jeudi 30 mai 2019

Les sculptures saxonnes de Langford.


Je reviens ici sur le mot "saxon" que je reprends à plusieurs reprises pour qualifier ce qui, en France, est habituellement attribué au premier art roman, celui du XIe siècle, et qui en Angleterre est généralement utilisé pour qualifier ce qui est antérieur à la conquête normande de 1066. Mais comme on peut le voir ici à Langford l'art dit saxon continuera à "survivre" aux conquérants au moins jusqu'au troisième quart du XIe siècle en dépit d'un mouvement de grande ampleur de reconstruction des églises pas les Normands et ce de manière très systématique , du nord au sud du pays .

Langford conserve deux ensemble sculptés de grande ampleur apparenté aux représentations de crucifixion qui ont connu une grande faveur dans ce pays et la région de l'ouest de l'Angleterre compte pas moins de cinq édifices conservant des crucifixions, le plus proche par son style étant situé dans le Hampshire à Romsey. 

Ce qui est exceptionnel à Langford c'est que deux sculptures de ce groupe ont été conservée, toutes deux ayant peu de liens stylistiques entre elles ce qui laisse supposer qu'elles ont été réalisées par deux mains différentes et peut-être deux époques.

La première crucifixion est la plus impressionnante. De grande dimension, elle est presque à échelle humaine, elle a été déplacée de sa situation d'origine pour être installée à l’extérieur du porche sud qui date du XIIIe.

Faute de sources fiables, sa situation originelle est inconnue, mais les dimensions de cette sculpture laissent supposer qu'elle devait avoir une situation privilégiée dans l'ancienne église. Il est impossible de déterminer si elle était isolée ou appartenait à un groupe plus vaste.

Le grand Christ en croix a été décapitée mais on peut encore admirer l'habileté du sculpteur en particulier dans la représentation des plis de la longue tunique dont il est vêtu et du cordon à sa taille. Certains chercheurs pensent que la tête devait être surmontée du main de Dieu également détruite.



Cette sculpture fait également immédiatement penser par son style au grand Christ en bois que l'on trouve en Espagne ou encore au Volto Santo de Lucques en Italie sans qu'il soit impossible de donner d'autre conclusion de cette comparaison .

La deuxième crucifixion à elle aussi été déplacée et installée au dessus du porche, en dépit des altérations du temps on distingue encore parfaitement le Christ au Milieu de la Vierge et de saint-Jean.

Le style est différent de la première et l'on remarque la volonté du sculpteur d'initier un mouvement à ses sujets ce qui apparaît au mouvement des jambes et des bras du Christ mais aussi à la position de la tête des deux autres personnages , position qui semble inversée puisqu'ils ne regardent pas en direction du sujet central.

La sculpture a été réalisée sur trois dalles différentes et il semble que les personnages de Marie et de Jean aient été inversé lors de leur réutilisation. Là encore je n'ai trouvé aucune indication sur leur position d'origine.

On s'accorde à considérer que la première sculpture date du début du XIe et la seconde de la seconde moitié du XIe siècle.

Enfin il ne faut pas quitter ce beau lieu sans remarquer une curieuse sculpture d'un cadran solaire peut-être également déplacé et réemployé à la base du clocher.


Les sculptures sont peu lisibles mais on distingue encore bien les deux personnages qui brandissent au-dessus de leur tête un cadran en demi-lune. Ils semblent seulement vêtus d'une courte tunique et leur fonction symbolique est une énigme.
On remarquera aussi le mouvement des bras et des jambes des deux personnages. fort étonnamment les cadrans solaires sont, en proportion du faible nombre d'églises subsistantes de cette époque, assez nombreux et ce dans toutes les régions de l'Angleterre.

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