partie d'un ensemble plus vaste, détruit depuis ? Un cancel ou une galerie du chœur ? Existe-il d'autres sculptures à découvrir et pourquoi ont-elles été cachées avant leur redécouverte ? Autant de questions sans réponse; mais nous pouvons en admirer la qualité.

Deux de ces plaques traitent de la crucifixion, dont l'une très rudimentaire sans personnage sauf celui du Christ et assez médiocrement traité.


Il en va bien différemment des trois autres plaques qui forment un ensemble cohérent et qui sont vraisemblablement de la main du même sculpteur.

La crucifixion traitée présente un Christ barbu chevelu et moustachu la tête entourée d'un nimbe crucifère est habillée d'un large pagne. La croix large et peu élevée laisse les pieds reposer sur le sol. Il est entouré de deux personnages beaucoup plus petits à gauche il s'agit de Longin avec sa lance et à droite on identifie Stephaton qui semble tenir une clochette au bout d'une baguette et que l'on identifiera davantage à l'éponge. La prééminence du Christ est rappelée par le traitement beaucoup plus important de la sculpture du personnage.



En face on trouve une seconde plaque présentant un saint-Pierre debout brandissant de sa main droite une très grande clé étonnant dans l'autre main un petit livre.


On remarquera qu'il est présenté imberbe avec une chevelure soigneusement peignée et vêtue d'une tunique large serrée à la taille par une double cordelière.

Un peu plus loin et représenter à nouveau le Christ assis sur un trône à peine visible tenant de la main une courte croix et bénissant de la main droite. Sa tête est également entourée d'un nimbe crucifère et son visage est très proche de la première crucifixion, son vêtement est presque identique à celui de Saint-Pierre.Si l'on regarde bien on verra aussi que les boucles de ceinture des deux personnages formes un dessin de très voisin de celui du symbole de l'infini avec plus de complexité pour le Christ.

La datation de ces pierres est couramment rattachée au Xe siècle ou au début du XIe siècle certains auteurs néanmoins sans toutefois être véritablement convaincants ont voulu rattacher ses sculptures à une tradition venue d'Espagne et les dater du XIIe siècle. Quelles que soient les discussions sur l'origine et la fonction de ses sculptures, elles méritent néanmoins un intérêt particulier à la fois par la saveur de leur traitement et leur rareté  dans cette partie de l'Angleterre.


1 commentaire:

  1. Extrêmement intéressant !... On donne au pagne du X le nom de périzonium;

    Une clôture de choeur se dit " chancel "

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