C’est par le sud est que j’aborde la ville de
Bourg-Saint-Andéol, la plus importante du sud du département de l’Ardèche. Par
cette itinéraire la route descend en pente régulière jusqu’au Rhône que domine
comme un phare la flèche de l’église Saint-Andéol.
Comme je l’ai évoqué dans mon article précédent la ville
était occupée dès l’époque romaine et aurait et le lieu du martyr de
Saint-Andéol l’évangélisateur du Vivarais. La présence du temple dédié à Mithra,
un des plus grands de Gaule, sur cette berge du Rhône atteste déjà d’une
importante agglomération romaine. Elle le restera jusqu’à l’époque
carolingienne et au-delà.
A cette époque il n’y
avait pas comme aujourd’hui de pont pour traverser le fleuve mais un port
double et au moins quatre sanctuaires dont ne subsiste que la chapelle
Saint-Polycarpe et une grande église dédiée à Saint-Etienne et Saint-Jean qui,
après le transfert des reliques de Saint-Andéol, elle sera placée sous le
vocable du saint martyr.
Cette église, voulue par l’évêque de Viviers, un certain
Bernouin pour accueillir les reliques du saint sera bâtie une église, achevée
dans le style carolingien dans la seconde moitié du IXe siècle.
Je reviendrai plus tard sur la légende de Saint-Andéol.
De cette église il ne reste presque plus rien sauf la pierre
tombale de l’évêque et le tombeau du saint. Parfois cependant on peut trouver
quelques pierres avec un motif d’entrelacs perdues dans la maçonnerie de l’église
romane actuelle. Un relevé précis serait nécessaire mais il est hélas rendu
difficile par un accès impossible d’une bonne partie du chevet.
A la fin du XIe sera entreprise la construction de l’église
actuelle qui sera achevée au XIIe et deviendra un des plus vastes édifices
romans de la vallée du Rhône. L’église subira, comme beaucoup d’autres dans la région
les destructions importantes des guerres de religion et fera l’objet de
plusieurs restaurations l’une de sauvegarde au XVIIIe et l’autre plus radicale
au XIXe, pour tenter de restituer un aspect plus « médiéval » à l’édifice.
De nouvelles restaurations seront entreprises après les bombardements de 1944.
L’église accrochée sur un promontoire qui domine la ville
qui s’étend jusqu’au fleuve, présente un plan basilical classique, avec une
particularité cependant, celle de ne pas posséder de façade occidentale, car
elle avait deux absides opposées, caractéristique des églises carolingiennes,
et les gardera jusqu’au XVIIIe, où l’on reconstruisit la façade actuelle.
Elle est dotée d’un vaste transept très saillant au-dessus
duquel a été bâti le clocher octogonal dans un style antiquisant qui rappelle bien
des édifices de la Provence proche. Il faut un regard attentif pour déceler la
décoration minutieuse de ce clocher qui rappelle celui de l’église de La Garde-Adhémar
de l’autre côté du Rhône.
L’église conserve encore un important décor de bandes lombardes.
Au nord on devine encore, noyé dans les constructions plus récentes, les
reliefs d’un ancien cloitre roman. La visite intérieure se poursuivra avec l’article
suivant.
Une mention pour la chapelle Saint-Polycarpe, située
quelques dizaines de mètres en contrebas de l’église principale. Très largement
remaniée au XVIIIe elle conserve une crypte préromane a plan tréflé, c’est dans
cette crypte que furent découvertes à l’IXe siècle les reliques de saint
Andéol. Cette crypte est hélas inaccessible.
La nef n’est pas romane et reprend simplement le plan de l’ancienne
après l’avoir allongé ; en revanche la façade parait plus authentique au
moins en partie basse, avec son joli portail décoré d’une frise végétale.
On remarque aussi le réemploi de pierres à entrelacs noyées
dans la maçonnerie et une pierre couverte de ces étranges signes gravés comme
ceux que j’avais déjà signalé à Larnas (je vous laisse le soin de vous reporter
à mon précédent article à ce sujet).
Malgré plusieurs tentatives je n’ai jamais pu visiter cette crypte,
qui au-delà de son immense intérêt historique et architectural, conserverait
aussi de nombreux signes gravés et des mentions épigraphiques similaires à
celles d’autres églises voisines. Bien que propriété de la commune, cette
chapelle aurait été mise à disposition d’une organisation ou association
viticole, confirmant le peu de souci de certains de nos édiles pour la richesse
de notre patrimoine. J’espère qu’un jour cette chapelle trouvera un meilleur
destin. Peut-être qu’une petite prière à saint Andéol aidera...