La présence de marques et de signes sur les pierres à l’intérieur de la nef de Larnas bien visibles mais en partie recouvertes par un badigeon blanc de la nef est attestée par plusieurs auteurs ; en particulier les auteurs du volume sur le Vivarais roman aux éditions de Zodiaque et Claudiane Fabre-Martin, bien que très succinctement.
Les auteurs du site sur le « Patrimoine de l’Ardèche »
évoquent surtout les marques lapidaires, il semblerait également qu’ils aient
attiré l’attention de l’historien Yves Esquieu mais je n’ai pu retrouver son
ouvrage.
Autant dire que les sources sont lacunaires, et pourtant
plusieurs éléments méritent une attention particulière mais je serais prudent.
Bien sûr on remarque quelques marques de tâcherons, marques
bien connues surtout dans le Sud-Est de la France et le long de la vallée du
Rhône.
On remarque surtout trois noms, tous trois réunis à
différentes hauteurs au pilier Nord-Ouest de la croisée du transept. Deux sont
parfaitement identifiables ; STEFANUS et SIANA. Le troisième plus haut à côté
d’une des pierres carolingiennes en réemploi que j’ai évoqué dans le précédent
billet. On lit quatre lettres RGNA ou S car la dernière lettre est difficilement
lisible. Le G est renversé et forme une sorte de O. Robert Saint-Jean, le
traduit REGNERUS.
De ces trois noms STEFANUS est celui qui a la plus grande postérité,
on retrouve en effet ce même nom gravé à l’arc triomphal de la chapelle saint
Polycarpe de Bourg-Saint-Andéol qui est malheureusement presque impossible à
visiter. Il faut aussi évoquer un STEFANUS gravé parmi de nombreuses autres
marques à la cathédrale de Saint-Paul-Trois-6chateaux. Ce qui n’est peut-être
pas un hasard, car ces lieux sont très proches bien que de part et d’autre du Rhône
lequel était franchissable par un pont à cette époque.
Notons aussi que l’on retrouve le même G inversé à l’étage
de la cathédrale de Viviers, étage, hélas également quasi inaccessible aux
visites.
On peut imaginer que ce STEFANUS ait collaboré à ces trois
projets et je vous rappelle mon précédent article évoquant les parentés entre
la coupole de Larnas et celles de ces deux églises.
Il y a beaucoup d’écrits sur la signification des marques de
tâcherons, sujet que je n’aborderais pas dans cet article car cela mérite une
étude plus approfondie.
On peut assez facilement imaginer que ces trois noms sont
ceux de trois maçons et pourquoi pas des principaux bâtisseurs de l’église de
Larnas. A bien des égards on pourrait parler de signatures d’artistes, sujet
qui m’est particulièrement cher. Emilie Mineo qui a consacré un important
travail à ces signatures évoque les faibles nuances entre l’artiste et l’artisan
ou ARTIFEX.
Il semble donc plausible d’imaginer un groupe d’artisans ou d’artistes
mais en tout cas de bâtisseurs de talent ayant œuvré sur plusieurs chantiers
proches et contemporains.
Cependant, ce qui est particulièrement rare et peut-être
unique c’est l’association de trois noms d'artistes médiévaux dans une même église et presque au
même endroit.
Il y aussi une autre particularité : la présence de marques très
nombreuses sur presque toutes les pierres de taille, même celles situées en hauteur.
Le plus souvent ce sont des stries et aussi beaucoup de lignes et pointes de flèches
ou de zigzags. Parfois ce sont des lignes qui alternent avec des triangles ou
encore des points ; On remarque aussi de véritables dessins en forme de
soleil ou de losanges et aussi une croix formée de plusieurs points.
Ces marques n’ont jamais été étudiées à ma connaissance et
leur signification est hasardeuse. Il est vrai qu’il faut utiliser une lumière
rasante pour les révéler et un répertoire complet nécessiterait beaucoup de
temps. Il est peu vraisemblable qu’elles soient postérieures à la construction
de l’église, notamment parce les signature et marques de tâcherons ne
chevauchent pas ces marques. J’exclus a priori la présence de graffitis que l’on
retrouve dans d’autres églises. La présence aussi de ces marques à grande
hauteur conforte l’idée d’un travail postérieur à la mise en place de ces
pierres.
Enfin je signale la présence de signes similaires sur des
pierres de la nef de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Il faut que je revienne dans
cette belle église pour compléter ces observations.
Avec ce quatrième article je quitte Larnas avec plus de questions que de réponses mais aussi la certitude que je reviendrai.
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