Le lustre ou couronne de lumière de l'abbaye de Combourg situé à l'aplomb de l'autel est sans doute le joyau le plus remarquable du lieu. Il est exceptionnel par ses dimensions et son état de conservation et il est sans doute le plus original des quelques exemplaires encore connus conservés à Aix-La-Chapelle et à Hidelsheim. Le Lustre de Saint-Remi de Reims semble avoir été largement remanié au XIXe siècle et le modeste lustre du trésor de Chèvres en Charente ne lui est guère comparable.
Ce lustre est aussi appelé "Jérusalem Céleste" car il se veut une représentation hautement symbolique de la Jérusalem messianique et paradisiaque.
L'Apocalypse de Jean l'évoque ainsi " Alors l'un des sept anges au sept coupes remplis des sept derniers fléaux s'en vint me dire - Viens que je te montre la Fiancée, l'Epouse de l'Agneau - Il me transporta donc en esprit sur une montagne de grande hauteur, et me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, de chez Dieu, avec en elle la gloire de Dieu. Elle est munie d'un rempart de grande hauteur pourvu de douze portes près desquelles il y a douze anges et des noms inscrits, ceux des douze tribus israélites: à l'orient, trois portes; au nord, trois portes; au midi, trois portes; à l'occident, trois portes. Le rempart de la ville repose sur douze assises portant chacune le nom de l'un des douze apôtres de l'Agneau". (Apocalypse; chapitre 21).
L'on peut ainsi imaginer la forte impression que devait faire ce lustre suspendu au choeur des l'église lors des offices les plus solennel.
Au point central de cette fixation est gravé un Christ bénissant entre l'Alpha et l'Oméga avec une inscription " Ego Sum Lux Mundi" ; Je suis la lumière du monde.
Ses dimensions sont impressionnantes avec ses 5 mètres de diamètre et sa circonférence de 16 mètres . Deux anneaux de fer forgé en constituent l'armature principale sur laquelle ont été assemblées des feuilles de cuivre argenté finement ciselées sur leur faces tant intérieures, qu’extérieures. Le décor d’incrustations de cuivre couvre également tout le coté des anneaux de fer visible comme si il ne s'agissait d'oublier aucun espace.
Entre chaque plaque ont été ajustées douze tabernacles qui représentent les douze portes de la Jérusalem céleste. Ces ouvrages de prés de 130 centimètres sont également le fruit d'un travail minutieux avec une recherche évidente du détail. Certaines sont couvertes d'une coupole presque orientale. D'autres au deux étages entourées de pinacles et de colonnes. Elles alternent des formes rondes et carrées. Chacune est gardées par des personnages; saints, religieux . Toutes les portes et les fenêtres de tours sont ainsi "habitées".
Je terminerais enfin ce long billet par le souvenir de la forte émotion ressentie dans ce lieu magnifique et si peu connu et décrit. Merveille de l'art qui combine avec perfection les styles qui paraissent les plus contraires, comme l'art roman et l'art baroque. Forteresse imposante et majestueuse mais presque ignorée des foules de touristes qui envahissent certains monastères sans regarder autour d'eux. L'abbaye de Combourg conserve aussi de fabuleux trésors de l'art médiéval et une longue et patiente visite n'en épuise nullement la richesse. J'aurais enfin une pensée pour le gardien du lieu qui m'a ouvert les portes de ce sanctuaire pour moi seul avec courtoise et une gentillesse si propre à nos amis allemands et dont beaucoup de lieux de visite pourraient s'inspirer en particulier en France...
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